Galère, galère ...
Oui c'est la galère : Octave et Léandre sont tous les deux amoureux, le premier de la pauvre et solitaire Hyacinthe, le second de la joyeuse Zerbinette éduquée à l'orientale. C'est la galère, parce qu'ils savent très bien que leurs pères, Argante et Géronte, deux affreux radins et autoritaires, ne le permettront jamais. Et, galère de plus, il leur faut de l'argent, beaucoup d'argent, pour sauver leur amour : 200 pistoles, 300 écus, des fortunes ... Que faire ? La seule solution : solliciter l'aide de Scapin, le valet de Léandre, même si celui-ci utilise souvent des méthodes un peu limite ...

Tant pis, vogue la galère, Scapin aura toute la liberté d'agir à sa guise pour sauver leur jeunesse et leur amour ... Ainsi donc, dirigeant Silvestre, le valet d'Octave, redoublant de ruse et d'audace, prenant tous les risques, bravant toutes les barrières sociales et morales, Scapin va réussir dans son entreprise. Le destin l'aidant quand même un peu sur la fin, il va arriver jusqu'à se faire pardonner les fourberies et les coups de bâton qu'il a fait subir ... Très fort, ce Scapin ! Que diable ! Suivons-le, tous ensemble, dans cette galère !!!



Le Sud.
Et le Sud du Sud ... Avec " les Fourberies de Scapin ", Molière nous emmène à Naples. Mais aussi chez les Turcs et du côté des Égyptiens. La Méditerranée, l'Orient ... Le sud et sa chaleur. La chaleur qui exacerbe les sens. On pense à Coppola et à son " Parrain " ... Les couleurs sont vives, tumultueuses ... La violence n'est jamais loin. Vengeances, fourberies ... Dans " Les Fourberies de Scapin " donc, il y a violence : violence du père envers le fils, du maître envers le valet et, par le biais de la vengeance, du valet envers le père. Je veux essayer de rentrer dans cette démesure, dans ces excès souvent incontrôlés. Cascades, combats, acrobaties.

Je veux raconter cette violence mais aussi, bien entendu, en rire. Parce que Molière a écrit avant tout une comédie, une farce. Dans " les Fourberies de Scapin " comme dans la plupart de ses pièces, Molière choisit le comique pour dénoncer l'humain. Et ainsi, je souhaite m'amuser des rapports de force, de la fourberie, de l'avarice, de l'abus de pouvoir ... Je veux essayer de traiter l'oeuvre avec la démesure de la farce. Et puis le sud du Sud, c'est aussi la fête. La fête des sens. Danse, musique, alcool, nourriture ... Les plaisirs et la volupté sensuels se manifestent aussi par ces célébrations joyeuses où le corps est à la fête. Tout est prétexte aux chansons, aux danses enivrantes, aux banquets conviviaux. On célèbre la vie, l'amour, on sourit à la chaleur du soleil. Et je veux me laisser enivrer aussi bien par les douces mélodies Napolitaines que par les rythmes orientaux, par les plats de spaghetti que par les cornes de gazelle, par le chianti que par le raki ...

" Les Fourberies de Scapin " est un hymne à la vie. La pièce célèbre l'amour, la jeunesse, la liberté. Elle ne condamne pas pour autant la vieillesse ; elle pointe une certaine vieillesse, rétrécie, étriquée, maniaque, intolérante, tyrannique ... Même si Scapin est un valet, c'est un homme libre. Même s'il dépasse un peu les limites permises, il ose. Par ses agissements, il sous-entend que tout homme peut trouver la solution à ses problèmes s'il fait preuve d'invention et qu'il prend un minimum de risques. Scapin célèbre avant tout l'être humain. Célébration, fête, liberté, farce et cascades, humour et sensualité, voilà vers où je me propose de suivre Molière dans cette magnifique et éternelle comédie qu'est " les Fourberies de Scapin ".