"L'âme de mes personnages (leur caractère) est un conglomérat de civilisations passées et actuelles, de bouts de livre et de journaux, des morceaux d'hommes, des lambeaux de de vêtements de dimanche devenus des haillons, tout comme l'âme elle-même est un assemblage de pièces de toutes sortes.." August Strindberg

L'idée chère à Strindberg d'un théâtre de chambre où la tenture noire jouerait son rôle comme un rideau de la nuit où chaque objet, chaque élément de décor viendrait s'inscrire avec toute la force sidérante que le rêve donne au symbole, est bien pour Strindberg l'idée visionnaire d'un théâtre qui cherche, qui innove, qui invente, ses propres lois. Par la simple exposition des objets du réel, dans leurs combinaisons, dans leur ordre, dans les rapports de la voix humaine avec la lumière qui crée cette "réalité fausse" qui se suffit à elle-même et n'a pas besoin de l'autre réalité pour vivre, Artaud proclamera que c'est cette "réalité fausse" qui est le théâtre et qu'il faut cultiver. Bruno Sermonne