" Un chef halluciné dirige ses musiciens en évoquant souvenirs, odeurs et saveurs du pays. Les voici sirotant le thé dans les ruelles de la casbah, tâtant les tissus de cheik Ramdan ou à la pêcherie à gober des rougets. De l'ombre protectrice des ruelles qui serpentent à l'orange couchant sur le marché de la pêcherie, des pépites de makrout gorgé de miel à des touches d'harissa jetées ici et là, la répétition se transforme en une visite d'Alger qui n'échappe ni à la descente de police ni à la menace du terrorisme.

El Maestro est un solo de mots, généreux, excessif et trivial, aussi vivant que la langue des ruelles d'Alger. Un argot, entre arabe brinquebalé et français popu, qu'Aziz Chouaki a emporté dans ses valises en quittant précipitamment l'Algérie pour Paris, en 1991. Musique hybride, comme le jazz que l'écrivain pratiquait au pays, la langue de Chouaki porte la douleur de l'Algérie d'aujourd'hui. Derrière l'humour pointe la critique politique. Mouss Zouheyri brûle les planches en maestro survolté.. ! "

Pour l'auteur, El Maestro, "c'est le conquistador de l'inutile, seul dans sa bulle, s'imaginant être aux prises avec un orchestre symphonique qui n'existe pas, il est toujours debout sur sa barque. Enfermé dans sa tête, dans cette Algérie en mille morceaux. Dépositaire de tous les rêves brisés. C'est un gros éclat de rire sur le drame."