Érigée au niveau d'un grand art, chacune de leurs créations est une pièce d'orfèvre. à cet égard, Pan-Pot est si emblématique qu'il nous fallait offrir à tous la chance de voir et de revoir cette fantaisie rebondissante. Jaillissements, envolées et irruptions, le tableau - en noir et blanc - est hypnotique. Les balles dansent et volent en tout sens sur une partition impeccablement précise, il ne s'agit plus de les faire valser en l'air mais de créer l'illusion d'une improbable constellation. Leur multiplication et leur vitesse tracent un geste graphique éphémère derrière lequel s'effacent les jongleurs. Ils donnent le mouvement, la ligne ; et les notes naissent d'une portée imaginaire tandis que la pianiste égrène celles de Mozart, Beethoven ou Liszt...

Tendues comme des cordes de piano, les trajectoires des balles mènent une rythmique haletante, qui parfois s'envole en arabesques. Les trois garçons semblent immobiles, stoïques alors que leurs petites balles blanches dessinent dans l'espace des bouquets d'étoiles filantes. Ces jongleurs inventent une composition originale et s'ils donnent le tempo, ils laissent aussi leurs balles s'égayer en liberté jusqu'à la foisonnante pluie finale. On ne sait plus où poser le regard, on admire, on se fait surprendre par un éclat de rire, par un joyeux ballet de comètes blanches, on s'étourdit, on a rêvé.