La pièce se déroule en 2078 dans un centre de reconditionnement pour personnes " inadaptées ", à mi-chemin entre la prison et l'hôpital psychiatrique. Un nouveau détenu, immatriculé A6, est amené, dans un triste état, dans sa cellule.
En cherchant à comprendre où il se trouve et les raisons de sa détention, il se heurte aux patients, à ses geôliers, et au psychiatre de l'établissement.
De son côté, l'encadrement de l'établissement le questionne par tous les moyens et finit par bâtir de toutes pièces un monde fantasmagorique dans lequel A croit "s'évader" au cours d'un interrogatoire un peu plus poussé.
Dans ce monde, il croise, entre autres, un chat qui parle, un chapelier fou, et les personnages d'un jeu de cartes dirigé par un couple royal despotique.

En relisant Alice au pays des merveilles et Au-delà du miroir, une fois sorti de l'enfance, on y trouve un monde bien différent de celui de nos souvenirs. Plus sombre, plus grinçant, plus riche aussi.
En remplaçant " Alice " par " A6 " (presque homophone, et une des positions initiales d'un pion sur un jeu d'échec), nous nous sommes attachés à conserver le maximum du monde, et parfois du texte de L. Carroll.
L'absurde règne en maître dans cette prison-asile, où l'Etat d'un futur (trop) proche règle ses problèmes avec les marginaux de l'époque.
Violence et amusement vont main dans la main à l'image des pas de deux esquissés par Dum et Dee.
Mais si notre A6 fuit la réalité, ce n'est pas par peur de quitter l'enfance, mais pour oublier qu'il vit dans un monde où la démocratie a rejoint la dictature en contrôlant ses citoyens et en restreignant leurs libertés.
" Tous les citoyens naissent libres et égaux en droits "... Vraiment ? Qui est fou ? Qui est inadapté ? Folie, pensées suicidaires, art : où est la différence, la frontière ? Qu'est-ce que la liberté aujourd'hui ? Que sera-t-elle dans 60 ans ? Aura-t-on encore le droit d'abandonner ?

Ecriture, jeu et mise en scène collective