Ses critiques
6 pages de résultats triés par | | -Sublime Coco...Magistrale Caro... 9/10 Cette pièce finement écrite, nous présente un pan assez méconnu de la vie passionnante de Coco Chanel. Son exil en Suisse, à la Libération grâce aux bons offices de Churchill, sa relation avec un autre banni, Morand. Après guerre, la période est troublée. Comme beaucoup, et parfois sans grand discernement, elle est honnie et vouée aux gémonies, du fait d'avoir été amoureuse d'un officier allemand, comme si l'amour devait se préoccuper de contingences politiques ou idéologiques. Ce fut également le cas pour Guitry, Giono et la grande Arletty, artistes dans l'âme à des années-lumière de toute compromission dégradante. le sujet vaut certes le déplacement, mais plus encore, quelque personnage aussi illustre soit-il, ne peut exister à la scène ou à l'écran sans être incarné par un (e) grand (e) comédien (ne). Caroline Silhol donne toute son authenticité à cette histoire de chair et de passion, où les protagonistes sont fins, intelligents, cultiviés, et évoluent dans un écrin de mots et d'attitudes qui leur rerssemblent. Par son charme magnétique, son subtil charisme, son élégance suprême, son jeu brillant, mais sans artifices, et tout en nuances d'expression, elle donne toute son épaisseur humaine à Coco Chanel. Avec sa grande maîtrise de la scène, sa diction parfaite, sa voix si prenante, sa manière de poser son corps dans l'espace scénique, elle parvient à faire de cette matière littéraire, une sorte de chair théâtrale, d'une beauté magique. Artiste assez "confidentielle", C Silhol est une de nos actrices les plus talentueuses ( il y a en elle un subtil mélange, d'E. Feuillère, de M. Presle...de M. Dietrich), et c'est un pur bonheur de l'admirer sur scène. Le beau métier d'acteur est d'incarner le corps, l'esprit et l'âme, du personnage qu'il joue. C. Silhol réussit cette prouesse avec Chanel. Tout un chacun connait Christophe Barbier, l'homme de médias, mais il faut aussi aller le voir sur scène, et on aura la révélation d'un homme de théâtre. Franchement, j'ai été enthousiasmé par ce rôle qu'il endosse élégamment, d'autant qu'il "colle" parfaitement à sa grande culture. # écrit le 01/05/23
| -Plongée dans l'abime du temps 8/10 Un beau texte ciselé comme un bijou théâtral qui raconte l'histoire tragique et poignante de 3 génération, remarquablement rendu par d'excellents comédiens. Nous ne sommes pas dans le boulevard et l'attention du spectateur s'en trouve récompensée par une élévation spirituelle, car il renvoie aussi à nos propres histoires familiales. Il est important de comprendre que comme il est dit dans le texte "le corps a une mémoire" et quand il souffre ou est malade, c'est le transgénérationnel qui s'exprime à travers lui. Et quel plaisir de voir sur scène ce comédien trop méconnu, pourtant acteur de séries et téléfilms, lui-même réalisateur, Jérôme Anger. # écrit le 15/04/23
| -2h35...de bonheur 8/10 Spectacle d'une grande élégance de style. C'est de la vraie et pure comédie musicale dans les standards inégalés de Broadway. Tout y est déployé pour offrir un music-hall flamboyant pour les yeux et les oreilles. La beauté règne à tous les niveaux ; décors, costumes, chant, musiques...artistes femmes et hommes avec bien évidemment, la joie d'entendre la voix sublime du merveilleux Roberto Alagna. A ses côtés celles d'Anggun et de B. Pelletier sont au diapason. par ailleurs, j'ai aimé le traitement "romantique" du sujet, qui confère à l'ensemble une dimension particulièrement émouvante, n'en déplaise aux grincheux qui trouvent cela mièvre ou "nul" ! . Je ne doute pas que ce spectacle rencontre un grand succès. # écrit le 22/02/23
