Ceux qui ont déjà passé une nuit en mer, à la barre, savent que, pendant que la main tient le cap machinalement, l'esprit vagabonde. Car seul, sous les étoiles, au milieu de nulle part, n'est-ce pas le lieu rêvé de l'imaginaire.

D'une part le barreur enregistre toutes les sensations nouvelles créées par l'avancée du bateau dans le noir, l'importance que, tout à coup, prennent des sens oubliés comme l'odarat, l'ouie, et le toucher, d'autre part, comme des bouffées de brise ressurgissent des histoires anciennes, des personnages, des souvenirs, qui vous accompagne dans votre veille : les découvreurs du cap Horn, l'épopée des migrations polynésiennes, les souvenirs de petite fille quand, la première fois on voit neiger sur la mer, l'émotion de la dernière nuit à l'arrivée d'une course autour du monde...

Dans une ambiance de veillée, rythmé par la musique de Pascal Ducourtioux, Isabelle Autissier fait partager l'intimité du marin dans une nuit de mer.

Photo : Alexis Ducourtioux