Danser la rage contre l'autorité asphyxiante des préjugés moraux et religieux, combattre à coups de talons savamment rythmés les coutumes, les conventions qui emmurent :

trois danseuses flamenca opposent à la voix de la tyrannie la sensualité d'une gestuelle nourrie par des siècles de vraie tradition. Leur ballet s'inspire très librement de " La casa de Bernarda Alba ", la dernière pièce de théâtre aboutie de Federico Garcia Lorca. Il l'a écrite en 1936, dans la prison où l'avaient jeté les franquistes, deux mois avant son exécution. Une veuve obstinée impose à ses filles un deuil de huit ans. Privées de liberté et d'amour, pourront-elles subir indéfiniment cette réclusion arbitraire ? Premier foyer de rébellion, la plus jeune des soeurs sera celle par qui la tragédie s'abat sur la maison.

Sur fond d'Andalousie exaspérée par l'injustice et les préjugés, cette chorégraphie rend de manière saisissante la houle des passions, des angoisses, des frustrations qui par-delà le drame des jeunes filles s'impose au spectateur comme le lot de la condition humaine. La musique mêle les accents recueillis du chant flamenco aux rythmes imprévus de la musique contemporaine.

Une pulsation, un souffle nous emportent : L'énergie d'une révolte salvatrice.