Ses critiques
6 pages de résultats triés par | | -Pétillant et grisant comme du champagne 9/10 Amateurs de spectacle original, décalé, fin, intelligent, humoristique, ne cherchez pas ailleurs, c'est la, la, la - au palais des glaces, qu'il faut courir au plus vite pour "savourer" ce que nous offre avec un talent fou ces Divas là de l'amour, qu'elle nous donne avec leur enthousiasme communicatif et on (moi, bien sur) les AIME - 3 voix magnifiques, en solo mais surtout ensemble où elles nous étourdissent avec des jongleries vocales, qu'on n'entend nulle par ailleurs. de véritables prestidigitatrices de l'art de chanter ensemble, dans un ballet savamment orchestré, sans fausse note et ce qui est magistral en se renvoyant les vocalises, comme en texte, l'on se renverrait de piquantes répliques. cela est d'un art consommé qui sans y paraître demande un travail fou pour parvenir à autant de maîtrise. C'est aussi désopilant, quant au second degré, elles égratignent mais avec élégance, les paroles souvent "neu neu" des chansons (ou roucoulades d'amour), exercice qui atteint des sommets de drôlerie avec "Capri, c'est fini". Quant à la séquence, où elles se muent en trois "vieilles" se remémorant leurs histoires d'amour en face de celui pour lequel elles avaient perdu la tête, on atteint presque à Molière ou Feydeau et on flirte avec l'absurde de l'état amoureux et le ridicule de "l'énamourement". Alors vraiment mille BRAVOS à ces trois très jolies (dans les 2 sens du terme) artistes, qui quand on voit en haut de l'affiche de salles prestigieuses des has been ringards, mériteraient sans conteste d'être tout en haut de celle de l'Olympia, par exemple. il y a peu de spectacles dont je garde le souvenir intense, celui-ci en fera partie. Alors, fidèles spectateurs, ne passez pas à côté. # écrit le 09/11/21
| -Merveilleuse surprise 9/10 ...que cette pièce sans prétention qui joue à merveille le comique de situation, petit bijou d'intelligence, d'énergie et d'humour, partition magnifiquement orchestrée par un trio d'acteurs au diapason, complices et complémentaires. Parti d'une situation cocasse, les quiproquos s'enchainent, les protagonistes vont de surprise en surprise et nous avec. les comédiens sont épatants (ce soir-là, Jeff Dias tout en manière de doux rêveur, un peu lunaire comme le mime Marceau ou Pierre Etaix ; Arnaud Joyet, bourru à souhait, dépressif mais dont on ne croit pas une seconde qu'il va passer à l'acte, tant son potentiel ne demande qu'à être révélé et la très pétillante Joyce Fanfrenet, qui ne démériterait nullement avec sa malice, sa présence, dans une comédie de Broadway). Le rire culmine dans cette séquence hilarante et désopilante où lui (Mathieu), singe, parodie elle(Marion) et réciproquement, sous le regard ahuri du "suicidaire" ! je me joins donc à toutes les bonnes critiques qui conseillèrent vivement d'aller se rafraichir l'esprit en ces temps moroses avec cette charmante pièce. # écrit le 03/11/21
| -Emouvantes et subtiles variations sur l'amour 8/10 Sur un sujet vieux comme le monde, cette très belle pièce, par son originalité réussit le tour de force de renouveler le thème de la relation amoureuse. On commence par s'approcher, se séduire, se connaître, se rendre indispensable à l'autre, puis les malentendus s'installent, et l'incompréhension vient alourdir quelque chose qui était léger, insouciant, pour finir dans des sentiments qui se complexifient et aboutir à une manière de drame ; d'autant plus que chacun (lui surtout) n'est pas débarrassé des fantômes du passé. l'on pense aux déchirements si prégnants des pièces de T. Williams. Si la comédie domine quelque peu, le drame, telle la bête dans la jungle rôde et menace le couple de déliquescence. Eternelle problématique de toute histoire d'amour, fort bien servie par de subtils dialogues et remarquablement interprétée, par les 2 acteurs. Elle, pleine de charme, pétillante, ingénue, troublante et bouleversante. Lui, léger, puis plein de sobriété retenue, profond, ténébreux et tout aussi bouleversant, dans son enfer intérieur. Au-delà du jeu de la séduction, cette pièce est traversée par la question quasi ontologique de la difficulté d'aimer et de laisser perdurer un amour. Tout autant que les avis déjà formulés, il serait dommage de passer à côté de cette solide et émouvante représentation. # écrit le 22/10/21
