Le soir des funérailles de son père, Noun coupe le son des psalmodies du Coran qui accompagnent obligatoirement cette cérémonie. Ce geste iconoclaste provoque un grand scandale dans sa famille. Noun s'enferme à double tour avec son père pour lui dire ce qu'elle a sur le coeur, lui rappeler les leçons de libertés qu'il lui a données.

Au fil des évocations, Noun quitte le paradis perdu de son adolescence pour se heurter sans relâche, jusqu'à s'en déchirer, contre les murs d'un monde qui interdit à la femme l'exercice de la parole, du rêve et de la révolte.

Enfant de toutes les guerres du Liban, Darina al Joundi a passé son enfance et sa jeunesse à Beyrouth, ville de tous les excès, qui abuse de la mort comme de l'amour. Ville trompeuse qui sous une apparente liberté, voire une débauche désespérée, cache une société conservatrice qui n'hésite pas à punir sans appel quiconque enfreint les limites imposées par la religion.

Darina Al Joundi a traversé, à son corps défendant, les nuits de Beyrouth, elle a vécu de près l'exclusion imposée par une société qui ne peut admettre qu'une femme veuille être elle-même. Elle est sortie de cette expérience des limites, brûlée à vif, mais toujours vive et libre. Et c'est ce qu'elle nous dit dans ce texte de feu et de folie que Mohammed Kacimi l'a aidé à écrire.