Lorsque Mirbeau entreprend la rédaction du "Journal d'une femme de chambre" son intention première est de dénoncer la condition ancillaire et la sujétion économique et sexuelle dont sont victimes ces jeunes bretonnes, dont Célestine, qui débarquent à la gare Montparnasse en quête d'une place. Célestine cependant est une femme forte, en apparence du moins, qui saura exploiter les aléas de sa situation avec le cynisme que Mirbeau prête à beaucoup de ses héros.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, si Célestine choisit de partir avec Joseph, c'est qu'il lui faut faire une fin, et, aussi repoussant que soit ce dernier, voleur, assassin, violeur, proxénète, antisémite..., il ne possède pas la veulerie de ses patrons.
Dans l'esprit de Mirbeau," aussi infâmes que soient les canailles, elles ne le sont jamais autant que les honnêtes gens". Non pas que Joseph trouve grâce aux yeux de l'auteur. En aucun cas; entre temps, l'affaire Dreyfus a modifié l'orientation du roman, et Joseph deviendra la figure de l'antisémite haineux et nationaliste.
Une violence de plus, politique celle-là, faite à la sensibilité des femmes qui, n'ayant pas de poings pour assommer l'adversaire, n'ont pas à exprimer leur opinion.