| -Une magistrale observation de l'absurde contemporain 9/10 Puisque j'inaugure la rubrique "avis" de ce spectacle, je n'hésite pas à me muer en promoteur zélé de ce spectacle tant bill François mérite amplement que le spectateur amoureux de one man show intelligent, drôle, fin et subtil y trouvera un compte quasi parfait. je dis tout de suite que j'en suis sorti (et le public aussi tant les applaudissements furent nourris, au point presque de gêner l'acteur qui ne s'attendait peut-être pas à pareille reconnaissance), enchanté, plus encore "plus intelligent", tant il nous présente le miroir déformant d'une époque, la nôtre, en laquelle chacun se retrouve. Il le dit avec une précision quasi scientifique qui vaut toutes les analyses de pseudo-experts, qui envahissent les plateaux TV, qu'il n'est nul besoin de regarder, car mieux vaut aller le voir et on aura une synthèse parfaite de notre absurde contemporain. Inutile d'ajouter que la prestation est époustouflante, tant bill François réussit ce tour de force de donner une logique à l'incohérence même de notre société actuelle. Il est même quasi miraculeux qu'il ne se perde pas dans cette mécanique qu'il déroule avec maestria, car de digression en digression, il nous fait comprendre, ce qu'est à son corps défendant "l'homo consommatus", ou "l'homo numericus", pris ou aliéné) malgré lui, dans un univers qui le dépasse. Alors osons les comparaisons, Huxley et Orwell ne sont pas loin, et sur le plan, finesse, intelligence et drôlerie, il est au 21eme siècle, ce que Molière, Pierre Dac et Raymond Devos étaient au siècle précédent. Bill François, justement récompensé en 2019 du prix de l'éloquence, mérite une salle archi pleine, bien plus que tous ces humoristes médiatiques (ou ces has been d'une profession qui s'essouffle) qui ronronnent depuis des lustres, tant son spectacle est d'une nouveauté, d'une originalité rares en ces temps de "crise de la pensée". c'est un vent de fraicheur, on en sort ragaillardi, et finalement optimiste, car son rire ou sa dérision voire auto dérision sont salvateurs et salutaires. je ne regrette qu'une chose : j'aurais aimé en sortant avoir en mains son texte écrit, pour le savourer tranquillement, tant la rafale de pensées qu'il énonce et que l'on ne peut retenir, mérite que l'on s'y attarde "à part soi". j'espère avoir convaincu les fidèles lecteurs de billereduc, de consacrer 2h de leur temps (qu'ils ne regretteront pas) à aller le voir et surtout l'entendre ; pour les autres, ma promotion reste insuffisante, elle relève de l'entourage de Bill François, promis je l'espère à un bel avenir tant dans le théâtre ou le cinéma, que dans l'écriture tant il a de cordes à son arc, duquel in ne décoche que des flèches d'intelligence et d'humour. # écrit le 14/10/21
