Alors oui : ceux qui viennent pour la grande vedette Catherine Jacob risquent la déception. Non pas qu'elle joue mal, bien au contraire, mais son rôle dans la pièce n'a rien de comparable avec ses rôles de premier plan au cinéma et à la télévision. Et c'est çà qui est remarquable : elle ne joue pas le rôle principal de la pièce et son jeu est tout en réserve, laissant la place à ses 2 camarades. Elle joue juste. Et encore oui : ceux qui pensent assister à une bonne pièce de théatre comique sur la base d'un scenario original et d'actualité (six feet under) risquent également de s'ennuyer. Non pas que la pièce est mauvaise, non bien au contraire. Mais l'histoire, somme toute banale et sans grands rebondissements que l'on ne saurait prévoir, n'est que le support à une surprenante mise en scène, à un large espace de jeu des acteurs (dont on perçoit le bonheur de cet exercice), et à une variation de références à des genres contemporains, tantôt BD, tantôt roman policier, voire cascades au ralenti de film hollywodien genre Matrix. Décor et costumes ne sont d'ailleurs pas en reste pour évoquer ces références. Claude Perron évoquera même les films de James Bond dans une chorégraphie minimaliste d'un jeu de jambes assez impressionnant ! Chacun des 3 acteurs évolue dans un style particulier bien en accord avec les personnages. Mais nous ne pouvons pas conclure sans une mention particulière pour le remarquable jeu de Micha Lescot, présent tout au long de la pièce et dont le personnage évoluera sous nos yeux d'un état d'adolescent à un celui d'un adulte... simplement grâce à une urne funéraire. Courrez-y ! Faites l'expérience d'un nouveau théâtre au service d'un humour contemporain. # écrit le 24/01/07 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Avec un univers très "parisien", un milieu très particulier, celui de l'Art, on pourrait penser au début de la pièce que le spectateur aurait du mal à se laisser emporter et divertir par les malheurs, somme toute très intellectuels, de la galeriste Véronique La Bodinière, rue de Seine. Mais bien au contraire, le rythme de la pièce est soutenu, les personnages très pittoresques, sans verser dans la caricature, et l’histoire à rebondissements. Si par moments, l’histoire tourne un peu en rond et si la fin est finalement un peu convenue, l’ensemble est très divertissant et le texte riche de réparties à réutiliser… dans vos dîners parisiens. L’actrice principale, Vava MONTEO, est remarquablement à l’aise dans cette comédie et vous ne pourrez que souscrire à son talent comique. # écrit le 15/11/06 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
La pièce emmène le spectateur progressivement vers une atmosphère particulière, la prison, vers des personnages qui ne semblent plus avoir prise sur la tournure de leur vie, vers une réalité que nous avons peut-être cru connaître ou imaginée à travers quelques séries TV américaines... mais qui est exposée ici en nous prenant à partie. De spectateurs passifs, la mise en scène, le jeu (puissant) des acteurs, le texte qui s'adresse parfois au public... tout nous obligent à devenir des spectateurs interpelés, qui jugent, doutent, comprennent... ou pas et rejugent, redoutent... et finissent par sortir du théâtre plus ou moins ébranlés, avec un petit mal à l'aise au fond d'eux-même. Tout cela est censé se passer aux USA... mais n'est-ce pas sensiblement la même chose en France ? Courrez-y !! # écrit le 11/09/06 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
