J'ai découvert Jacky Goupil il y a trois ans, et vu quelques-unes de ses pièces. Je le définirais comme un entomologiste de notre société. Quel que soit le thème abordé - le jeu, l'amour, le hasard, la séduction, le sexe, ou la police -, on le voit bien, avec sa loupe, observer jusqu'à l' épuisement chacun de ses personnages. Et lorsque les sociologues traduisent leur travail par des thèses ennuyeuses, lui, décrypte le sien sur scène, avec un humour ravageur, parfois au premier degré, parfois dans les hautes sphères. Cette comédie, servie par des comédiens excellents, ne déroge pas à la règle. Tous les amoureux se reconnaîtront à une période ou une autre de leur vie. Et n'auront qu'une envie : inciter leurs amis à venir voir la pièce (tiens, c'est un alexandrin !). # écrit le 26/01/19
La Manufacture des Abbesses - ne pas confondre avec le théâtre du même nom - est un charmant théâtre de 120 sièges, à visibilité parfaite. C'est un lieu particulier à Paris, dans la mesure où il programme exclusivement des auteurs contemporains. L'accueil chaleureux de l'entrée laisse pressentir un spectacle de qualité, choisi avec amour par une équipe soudée. Ce type de texte est particulièrement difficile à exploiter dans la mesure où l'on pénètre dans la pensée et l'inconscient de l'auteur. Comment interpréter la folie, l'inceste, sans avoir soi-même de repères ? D'autre part, la mise en scène de Nicolas Lakiobatis, également sur scène, est tracée au cordeau. C'est du travail de précision qui, une fois le propos posé, entraîne le spectateur dans une spirale de rebondissements. J'entends par rebondissements, non pas l'action, quasiment linéaire, mais les changements de ton et de postures qui nous mettent si bien mal à l'aise. Enfin, au niveau technique, j'ai été admiratif du jeu des comédiens. Le talent ne suffit pas, et l'on devine des heures et des heures de souffrance, de travail acharné et méticuleux. Je souhaite longue vie à la pièce de l'Autrichien, nappée de milliers de spectateurs. Assister au Déjeuner, même si vous n'êtes pas friands de Thomas Bernhard, ne vous laissera pas sur votre faim. ZAZACK # écrit le 29/03/18
-" Ta bouche est d'une morte et tes yeux sont des roses " (Jean Genet)
9/10
Sur la façade du théâtre, l'affiche représente des jeunes femmes à la complicité amoureuse. Le cadre est champêtre. Mais dès le seuil franchi l'air frais et vivifiant de novembre devient âcre et suffocant : l'une des deux va mourir. Cette pièce, écrite au féminin, est d'une extrême brutalité, voire de cruauté. La description du milieu carcéral féminin est au-delà de tout entendement. Les couleurs défilent : du rose au noir avec arrêt au gris. Gris dont on devine en filigrane l'éclosion d'un amour saphique. On ressort de la salle secoués mais enthousiasmés par le jeu ahurissant des 3 comédiennes, la qualité du texte de l'auteure, et l'approche méticuleuse de la metteuse en scène. Ce style de dramaturgie est rare à Paris. D'où l'intérêt de vous précipiter au Montmartre-Galabru. À la fin, les comédiennes proposent aux spectateurs de prendre un verre en leur compagnie. L'air redevient respirable. # écrit le 09/11/17
GARE AU GORILLE ! J'ai eu la chance de voir la nouvelle création de Jacky Goupil en avant-première dans un charmant village du Vexin : Fontenay-Saint-Père. Le gorille est dans le commissariat. On l'entend hurler - le libidineux gorille - et le suspense demeure inhumain. Va-t-on voir la bête à poils apparaître sur scène ? Indice : la photo de l'affiche. Encore une fois, toutes mes félicitations pour ce nouvel opus, son rythme, ses accents simiesques, et ses chutes de rire au millimètre ! Quand l'almanach Vermot rejoint la Compagnie du Mardi, cela confine au sublime. Les aficion(ados) du travail de Goupil et de ses thaumaturgiques comédiens trouveront leur compte et les nouveaux venus prendront un abonnement à vie. # écrit le 18/09/17
Trois excellentes raisons d'aller voir Rustres ! : - Une mise en scène à tomber par terre, mais la moquette est confortable ; - Le jeu extraordinaire de Cynthia Alcalay dans le rôle de Lucietta ; - L'osmose entre les comédiens, d'un niveau bac + 10. Le 25 novembre 2015, j'ai vu la pièce jouée par la Comédie-Française au Vieux-Colombier. Je préfère de loin - et de près d'ailleurs - l'adaptation de Jérôme Sanchez. # écrit le 26/03/17
Si vous aimez les comédies déjantées,où le rire d'étouffement par rire vous guette à chaque seconde, faites-vous plaisir ! C'est au Guichet Montparnasse. # écrit le 30/04/16