| -Pièce MAY-GA-disjontcée 8/10 En effet, comme le chantait Bashung, "tous les circuits" (acteurs, musiques, machinerie, lumières) sont niqués" ! Mlle May a du serrer trop fort ! Le synopsis et les critiques ci-dessus sont bien sympa, mais nul ne dit qu'il n'y est nullement question de langue de Molière , d'alexandrins de racine ou de bons mots de boulevard. Par son invention créatrice, Mlle May a réussi ce prodige de nous faire entendre une langue venue d'on ne sait où, une sorte d'OLNI (Objet linguistique non identifié). Elle a tout assimilé et revisité, comme si elle avait passé toutes les langues dans le cerveau d'une intelligence artificielle pour donner cet étrange langage. Alors que nous donne t-on à entendre : les grognements des hommes de la guerre du feu, les éructations vociférantes des Barbares, du vieux françois, du moldovalaque, du vieux finnois du sodgien, du nénets, du tsatan, du kobaïen,etc...le tout donnant un irrésistible babil surréaliste entre les 6 comédiens et nul n'y comprend rien ! Mais agrémenté d'une bande-son où l'on reconnait les influences de pascal Comelade, de Rammstein, d'Otis Redding, de Prince, de Steve Reich, cela fait toute la force et la folle originalité de ce spectacle hors-normes. Quant au jeu des acteurs, là aussi on a une synthèse de Charlot, Buster Keaton, le mime Marceau, Jacques Tati ! C'est donc un peu comme si les hommes préhistoriques auraient appris l'Oulip et la Pataphysique et s'étaient accouplés avec des extraterrestres en avance de plusieurs années-lumière pour donner cette logorrhée invraisemblable, saupoudrée d'onomatopées, si bien que pour conclure Mlle May dépassant hautement les chelou grave de ouf, les sms réducteurs, les novlangue en avaient crée un qu'on appellerait la Logomatopée ! Enfin, je ne sais si cela était dans l'intention de l'auteur. c'est comme si, subliminalement, elle nous disait que cette communication entre les êtres à partir de cette langue, n'était pas plus ridicule que la communication actuelle soit tellement technique, soit tellement pauvre, qu'on abouti à une sorte d(incommunication, où plus personne ne comprend et où plus personne ne se comprend. On l'aura compris, cette pièce n'est pas faite pour les amoureux de Racine, Sartre ou André Roussin, mais pour ceux en quête d'originalité ou amateurs du théâtre de l'absurde ! En tous cas, je dis bravo et remercie Mathilda May et les six acteurs, tous épatants, dans ce registre finalement peut-être plus difficile à jouer qu'une pièce classique. # écrit le 28/10/22
| -Bernard MENE (z) une danse échevelée ! 8/10 Tapez "duos sur canapé" et réservez illico - vous avez la garantie de passer une formidable soirée. Le sujet est original - un couple en voie de divorcer, obligé de partager son salon, avec comme frontière une ligne de démarcation "check-point canapé" ! D'où cette pièce digne de Feydeau ou Labiche, dans la plus pure tradition de la comédie de boulevard, avec tous les ressorts scénaristiques pour ravir le spectateur, avec comme maître de cérémonie, comme Mr Loyal, le grand et savoureux Bernard Menez, accompagné formidablement à propos par Michel Guidoni, qui mérite une reconnaissance du public, allant bien au-delà de la confidentielle revue de presse. Ajoutez y deux très jolies et talentueuses actrices, un jeune et élégant acteur, tous pleins de verve, vous aurez un cocktail réussi. # écrit le 11/09/22