A priori un talent de romancier doublé d'un talent de scénariste ne préfigure pas un talent d'auteur dramatique et pourtant la première pièce de théâtre écrite par Philippe Besson est exceptionnellement juste, dans l'écriture, le rythme, le format, les personnages et l'histoire délivrée. C'est sans doute parce que son texte est autobiographique et qu'il ose, avec pudeur et finesse, une mise à nu de ses sentiments. Sentiment. C'est bien là le maitre mot de cette pièce de théâtre : quelle réalité ? quel partage ? quelle justesse ? Et le duo de comédiens qui incarnent ces 2 personnages se retrouvant quelques années après leur séparation et un amour partagé, porte magnifiquement la difficile histoire universelle de la vérité des sentiments dans un couple, avant, pendant et après son histoire commune. Après une très bonne saison, la pièce n'est plus jouée, pour l'instant. Les comédiens ont bon espoir qu'elle soit reprise d'ici peu, au bon vouloir des directeurs de théâtre... À surveiller donc. En attendant, il reste le texte de la pièce publié chez Julliard. # écrit le 10/11/14
Le théâtre de boulevard, c'est une formule assez connue et attendue lorsque l'on est spectateur. Le gros atout de cette pièce est de réinventer le genre. D'abord par les effets : ici, pas d'amant ou de maîtresse caché(e), pas de portes qui claquent. Ensuite par le sujet : l'adultère n'existe pas, il n'est que fausse réalité posée par un quiproquo. Enfin par le thème puisant dans le débat sociétal contemporain de l'homosexualité : un avocat est soupçonné par sa femme de la tromper avec un de ses associés, fiscaliste, quil retrouve nu dans son lit à son réveil au point de douter de lui-même en l'absence de souvenirs... L'histoire nous tient en haleine jusqu'au bout, on pense à un complot, un mensonge, (de l'un, des autres), à Alzheimer... bref pas de lassitude tout au long de cette pièce portée par 3 comédiens, dont l'auteur, qui nous font rire très régulièrement. Ceci dit, l'histoire se situe classiquement dans un milieu parisien privilégié, ce qui peut expliquer que l'on utilise quelques clichés à propos des relations de couple entre hommes, même si cela sert bien la pièce, comme la Cage aux Folles l'avait été avec les clichés de l'époque. Un bon moment donc. Seul bémol : le jeu des acteurs (sauf l'auteur) qui peut paraître parfois un peu trop empreint de leurs parcours cinématographiques # écrit le 09/11/14
Un spectacle que l'on pourrait croire "de filles", conversations entre 3 femmes américaines ? Pas du tout. Même si la dimension féministe est un peu présente, à travers l'histoire de ces 3 femmes confrontées à l'occasion d'exister, se venger ou se libérer de leurs maris, c'est aussi l'histoire de l'évolution de la société américaine de ces 20 dernières années qui nous est présentée, servie par une écriture ciselée, riche et captivante et par le jeu exceptionnel des 3 comédiennes. On pense aux pièces de Miller c'est dire le niveau ! Courrez y ! La dimension du théâtre renforce l'intensité dramatique partagée La mise en scène et le décor participent également de cette intimité à suspens dont la fin ne peut jusqu'au bout cesser de nous tenir en haleine # écrit le 09/11/14
Difficile d'échapper au début de la pièce au souvenir du film avec Simone Signoret, monstre sacré. Difficile aussi de ne pas être un peu "agacé" au début par le phrasé un peu enfantin, agité et démonstratif du jeune Mohammed. Mais, porté par le texte magnifique de Romain Gary, le grand talent de Myriam Boyer et d'Aymen Saïdi nous emmène dans cette histoire bouleversante d'émotions. On sourit, on est touché, on rit, on pleure, sans voir le temps passer. Les autres comédiens sont d'une justesse et d'un talent remarquables. La mise en scène est très astucieuse et sert le texte et le huis clos de cette histoire. Evidemment, Mme Rosa nous séduit et nous bouleverse parce qu'incarnée avec très grand talent par Myriam Boyer. Et il est remarquable qu'au moment des saluts, pour l'ultime rappel, lorsque la comédienne a laissé son personnage en coulisse et arrive sur scène les cheveux lachés, le visage illuminé d'un sourire de bonheur, elle parait soudain 10 ans et 20 kilos de moins ! Bravo et courrez-y !! ps : préférez l'orchestre à la corbeille. # écrit le 28/02/08
Malik Fares
Tania Dutel