| -La Ve république, comme si vous y étiez 8/10 et il vous est fort conseillé (jeu de mots car sur scène, 2 conseillers de la Ve, narrent 55 ans de pouvoir), d'y être en réalité, tant cet excellent spectacle, fort documenté, instructif et surtout très fin et humoristique, vous entrainera dans les coulisses du pouvoir avec délectation, rehaussé en cela par 3 comédiens épatants. nul besoin de sortir de sciences po, les auteurs (également les deux comédiens masculins), nous brossent ce tableau avec une verve enthousiasmante, passant en revue, les grands comme les petis évenements, n'hésitant pas mais avec déférence, à la manière de Molière ou Balzac, d'épingler les travers de nos 7 présidents respectifs. Autre point positif, certaines scènes sont accompagnées en vidéo, d'images (les présidents et leur entourage) de commentaires (les journalistes) et d'événements, de l'époque. Vous passerez 2h, d'intelligence, comme on en voit peu souvent dans le théâtre dit de divertissement, et franchement tant le rythme est soutenu, vous ne verrez nullement passer le temps...pour ma part, j'en aurais presque encore demandé, tant le sujet est riche. # écrit le 12/10/21
| -Emouvante leçon d'histoire 9/10 bien sur, les générations antérieures connaissent peu ou prou l'histoire de cette grande dame - mais en-est-il de même des jeunes ? - Si les premières sont confortées dans leur 'admiration pour Mme Veil, les jeunes pourront grâce à l'intelligence, la profondeur et la véracité de ce texte auquel a remarquablement contribué Christina Réali, pour l'écriture, issu du livre "Une Vie", avoir un résumé saisissant de l'extraordinaire parcours de S. Veil. En effet, les soixante dix années de cette vie sont fidèlement résumées et la pièce réussit cette gageure de ne rien manquer de ce parcours, des camps d'extermination au Panthéon, sans pathos aucun, mais déploie avec sobriété et émotion retenue, cette leçon de courage, de persévérance, de résilience et d'altruisme qui est la marque des grandes âmes. Mais cela a pu ainsi être si bien rendu, grâce au jeu si fin, si intelligent, si émouvant de Christina Réali. Nous connaissions déjà son art de la scène (notamment avec ses dernières pièces ; la Rose tatouée et la Ménagerie de verre), mais là, elle se surpasse et nous donne une vraie leçon de l'art pour l'art, tant son jeu est intériorisé. de plus, la ressemblance physique avec Mme Veil est si proche, qu'on croirait presque l'avoir devant nous, plus encore, c'est comme si, l'esprit de cette grande dame avait pénétré celui de l'actrice. Voilà donc du beau et grand théâtre, qu'il nous est peu donné d'admirer, et qu'il serait dommage pour tout amateur du genre, de se priver d'un si beau moment. Un très bon point également pour la jeune actrice qui lui donne une belle réplique. # écrit le 25/09/21
| -Un plaisir de gourmet 9/10 Oui, pour qui apprécie les bons mots d'auteur, les situations où l'humour, la finesse d'esprit et l'intelligence dominent (caractéristiques du théâtre du regretté Eric Assous), cette très bonne comédie est idéale. d'autant plus qu'elle est magnifiquement jouée par le grand Bernard Menez, dont c'est un réel plaisir que de le voir sur scène, lui qui nous a procuré tant de bonheur au théâtre et au cinéma, dont le jeu si unique et atypique, fait d'interjections, d'étonnement, - du grand art - n'est égalé par personne. Et quelle belle découverte que la jolie et sémillante Camille Hughes, qui joue les ingénues parfaites, qui lui donne une réplique au diapason. En ces temps de marasme sanitaire, les occasions de passer une bonne soirée théâtrale sont rares. Alors, cher public, courez-y. # écrit le 19/07/21 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
| -Festif,roboratif , jubilatoire 9/10 Comme le décrit le synopsis et le titre que j'ai choisi, vous passerez un délicieux moment. Vous n'allez pas assisté à un pensum médico-gynéco-sexo-logique sur ce sujet certes encore délicat, voire occulté (bien qu'il soit ici très ...culotté !) et qui fait encore endurer à beaucoup de femmes des affres physiologiques Déjà quel vilain mot, avec ces trois syllabes qui sonnent comme un couperet : Mé-no-Pause, j'entendrais presque Menu-Pause, eh oui, la nature a programmé une pause, mais de quoi ? Je suis un homme et je serai mal venu de