Lorenzo da Ponte (1749-1838) est à Vienne de 1783 à 1791. Au titre de poète et librettiste pour l'" Opéra italien " et le " Burgtheater " de la Cour impériale, il est amené à collaborer avec Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) à partir de 1786. Ce qui nous vaut la fameuse trilogie : Le Nozze di Figaro (1786), Don Giovanni (1787) et Cosi fan tutte (1790).

Le film de Carlos Saura scrute la relation de jeu et d'amitié qui s'est établie entre Giacomo Casanova (1725-1798), Da Ponte et Mozart pour comprendre de quelle manière l'opéra Don Giovanni a été construit. L'occasion nous est donnée de nous pencher un peu plus sur le dramma gioccoso, Don Giovanni, que Mozart plaçait au premier rang de ses opéras avec Idomeneo (1781). Il affirme ne pas avoir composé cette oeuvre pour les Viennois, mais plutôt pour les Pragois et surtout pour lui-même et ses amis, tout comme Carlos Saura revendique le droit de faire égoïstement des films pour son grand plaisir.

Don Giovanni, créé à Prague le 29 octobre 1787, nous offre un jeu de miroirs particulièrement élaboré autour d'un personnage des Lumières qui fait de la quête du bonheur terrestre immédiat un principe d'existence. Ce Don Giovanni est-il cet imbécile qui ne sait faire que l'amour avec les femmes et pourra-t-il être sauvé par l'amour pur d'une femme qui le libère de l'infidélité, comme le laisse entendre le film de Carlos Saura ? Est-il simplement l'homme qui aimerait embrasser son subconscient donjuanesque ? L'étude proposée de cet opéra n'aura d'autre but que de chercher à faire de chacun d'entre nous un exécutant silencieux de cette suite d'évènements mettant en scène des personnages dont l'existence reste essentiellement musicale.

La projection du film sera suivie, à 15h, d'une conférence par l'historien de la musique Gérard Sutton.