Ce sont des textes, des monologues, des histoires, des confrontations, des petites scènes dialoguées à deux, des fragments à dire, à jouer. Un peu comme les fils tendus d’une partition musicale. Il n’y a pas de suite logique dans les textes, pas de noms de personnages, pas d’indications sur ces mêmes personnages, pas de décor, de mouvements de scène indiqués. C’est là, dans une forme brute où tout est à inventer, pour que chacun puisse mettre son univers dessus.

Ces chroniques se répondent et constituent une matière vive pour de nouvelles conjugaisons théâtrales. On y trouve le style si particulier de ce jeune auteur, paroles tendues, invectives, cris du corps, poésie de l’instant, fêlures intimes. Chacun a son sac de couleur différente où l’on cache ses accessoires, costumes et instruments de musique (petit clavier, maracas, harmonica, tambour, etc.). Tous sont en scène et n’en sortent pas.

En orchestrant ces partitions théâtrales, j’ai cherché à rendre ce qui est indicible, souterrain, même si ce n’est que le frémissement de l’inconscient qui se dégage de chaque texte. Avec les acteurs et actrices se pose une question, à laquelle nous ne répondons pas, mais qui demande une participation active du spectateur. Notre travail est de chercher non pour répondre aux questions, mais pour faire affleurer le sens caché de ces textes, entre visible et invisible, si possible au plus près de ce qu’a voulu l’auteur, avec cet enthousiasme d’enfant pour l’absolu nécessité de ce qui arrive sur le plateau. Je cherche à y faire naître de l’existence, et que l’écriture dramatique qui est le socle, se charge de sensations, et que le son devienne sens.