| -Honneur aux dames ! 9/10 Vu ce jeudi 9/9, ce spectacle n'est plus à l'affiche. cela ne m'empêche pas d'en dire tout le bonheur qu'il m'a procuré - en premier lieu, s'il revient dans quelque salle de France ou de Navarre, NE LE LOUPEZ PAS - Vous passeriez à côté d'1h15 d'enchantement ! Un régal de fraicheur, de verve, de talent, d'ingénuité, de profondeur aussi prodigués par 5 actrices et chanteuses magnifiques...accompagnées de doigts de maître par un pianiste formidable. 1952, la France d'après-guerre se reconstruit, les femmes travaillent et les demoiselles du téléphone, tout comme les sténo, en sont un symbole. mais la pièce montre aussi que le paradigme reste la "femme au foyer" et la "génitrice" du repeuplement - le tout couronné par un phallocentrisme dominant. Hélas, billereduc ne met pas les rôles en face des noms...donc je les cite par leur rôle. Jo, une vraie gouailles parisienne, pleine de peps. La jeune Catherine, débutante, fraîche comme une rose, au tempérament de feu ingénue à souhait. La pulpeuse Lily, comme une vamp de magazine des années 50, à la recherche de la sécurité conjugale dans ses rêves de midinette, vite déçus. La cheffe de bureau, aussi pète-sec qu'une institutrice en blouse grise, mais qui cache un coeur sensible et qui ne demande qu'à s'enflammer. Enfin, comme une figure de star mythique, croisement de Simone Simon (dans la Féline) et de Mireille Balin (dans Pépé le Moko) la superbe patronne, Claudine, trompée par un mari volage (Dieu, qu'il ne connait pas sa chance), qui se noie dans l'alcool, les rêves romantiques et arbore des robes à tomber. Les textes sont fins, subtils, les rythmes sont entrainants. Dans ce genre de spectacle, difficile d'attendre mieux. Le public applaudit à rompre, les mines sont réjouies, que demander de plus. Bravo et comme on dit au théâtre...M...pour les prochaines représentations, avec un public bien plus nourri qu'en ce jeudi 8/9/22...de fin de règne !! # écrit le 11/09/22
| -Un sujet daté 6/10 Oui d'accord Berléand et Dulery sont épatants, l'un tout en intériorité, l'autre tout en flamboyance ; ils m'ont régalé de leur talent, malgré un sujet bien peu original et peu moderne. l'argument a déjà été exploité avec nettement plus de finesse dans la veine "cocasse" par Gogol (le Nez, le manteau) et par Emmanuel Carrère (la Moustache). Quant aux répercussions des troubles psychiques sur le corps, ils sont bien connus depuis 50 ans avec la médecine psychosomatique. la pièce fait défiler à souhait tous les concepts éculés et peu scientifiques de la psychanalyse, cette maladie qui se prend elle-même pour son propre remède, selon le mot du satiriste Karl Krauss : "racontez moi votre enfance...Faut tuer le père, la mère...sans parler des fumeuses théories freudiennes sur le trauma sexuel infantile refoulé. Sans la verve de nos deux monstres sacrés, et jouée par des acteurs moyens, cette pièce serait bien ennuyeuse. # écrit le 13/03/22
| -Promesse tenue 8/10 Voilà une belle pièce, enthousiasmante, drôle, roborative, subtile et intelligente, et à peine caricaturale, tant les dérives de politiciens corrompus ces dernières années, n'ont fait qu'accréditer l'idée répandue dans l'opinion du fossé séparant les promesses de campagne et les réalisations concrètes une fois le pouvoir acquis. Toutefois la pièce n'est pas un plaidoyer pour une morale politique, elle constate le fait avec beaucoup de réalisme et d'humour. Les acteurs sont excellents et rendent une partition savoureuse. Le Premier ministre, d'une authentique mauvaise foi, le député, véreux jusqu'à la moelle, l'assistante sous ses airs d'ingénue espiègle qui cache une ambitieuse féroce, la femme du Premier ministre, sexy et sensuelle, à laquelle l'on donnerait le bon dieu sans confession, qui gruge tout son monde, et "l'espionne" tout en rouerie mielleuse et redoutable. Un vrai régal, à savourer sans modération, même pour les plus de 12 ans ! # écrit le 21/02/22
