Créé en 1982, Grand Magasin est depuis lors resté fidèle à son programme ambitieux : faire du théâtre à partir de rien, ou de pas grand chose, et surtout pas d'un savoir-faire technique de comédien ou de danseur.
En général, il n'y a pas beaucoup d'histoires ni de dialogues dans un spectacle de cette compagnie loufoque, digne héritière du burlesque, mais beaucoup de manipulation d'objets, de corps, de mots. C'est comme si, à chaque fois, Grand Magasin installait un monde à soi, brinquebalant, léger, drôle et hétéroclite.

Dans leur nouveau spectacle, Les Déplacements du problème, Pascale Murtin, Bettina Atala et François Hiffler se penchent sur certains obstacles à la communication : camion qui passe, friture du téléphone, conversation ambiante, épaisse moquette absorbante.. Autant d'embûches sonores qui viennent se glisser entre la bouche de celui qui parle (le locuteur) et l'oreille de celui qui entend (l'auditeur) rendant l'échange sinon impossible, du moins problématique.

Grâce à l'Ircam (Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique) qui leur a commandé ce spectacle, Grand magasin a pu disposer de techniques sonores dernier cri qui leur ont permis de multiplier les expériences de parasitage de la parole et de la communication. Le tapis absorbant, l'aspirateur, la tribune polyglotte, le micro contradicteur, l'écho négatif, le marteau-piqueur intempestif sont quelques-uns de ces perturbateurs de paroles qui mettent en danger l'intelligence commune et qui obligent les démonstrateurs de ces produits récalcitrants à s'y reprendre toujours à deux fois pour se faire comprendre.