L'écriture, la mise en scène, le jeu des comédiens, tous trois brillants (vue avec D. Auteuil). Tout y est. Le thème de l'amitié y est traité avec brio et subtilité. On voudrait avoir des amis comme ça. On aimerait être un ami comme ça. Des hommes machos, point trop n'en faut, et complètement paumés avec leurs femmes (ou filles). Richard Berry réussit là à nous emmener dans son univers et donne le meilleur de lui-même. A voir absolument. # écrit le 10/11/14
Une belle mise en scène avec des comédiens qui servent le texte avec intensité. Marianne est plus belle que jamais, et Célio éperdu et lunaire à souhait. Un plus pour le comédien qui joue Tibia et Malvolio : un clown à se tordre de rire. En revanche, si Octave est très bien en arlequin virevoltant, assez proche ici de Scapin, je ne l'ai pas senti pas assez amoureux de Marianne. Et Marianne dévoile trop tôt à mon goût ses sentiments pour Octave. Mais la poésie est là et on ne s'ennuie pas un seul instant. # écrit le 06/11/14
Quelle énergie ! quelle vitalité. De diableries en bondieuseries, de farces naïves en propos finement amenés sur "gens nouveaux", des tableaux bien vivants d'une humanité en transformation, servis par quatre comédiens débordants de fougue et d'énergie. L'écriture est foisonnante, parfois confuse mais toujours vivifiante. Un spectacle revigorant et intelligent. # écrit le 06/11/14
Des comédiens admirables, un jeu impeccable, une mise en scène légère et efficace. J'ai passé un très bon moment à réentendre ce texte que je connais par coeur (ou presque). Cela vaut l'interprétation que j'en avais vue avec Emmanuelle Devos et Patrick Chesnais. C'est une gageure, car Feydeau a souvent droit à des mise en scène poussiéreuses et une interprétation loin du compte. Un seul bémol : la distribution. L'âge des comédiens ! Ils sont excellents, et parviennent à atteindre les rôles car ils ont manifestement du métier : aisance scénique, diction impeccable, construction des personnages riche, rythme enlevé, complicité sur scène, etc. Mais ils ne sont pas du tout les personnages : ils doivent avoir facilement 20 à 30 ans de plus. Je ne parle pas du domestique qui fait une double composition à se tordre. Mais pourquoi choisir de jouer des personnages de 20 ans plus jeunes que soi ? Ils pourraient jouer du Ionesco ou du Beckett ou que sais-je encore. Je sais bien que Sarah Bernhardt avait 60 ans passés lorsqu'elle jouait Salomé (13 ans). Mais à quoi bon ? C'est une indulgence regrettable, tant de la part du metteur en scène que des comédiens... car cela dessert quelque peu la pièce. Voilà, cette dureté de coeur de ma part blessera peut-être, je dis ce que je pense. Mais c'est ma seule remarque négative ! # écrit le 27/10/14
J'ai passé un très bon moment, malgré quelques petites imperfections. Les points forts : l'interprétation. Les comédiens sont excellents, à commencer par le père, homme d'affaires sans scrupules et déterminé, qui force l'admiration par sa volonté implacable de réussite sociale qui guide toute son action. Le comédien est admirable par sa présence et sa justesse. Autant dans le côté roublard, que dans ses travers (fierté parfois un peu naïve du parvenu) ou dans la colère contre sa fille puis l'émotion finale lorsque la pièce prend un tour tragique. J'ai apprécié aussi particulièrement le marquis : le comédien joue tout en finesse et son humiliation est patente. Un plus aussi pour la fille, qui paraît tout droit sortie d'une pièce de Tchekhov ou de Strinberg, avec une beauté animale et une sensibilité exacerbée. La mère encore, qui a une très belle scène d'émotion avec sa fille. Les seconds rôles sont tous très bien. La mise en place, le décor, sont pas mal du tout. Les costumes sont très élégants. Les points faibles : La pièce démarre un peu lentement, et on met du temps à entrer dans l'histoire. Les éclairages sont parfois un peu faibles, et les transitions d'une scène à l'autre un trop lents : on a attendu une fois une bonne quinzaine de secondes devant un plateau vide... Un bémol pour le jeune ingénieur qui