Molière éternel et intemporel ou trop classique et scolaire ? Les lycéens connaissent-ils vraiment l'oeuvre de celui qui reste encore aujourd'hui une des références du théâtre français ? Molière fait partie du programme scolaire, beaucoup moins des passions estudiantines. Qui d'entre nous n'a pas de souvenirs de classe, où, assoupi sur son folio à décrypter des annotations et commentaires indigestes, les allergies à ce qu'il est convenu de nommer le théâtre classique se propageaient en réactions urticantes et rejets instinctifs ? Qui d'entre nous n'a pas traîner les pieds pour aller assister, en sortie organisée, à une représentation fastidieuse, déclamatoire ou nonsensique, de ce qui aurait dû rester un beau moment de théâtre et de comédie ? Avant de proposer une relecture de " Scapin ", nous allons déjà le lire et interpréter ce que l'auteur a imaginé. Notre version sera alerte, comique et respectueuse.

Pour autant, afin de favoriser la mobilité du projet et la proximité avec le public, afin de respecter un cahier des charges financièrement accessible au milieu scolaire (entre autre), ces " Fourberies " seront jouées par 3 comédiens. Le texte de Molière n'est pas trahi ni réécrit, il est juste coupé - d'aucuns diront amputé - pour faciliter les changements, les enchaînements et l'écoute. Dans l'univers culturel adolescent, Molière peut-il encore trouver sa véritable place?!? Utiliser les codes de la génération actuelle par la poésie, le rythme, le visuel, et le rire pour mieux faire entendre l'acuité et l'actualité d'un Molière séduisant et moderne. Voilà notre défi.

En préalable, chacun des trois comédiens interprétera plusieurs personnages. Ce parti pris permet au public de cerner parfaitement les caractères des personnages principaux. Tout changement scénique se fera à vu pour que le public puisse voir le travail des artistes " in situ ". L'inventivité de la mise en scène se traduit par l'utilisation de supports différents (mannequins, éléments de costumes, etc.) afin de dégager l'enjeu des situations principales.

Sans doute " Les Fourberies de Scapin " ont l'apparence d'une farce traditionnelle : comique de gestes (coups de bâtons, gags visuels), de situation (la traditionnelle opposition des pères et des fils), de personnages (caricatures qui deviennent des 'types'), de langage (répétitions, jargons et accumulations) mais c'est une farce écrite, dont la langue témoigne du génie littéraire de Molière. L'improvisation existe seulement dans le jeu des interprètes. La pièce alterne des scènes trépidantes et des instants où apparaissent de véritables tableaux. Les anachronismes, tels de légers clins d'oeil à l'attention des spectateurs, s'amusent des personnages.

"L'envie de jouer une pièce 'classique' comme ces "Fourberies de Scapin" marque aussi notre volonté de revenir à la tradition du théâtre de tréteaux."