vouloir parler de quelque chose qui ne m'appartient pas physiologiquement et psychologiquement, mais je puis témoigner de la ce que la femme d'après ménopause est bel et bien dans une sorte d'âge d'or, de sa splendeur; c'est un courant d'air pur, un vent de fraîcheur, une grande bouffée de liberté que nous proposent une belle mise en scène et quatre magnifiques actrices. Nous ne sommes plus dans les années 1970, les femmes, la parole, le sexe se sont libérées et ce type de spectacle comme celui de 2018, les Ménopausées ou avant les Monologues du vagin, contribuent à redonner aux femmes dans cette délicate période un puissant motif de rester elles-mêmes, de ne pas entrer dans les discours fallacieux ou les miroirs aux alouettes d'une société trompeuse...Mesdames, un conseil, laissez tomber les médecins, les "Comme j'aime " et autres balivernes, et courez voir des pièces comme celles-ci, jubilatoires et salvatrices. car oui, d'une part, c'est ça le "must", il existe une sexualité après la ménopause, ça c'est "sexy", et d'autre part, ce spectacle est drôle, touchant, ludique, subtil, qui permet d'en rire plutôt que de minimiser ou ridiculiser. Du reste, l'un des ressorts comiques de la pièce est que ce vilain mot n'est jamais prononcé, dès qu'il est à peine énoncé, il est retiré de la bouche, avec des mots bien plus significatifs (comme métamorphose) à la place. Si la ménopause est la fin d'un cycle, la fin d'une saison, elle est je dirais heureusement la fin de quelque chose et ouvre une nouvelle vie aux mille richesses et potentialités pour les femmes; une libido régénérée, sans effet moralisateur, disons qu'il n'y a pas de hasard dans la vie humaine, si cela a été donné aux femmes, qui donc n'enfanterons plus, c'est sans doute pour qu'elles s'enfantent elles-mêmes dans une nouvelle dimension de leur personne; de savourer avec bonheur leur libido retrouvée, un plaisir décuplé, la liberté de faire l'amour sans stress, la femme se sent bien mieux intérieurement et du coup elle est plus belle extérieurement (cela ressort de témoignages de femmes, de nombre d'ouvrages comme par ex : "journal presqu'intime en mincithérapie"). je me prends à rêver de pièces sur le sujet écrites et jouées par Muriel Robin, Florence Foresti ou Chantal Ladesou ! ou encore à une pièce sur un sujet alors là pour le coup vraiment tabou : l'andropause ! Ce qui est sûr c'est que c'est un passage dans une vie, mais comme beaucoup d'autres moments dans la vie. La femme ET l'homme ont un cap hormonal à passer. Qu'ils en fassent un moment d'union, de joie, et pour l'aborder sereinement il faut s'aimer beaucoup. Enfin un mot sur le talent magnifique des 4 actrices qui bien que peu médiatisées, n'en sont pas moins dans des carrières fort et brillamment remplies : Marion POSTA, (la star de cinéma), en effet, une figure de star du 7e art, au charme envoûtant et à la voix magique ; Patricia SAMUEL ( la cheffe du magasin aux intonations vocales de haute volée) ; Marianne VIGUÉS, (Nadine..mok !), espiègle, ingénue, d'une grande finesse ( avec un petit air de Sandrine Bonnaire et Elodie Bouchez) ; Christiane KHANDJIAN, les pieds sur terre, rigolote à souhait, bien dans sa peau et dans son corps, épanouie. cela se joue jusqu'au 11 août, c'est les vacances, un bon bain de jouvence vous attend à la Madeleine. # écrit le 08/07/19
