Plutôt que de refaire le voyage, la mise en scène de "la prose du Transsibérien" souhaite inviter le public à le reprendre en compagnie de Blaise Cendrars. Le texte est placé au cœur du dispositif scénique mais l'interprétation se donne pour objectif de lui donner ses dimensions complémentaires, celles de la voix et du corps en mouvement, afin de prolonger la démarche originelle, celle du "simultané" texte-peinture.

Le voyage porte bien évidemment son propre objectif, sa destination, mais il est aussi l'occasion de toutes les remises en question, il est une invitation à une interrogation sur tous les thèmes de l'existence : l'émancipation, la passion, le dépassement de soi, la folie guerrière…

Le décor est nu, limité à une chaise bistrot. Il n'y a pas d'univers à recréer et à imposer, ce que nous dit Cendrars dans l'ensemble de son œuvre, c'est que chacun porte en soi son voyage, ses passions, ses espérances et ses faiblesses. Le texte est là pour accoucher le public de sa propre émotion, avec la part d'improvisation que permet le spectacle vivant.

L'interprétation est adressée de façon privilégiée à la partie du public que la peur de mourir empêche de vivre pleinement. Avec l'intention de les convaincre qu'user de toutes ses libertés est le seul moyen de goûter vraiment la " violente beauté " de l'existence.