Maliphant, un des meneurs de cette vague chorégraphique anglaise, choisit Paris pour la première d'un ballet inspiré par les sculptures d'Auguste Rodin.
Beaucoup ont découvert l'art de Russell Maliphant dans un solo, AfterLight, hommage à Nijinsky et présenté dans le programme Dans l'esprit de Diaghilev à Chaillot. Mais c'est toute l'oeuvre de Russell Maliphant, un Canadien installé à Londres, qui captive.

Passé par le Royal Ballet, par les compagnies de Llyod Newson, DV8 et Michael Clark, ce danseur adepte du taïchi et du yoga, se révèle chorégraphe en 1996. Avec sa compagnie, il a signé Push ou Small Boats, également vus à Chaillot.

Cette création mondiale pour cinq interprètes dont Russell Maliphant réserve la primeur, s'inspire d'Auguste Rodin, ses aquarelles et ses sculptures. "Je veux les utiliser comme point de départ, divisant la pièce en deux sections : les dessins et les sculptures. Mais sans faire du Rodin en scène littéralement. C'est bien l'énergie de ses formes, les torsions qui m'inspirent. Je pense qu'il y a un sens du mouvement dans la force du sculpteur, que l'on peut capturer. Et au lieu de rendre en deux dimensions, la danse le peut en trois ".

L'hiver dernier, jouant Eonnagata avec Sylvie Guillem et Robert Lepage à Paris, Russell Maliphant a profité de son temps libre pour visiter le musée Rodin. Depuis vingt-cinq ans, la figure de cet artiste immense et son oeuvre l'accompagnent.
Il se plaît aussi à penser que, d'une certaine façon, il y a un lien entre Rodin et Nijinsky. "Lorsque que vous regardez ce dernier sur les photos d'époque, il y a quelque chose d'éminemment sculptural dans sa gestuelle."
Il retrouvera le magicien des lumières, Michael Hulls, qui magnifie de pièce en pièce le mouvement selon Maliphant.

Philippe Noisette

Crédit photo : Panayiotis Sinnos