| Comédie musicale: Chance ! -"mortel délire"...savamment orchestré ! 8/10 Plus de quinze ans après sa création cette comédie musicale n'a pas pris une ride, n'a rien perdu de son énergie et la troupe actuelle réussit la gageure de lui redonner une étonnante modernité. le charme, le rire, l'humour décalé, la dérision, la virtuosité vocale, le côté survolté, électrique, sont toujours au rendez-vous. ce spectacle n'a pas pour ambition d'entraîner le spectateur dans de grandes interrogations métaphysiques ; il ne cherche qu'à distraire, divertir intelligemment, donner du plaisir, tant le part-pris tient dans la légèreté, l'aérien, voire le futile, mais aussi une forme d'absurde, de comique de situation. L'argument est des plus simples, les textes minimalistes, mais c'est dans les partitions vocales, le jeu pêchu des acteurs, la musique qu'il faut chercher tout l'intérêt du spectacle - et là, nous sommes comblés et ravis. La grande part de la réussite de la pièce tient au talent des six comédiens-chanteurs, qui dépensent une énergie folle à camper des personnages aussi extravagants qu'attachants ; sans oublier les excellents musicien. comédie, chant et danse. Chacun dans son rôle, aura au moins sa chanson, son grand moment en pleine lumière, tout le monde assure le show de sa belle prestance. dès les premières notes, il n'est pas douteux que la comédie s'est nourrie à ce magnifique rythme si particulière de la chanson selon Jacques Demy et Michel Legrand, notamment ; tout comme les accents de Chantons sous la pluie sont présents. Ce phrasé si spécial, cette manière de raconter son histoire dans une sorte de déclamation monocorde qui lui donne toute sa saveur. Mais alors que le cinéma de Demy est touché par la grâce mélancolique, ce spectacle est totalement jubilatoire, déjanté, déchaîné et nous entraîne dans un tourbillon de mélodies toutes aussi piquantes les unes que les autres. L'histoire se déroule dans un cabinet d'avocats peu orthodoxe autour de six personnages : un patron peu scrupuleux, à la voix de baryton impeccable, deux secrétaires déjantées la belle, pétulante et sexy Agnès, l'espiègle et piquante Kate ; un jeune avocat quelque peu craintif (Etienne, une sorte de Buster Keaton) une jeune stagiaire timide et ingénue à la fois (Nina) et un coursier très rock'n roll, à la voix splendide (Fred - une sorte de Marc Lavoine dans sa jeunesse triomphante) . Leur destin bascule après un loto collectif qui les voit remporter 99 millions d'euros. mais derrière cette légèreté voulue, derrière l'humour , la rigueur, le professionnalisme sont là, vocalement, musicalement, chorégraphiquement, tout est cohérent et sans faute. Les codes de la comédie musicale sont respectés au point d'être utilisés de façon volontairement répétitives pour accentuer le parti-pris comique (" Je suis Mademoiselle Fleury... ") avec par exemple, des underscores propres à chaque personnage, des genres musicaux originaux.. On écoute avec délectation, les paroles un peu "cul-cul" ou roman de gare, qu'on adore néanmoins, car elles révèlent notre côté midinette, et qui illustrent des histoires d'amour à l'eau de rose, cela pour satisfaire notre côté un peu people ! Si vous voulez déguster un spectacle qui pétille comme des bulles d'un excellent champagne, qui vous fait oublier vos soucis quotidiens, qui vous donne une part de rêve, alors aucune hésitation, il reste une dizaine de représentations ne passez pas à côté de cette CHANCE qui vous est offerte ! # écrit le 10/06/19
| -Une représentation digne de ses devancières 8/10 Riche d'une multitude d'aspects, le roman se présente d'emblée comme un conte philosophique, moral, social, mais aussi comme un extraordinaire conte fantastique. Un conte noir plein de sève et de rebondissements qui s'articule autour d'un fort propos sur l'Art, l'expression picturale, la conscience de l'artiste ainsi que sur les manifestations de l'orgueil humain et ce qu'il est convenu d'appeler les chemins de la "perdition". Le roman, l'histoire, le déroulement dramatique, la fin tragique sont connus. Mais, Wilde n'a rien inventé, il s'est fortement inspiré du mythe de Faust (de Goethe) et surtout du roman de Balzac la Peau de chagrin (1831). Les adaptations (théâtre, cinéma) sont nombreuses : citons la pièce de 