| -Génie et poésie 9/10 Les deux se conjuguent dans cette pièce et cette interprétation d'une exceptionnelle densité. Les mots de J.M Djian sont à la hauteur du génie de Rimbaud et traduisent avec gravité, humour et auto-dérision l'univers de l'homme aux semelles de vent. Il nous fait pérégriner à l'intérieur du cerveau-monde du poète et nous renvoie le miroir de toute l'humanité, souvent au bord du précipice mais en équilibre fragile entre les deux rives d'un même continent intérieur : génie et poésie. L'auteur parvient à réduire la structure des éléments poétiques à leur essence et à rendre en même temps la profondeur du chant, les tons et les mouvements de la phrase, le tout avec une technique limpide de l'écriture. Le détail est englobé dans le tout, et l'essentiel atteint une intensité magnétique, à laquelle Darroussin apporte son extraordinaire interprétation. Tel un magicien des mots (de Rimbaud et de Djian entremêlés) , il nous fait entrer dans les sensations subconscientes, et inconscientes, dans les visions mystiques, qui sont non seulement le reflet d'une attitude poétique mais aussi l'équivalent mental de nos propres angoisses. Cette originale trilogie (poète- auteur- acteur) nous demande d'entendre non pas qu'avec les oreilles, mais avec le corps, la chair, l'esprit et l'âme. Cette mise en abyme de l'écriture, de la poésie, de l'art du comédien, nous renvoie les atomes de toute cette énergie mentale, physique, et mystique. Je connaissais bien sur Darroussin derrière le grand écran mais là, comme il le dit pour Michaux, quelle claque dans la tête ! Acteur du vertige, de l'intériorité, de l'au-delà des mots, il m'a rappelé les interprétations hallucinées de Roger Coggio (le Fou de Gogol) de Didier Bezace (dans la Maladie humaine de F. Camon), de Denis Podalydès (dans le Cas Jekyll de C. Montalbetti,). Tout est tellement dense, fort, puissant que cela mériterait des pages d'éloges ; toutefois, vous l'aurez compris, passer à côté de cette oeuvre serait se priver d'un grand moment de théâtre et d'un pur moment de bonheur, qui ne peut que rester gravé dans sa mémoire. # écrit le 09/02/22
| -Un Caubère M(ag)ISTRAL 9/10 Et le jeu de mots n'est pas fortuit tant Philippe Caubère nous enchante avec la Provence de Daudet et Mistral - Quel conteur magistral, quel acteur magnifique. je le dis tout de go, les occasions de le voir sur scène sont assez rares, alors ne manquez pas cette occasion unique. A lui tout seul, il synthétise toute cette belle Provence : ses écrivains (Daudet, Pagnol, Giono, René char), ses acteurs (Raimu, Fernandel, Poupon, Delmont, Blavette), ses poètes félibres (Mistral, Roumanille, Aubanel). On croirait entendre les cigales chanter dans la montagne du Lure, les bartavelles au-dessus du massif du Garlaban, et le mistral siffler sur les beaux villages du Lubéron. Tout le monde connait la chèvre de Mr Séguin ou le curé de Cucugnan, mais avec Caubère qui en livre une interprétation à la fois délirante et drôle, nous les fait découvrir comme si c'était la première fois, qu'on les entendait. c'est tout l'art du conteur, de l'acteur génial réunis pour magnifier cette belle langue et des thèmes immortels. La performance est exceptionnelle et les spectateurs de cette première ne s'y sont pas trompés, en le remerciant par des apllaudissements fort nourris. Seul gros bémol. Qui a eu l'idée saugrenue de ce vilain et sinistre décor d'un mur noir derrière lui où l'on croirait voir une exposition de Soulages, alors que le thème aurait mérité un décor aux lumineuses et fraiches couleurs de la Provence. Non seulement cela n'aurait pas desservi le jeu de l'acteur, mais aurait magnifié le texte, et donné à l'ambiance générale, un supplément d'âme - cette réserve faite, Caubère à lui tout seul vaut le déplacement et espérons que toutes les séances à venir feront salle comble. # écrit le 12/11/21
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