Pour sa première mise en scène, le comédien David Van de Woestyne a choisi un texte saisissant de Davide Carnevali : la description sur un mode onirique d'une relation délicate entre un père, atteint de troubles de la mémoire et son fils, qui tente de le soigner. À leurs côtés, une femme médecin, homonyme de Kraepelin, psychiatre du XIXe siècle qui identifia la démence dégénérative. L'auteur se saisit de ce problème médical de grande actualité, pour le détourner à des fins à la fois littéraires, poétiques et historiques. La perte de la mémoire du père c'est la perte de repères spatio-temporels. Ainsi, la guerre se déploie en toile de fond. Sur scène, les identités se délitent – identité d'un malade dont les souvenirs s'enfuient mais aussi identité d'une Europe à la mémoire chancelante. On retrouve l'univers trouble et envoûtant de la Compagnie Ka, et l'on découvre Davide Carnevali, traducteur et auteur dramatique d'origine italienne, penseur critique de notre Europe actuelle et figure montante du théâtre européen.

Formé à l'Ecole internationale de théâtre Jacques Lecoq à Paris, David Van de Woestyne est metteur en scène, comédien, marionnettiste et musicien. Il met en scène ce spectacle avec la collaboration artistique de Catherine Hugot, directrice artistique de la compagnie Ka. Cette compagnie, qui confronte toujours la marionnette contemporaine et le jeu d'acteurs au texte contemporain, est bien connue du Mouffetard puisque elle a été programmée dans le cadre du festival des Scènes ouvertes à l'insolite il y a quelques années. La vie rurale, spectacle délirant sur le monde impitoyable du travail, avait été très remarqué du public.