1977, au Daunou et réalisée pour TF1 par Pierre Boutron ; et surtout le chef d'oeuvre filmique d'Albert Lewin en 1945.Sur ce point, la présente adaptation théâtrale est digne de ses devancières Avant de poursuivre sur les caractères des personnages, car c'est cela l'important, disons que la mis en scène est sobre, élégante, et le jeu d'acteurs tout à fait remarquable.Nous sommes tenus en haleine du début à la fin et le parti pris de jouer dans le registre d'une certaine lenteur est fort opportun. Riche d'une multitude d'aspects, le roman se présente d'emblée comme un conte philosophique, moral, social, mais aussi comme un extraordinaire conte fantastique. Un conte noir plein de sève et de rebondissements qui s'articule autour d'un large propos l'expression picturale, la conscience de l'artiste ainsi que sur les manifestations de l'orgueil humain et ce qu'il est convenu d'appeler les chemins de la perdition. Son jeune âge, sa séduction, son raffinement, ses talents de musicien, lui ouvrent toutes les portes. Mais il affiche un tempérament fantasque, exalté, capricieux, taciturne, précieux et narcissique, taraudé par un désir frénétique et obsessionnel d'absolu. Son individualisme est un tison rougeoyant plaqué sur la nuque de ses victimes, et il éprouve une puissante répulsion envers tout ce qui est extérieur à lui. Mais le mentor, l'âme damnée, le deux ex machina, est campé par le cynique et cruel Lord Harry Wotton. Il est un virtuose de l'éloquence et du paradoxe, développe nombre de théories sur la vie, l'amour, le mariage, la société, la jeunesse, l'art sublime, avec à la fois des accents nihilistes et louangeurs. Peu à peu, ce personnage ondoyant, mielleux, pervers fascine Dorian comme si ses théories avaient été créées pour lui ; de fait, il est sous son entière emprise comme une marionnette manipulée. Alors, la déchéance, l'effroi se précisent. Dorian, sous la férule de ce lord satanique, comme une sorte de croisé de l'Antéchrist, Borgia, Sardanapale, se souille de crimes et de débauche. Il s'enferme peu à peu dans le train fantôme du nihilisme, de la cruauté, du mensonge, du scandale. C'est le voyage décadent, l'errance hallucinée du prince déchu, zombie dévoyé engagé dans un processus de non-retour. L'Art, quant à lui, fera éclore ses implacables vérités. La narration se terminera avec la fin aussi tragique que terrifiante du héros. En conclusion, nous assistons là à une mise en abyme et la pièce qui nous est donnée à voir grâce au grand talent des acteurs, rend parfaitement les thèmes du roman. Roman du dérèglement, de la dégénérescence, de la perdition délinquante, née d'une souffrance, d'une aspiration rebelle à faire voler en éclats un modèle social fermé, un ordre moral "castrateur", des moeurs ambiantes oppressives. C'est aussi l'oeuvre d'une exaltation violente et aveugle, fanatique et mégalomaniaque, de l'excellence et du beau. Pour Dorian Gray, l'art devient une préoccupation unique, fantasmagorique, obsessionnelle. Esclave de ses fixations idéalistes, il brise tout ce qui se met en travers de ses rêves. Wilde nous donne ici la radiographie d'une passion de l'art folle, exorbitante, monomaniaque, totalitaire, qui tourne autour d'elle-même, qui phagocyte, qui vampirise, qui ne partage pas, Dorian poursuivant comme un halluciné, la quête sur-héroïque d'un "graal" esthétique. Alors, pour les amateurs de beau théâtre, de belle littérature, de textes où l'esprit et l'art règnent en maître, ce spectacle ne saurait que plaire. Le spectateur y trouvera de nombreuses satisfactions à revisiter ce texte unique qui jette mille passerelles entre pensée et sentiment, conscience et idéal, création personnelle et signification artistique, entre frissons et merveilles. # écrit le 10/06/19
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