Pauline Bayle, un des coups de coeur de la saison dernière pour ses mises en scène d'Iliade et Odyssée, revient en tant que comédienne dans une pièce intense et bouleversante sur les frappes de drones.
L'histoire d'une Antigone moderne qui se bat pour ce qu'elle croit juste, jusqu'à se croire intouchable, plus forte que le système social, l'ordre militaire et la technologie.

Une jeune femme pilote, qui s'est construite à force de courage et de volonté pour exister au sein de l'US Air Force, lâche les commandes le temps de mettre au monde son enfant. Les mois passent et l'appel du ciel se fait de plus en plus pressant.
Quand elle reprend du service, c'est un nouvel appareil qu'on lui confie. Plus de vaste ciel, fini l'ivresse de la vitesse, désormais c'est un drone qu'elle pilote pour faire la guerre au Moyen-Orient.
Depuis une caravane climatisée près de Las Vegas, elle est l'oeil tout puissant, surveillant le désert, prête à viser des cibles désignées.
Le soir, elle rentre auprès de sa fille.
Malgré le mythe du " risque zéro ", la guerre reste la guerre. La situation s'avère dévastatrice pour la pilote. Son espace mental bascule, la frontière entre ses deux vies devient poreuse. Enfermée dans une prison pour désobéissance, elle redécouvre son humanité.

Cette pièce à l'écriture rythmée, faite d'accélérations et de ralentissements, telles les pulsations du coeur de la pilote, est une véritable performance, un corps à corps entre Pauline Bayle et le texte. La scénographie, volontairement épurée, permet au spectateur de se concentrer sur le voyage intérieur de la jeune femme, d'en être le confident.
Une expérience théâtrale extraordinaire.