Avec leur look improbable de Deschiens, cheveux gras luisants, survêtements acryliques trop étroits (mais en queue de pie, tout de même !), ces athlètes du rythme sont prêts à tout pour le succès. Sentant confusément leur ridicule, ces deux gars évoluent constamment dans l’autodérision et vivent naïvement leurs démêlés caractériels. Croisant diverses expressions artistiques (musique, théâtre, clown, danse, mime), "Grosse Pression" repose sur le comique de situation et joue sur l’effet burlesque bien connu de la dualité : un grand et un petit, un tendre et un nerveux.

Au-delà de leur univers atypique, Les Frères Duchoc sont surtout des percussionnistes créatifs. Ils enchaînent leurs numéros musicaux avec expressivité et précision. Mêlant leurs voix (créatrices d’onomatopées, de bruitages, mots ou lignes de chant), aux rythmes de leurs instruments, ces véritables homme-orchestres envahissent avec gourmandise la scène et l’espace sonore. Ils nous font ainsi découvrir des compositions teintées d’accents classiques, de beat africain, de techno et d'afro-cubain et balancent entre simples triangles amoureux et jongle de chaises frappées, en passant par les congas à 4 mains et leurs fameux Duchophones. Ces planchers rythmiques uniques (conçus par les auteurs eux-mêmes !) sont munis de capteurs électroniques. Sous les pas de leurs chorégraphies "gracieuses", Les Frères Duchoc déclenchent de multiples sons préenregistrés venus d’ailleurs.

Ce concept original exige une grande synchronisation, tant du point de vue musical que scénographique. Cette rigueur orchestrale n’empêche pas leur bonhomie naturelle de s’exprimer. Par leur attitude grotesque, ces personnages dédramatisent, nous faisant oublier la grande concentration et l’effort physique que les comédiens s’imposent. Le duo joue sur les complexes de l’Humain et intensifie cette volonté en nous sollicitant tout au long du spectacle : tels des éponges, les personnages s’imprègnent de nos paradoxes et nous les renvoient à la sauce Duchoc ! Mis bout à bout, ces 10 numéros, tous aussi délirants et imprévisibles les uns que les autres, composent un spectacle à part, évoquant les univers de Stomp et de Laurel et Hardy réunis.