pourrait gagner en intensité, en pureté et en fraîcheur. On voit son côté humble et bon, mais ce n'est pas suffisant pour éveiller la passion de la fille qui y trouve le contraire parfait de son père : il pourrait être plus pur et plus courageux. Enfin, dans l'annonce finale par le vicomte-domestique, qui reprend exactement celle de Théramène à Thésée dans Phèdre, la scène peut gagner à ce que le vicomte soit un peu plus taiseux encore, et l'impatience de Lechat plus grande : après tout, il n'a pas à montrer de compassion envers cet homme qui l'humilie jour après jour. Malgré ces quelques points à améliorer, le spectacle est de très bonne facture, et j'ai découvert un texte de premier plan. J'ai maintenant très envie de le lire ! # écrit le 27/10/14
-Déçu J'adore Hippolyte Girardot. Ou du moins je l'adorais, comme acteur. Et je me faisais une joie de le voir sur scène. Le moins qu'on puisse dire, c'est que j'ai été déçu. Dès la troisième phrase, le comédien bute sur les mots, ne fait pas toujours les liaisons. Mais bon, on excuse la timidité. On se dit, il va rentrer dans le jeu. Mais non. Une heure entière de mauvaise lecture monocorde, soporifique, sans relief et sans vie. Tout ça pour 17Euros en tarif OFF. Je pense qu'il apparaît clairement qu'à part choisir les extraits, le mec n'a rien foutu. C'est du dilettantisme, un manque de respect profond pour le public qui s'est déplacé pour le voir. Croit-il qu'une voix suffit à défendre un texte ? Que lire un texte ne demande pas autant de travail que le dire ? Je ne comprends pas. Il ne se rend pas service. Il ne sert pas le texte, qu'il prétend aimer, et il ne respecte ni l'auteur ni le public. Il se serait shooté ou alcoolisé comme Kerouac avant de venir nous délivrer ça que ça n'aurait pas pu être pire. En sortant, j'ai entendu un musicien de rue jouer du saxo, c'était sans commune mesure, et je me suis fait la réflexion qu'aucun artiste de rue ne pourrait se permettre une telle démarche d'enfant gâté. Est-ce que M. Girardot n'a pas d'amis pour l'avertir qu'il ne fallait pas faire ça ? # écrit le 26/07/14
Du grand Pinter ! Du théâtre, tout simplement ! Une mise en scène audacieuse et diablement efficace au service du texte, un texte admirable, et des comédiens investis et vrais. L'écriture à rebours du scénario (principe des films Memento ou Irréversible) est ici parfaitement restituée. Les décors changent à vue, et les personnages apparaissent ou disparaissent du champ pendant que les autres jouent. Ce qui permet à Mesguich d'installer un mari omniprésent dans le couple femme-amant, au point que l'amant ne parvient parfois pas à aller vers sa tendre aimée, gêné par l'obstacle psychologique du mari, rendu ici physiquement présent. On ne s'ennuie pas un seul instant. C'est drôle, c'est intelligent, c'est fin. ça se mange sans fin. Un seul bémol: Mesguich a pris le parti de rendre le mari omnipotent et quelque peu manipulateur, et de montrer surtout la facette naïve de l'amant, qui se retrouve arroseur arrosé lorsqu'il comprend qu'il n'est qu'un jouet du couple mari-épouse. Je vais relire le texte, mais il me semble qu'on aurait pu laisser plus d'ambivalence à l'anglaise dans les affirmations de l'amant à son ami. Tandis qu'ici l'amant est une sorte de romantique éthéré, sans personnalité une fois éloigné de son mentor d'ami qu'il vénère peut-être autant que sa femme. En tout cas, c'est un choix de mise en scène assumé, et cela fonctionne très bien ainsi. A voir absolument. # écrit le 23/07/14
L'esprit russe avec une note kafkaiesque. Excellente mise en scène, décor et scénographie très bien trouvés, comédiens hors pairs, avec une mention spéciale pour le gouverneur et Bobinsky. Courez-y ! # écrit le 19/07/14
J'ai adoré : Luchini Bacri et Sarkozy Bacri ont ma préférence. Hollande est très bien, un bémol pour Merkel. Une seule déception pour Candeloro Monfort : le vrai duo est plus drôle ! Mais Steeven et Christopher ont décidément plus de talent l'un que l'autre, et je ne dirai pas lequel ! A voir et à revoir. # écrit le 19/07/14