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Ses critiques Théâtre contemporain: Big Mother -Du cinéma au théâtre 10/10 Espérons qu'on n'ait bientôt plus à la présenter au grand public. En attendant, on doit retenir de la talentueuse Mélody Mourey que tout ce qu'elle touche se transforme en or. Après le succès qu'ont connu Les crapauds fous et La course des géants, voici Big Mother. Changement de décor, changement d'ambiance, changement d'univers. Changement. A ce point, l'oeuvre n'est même plus théâtrale, elle est cinématographique. Fonctionnant sur un rythme effréné, avec une bande-son qui fait palpiter le coeur et surtout un scénario très élaboré, elle nous plonge dans un scandale à l'américaine, mêlant politique et journalisme, ce qui promet de faire mauvais ménage. Et de servir un incroyable thriller, pour notre plus grand bonheur. 2023 aura été une cave abritant de grands crus, comme cette pièce légitimement mise à l'honneur : cinq nominations aux Molières, notamment en tant que meilleurs spectacle et mise en scène, ou encore second rôle féminin avec la performance de Karina Marimon. Une véritable consécration ! Le spectacle ne conviendra pas aux plus jeunes enfants, attendez qu'ils deviennent un peu plus big ; cependant vous pouvez y inviter votre père ou votre mother. De toute façon, on le saura bien : il se peut qu'on vous surveille... # écrit le 10 Mars
| Théâtre contemporain: Terreur -Attention à l'atterrissage 9/10 Voici une pièce intéressante et très bien jouée qui ne laissera personne indifférent. Et pour cause, puisque chaque spectateur a un rôle dans ce qui se déroule, là, devant ses yeux. Avec une scène convertie en tribunal et des comédiens accusant, se défendant et essayant de faire avancer le débat, vous êtes bien au coeur d'un procès. Et que vous le vouliez ou non, vous êtes un juré, donc investi d'un rôle. Pas des moindres. Alors qu'une pilote de l'armée de l'air se retrouve à être jugée pour avoir pris la décision, contre l'avis hiérarchique, d'abattre un avion de ligne détourné pour aller s'écraser dans un stade plein de supporters, tous les arguments vont et viennent pour prendre sa défense ou l'accabler. Mais vous, qu'auriez-vous fait ? Et votre voisin, sur le siège à côté ? Peut-être que votre décision laissera des séquelles ? Ou bien la sienne... Peut-être même que vous regretterez d'avoir embarqué pour un vol garanti 100% turbulences. Vous pouvez toujours attacher votre ceinture mais... les dés sont lancés ! # écrit le 07 Mars
| -Il faut bien faire la liaison 10/10 Avec Les liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos nous a livré une histoire passionnante et culottée... ou pas. On a tous quelques images en tête, dont la savoureuse rédaction d'une lettre écrite sur un corps offert, mais rien ne vaut celles procurées par la mise en scène d'Arnaud Denis, qui interprète également l'un des rôles les plus emblématiques. Quelle inventivité pour le Théâtre ! Quelle atmosphère ! Les jolis décors de Jean-Michel Adam se succèdent avec fluidité, on joue avec la lumière ou bien des effets de rideaux, c'est pensé et exécuté intelligemment. Les costumes sont, eux aussi, magnifiques, et ils sont portés par des comédiens qui le sont tout autant, comme Delphine Depardieu ou Salomé Villiers, à qui fut d'ailleurs décerné le Molière de la révélation féminine en 2022. Les noms de Valmont, Merteuil, Tourvel, Volanges résonnent en arborant tantôt des touches de naïveté, tantôt des notes de machiavélisme immoral qui risque d'occasionner des lésions dangereuses. Mais c'est ça qui est bon, et la meilleure façon de les réparer, c'est de combattre le mal par le mal : la suite, intitulée sobrement Merteuil, a déjà été annoncée par une missive, peut-être pas rédigée sur un dos, mais prometteuse d'une pièce qui en aura sans doute dans le ventre. # écrit le 30 Janvier
| -Magicien 2.0 7/10 Si le mot magie vous fait penser à Garcimore ou même à David Copperfield, alors oui, dites-vous bien que vous n'êtes plus trop dans le coup. Klek Entos a voulu dépoussiérer l'ensemble des clichés que l'on peut avoir en tête, il s'est construit un personnage, une identité composée d'un look intégral, masque inclus. Impossible de savoir qui se cache derrière, et ce n'est pas sa voix métallique qui risquera de nous mettre sur la piste. Dans une atmosphère inquiétante, il rivalise de créativité pour créer des tours et des illusions pourvus d'une vraie originalité (même si certains ne sont pas si compliqués à comprendre, surtout dans les premiers rangs...). Les spectateurs n'en mènent pas large et semblent regretter le bon vieux temps où, au pire, on avait affaire à un prestidigitateur, une scie à la main, qui ne voulait s'en prendre à nul autre qu'à son assistante, rien de plus, ça restait en famille... En l'occurrence, si vos projets de sorties sont familiaux, épargnez les plus jeunes, qui pourraient se laisser effrayer. Ou alors il faut passer au concept de divertissement non plus pour récompenser mais pour punir : tu n'as pas été sage, je t'emmène au Palais des Glaces, voir le Père Fouettard 2.0... # écrit le 23 Janvier
| -Ça mérite combien ? 7/10 En réunissant sur la même affiche François Berléand, fidèle au théâtre, et Sophie Marceau, plutôt accoutumée aux grands écrans de la scène nationale et même mondiale, on sait tout de suite que la note atterrira bien au-dessus de la moyenne. Il y a fort à parier que les spectateurs se déplacent avant tout pour la grande actrice, l'une des plus charmantes ambassadrices de la France, et qui se fait extrêmement rare sur les planches. À tel point, d'ailleurs, que les premières répliques manquent de naturel et semblent, étrangement, un peu sur-jouées. Le sujet, quant à lui, a beau comporter quelques touches d'humour parsemées ici et là, il n'est pas très gai, et l'on devinera que le 20/20 ne peut être atteint. Heureusement, notre duo de surdoués ne connaît pas la page blanche ; dans un style académique, il passe et réussit quand même largement l'examen, pour finir avec une mention très bien. # écrit le 17 Janvier
| -Grave dans le fond mais pas dans la forme 7/10 Interruption, c'est une seule lettre sur trois, capitales. Celles de l'IVG. Le sujet étant Important et Vraiment Grave, trois comédiennes ont décidé de s'en emparer, mais avec une certaine légèreté. S'émouvoir, impossible de faire autrement, mais s'apitoyer, hors de question. D'âge et d'expérience différents, leurs témoignages sont autant d'histoires de femmes, en général isolées, parfois désemparées. Avec une façon de vivre les choses, et une autre de les raconter. Dans une mise en scène plutôt intimiste, pouvant rappeler les célèbres Monologues du vagin, malgré l'humour en surface, la pièce met en éveil tous les sens et les organes : on a beau faire de l'esprit dans certains passages, d'autres prennent aux tripes ou font monter les larmes aux yeux, surtout quand on a du coeur... # écrit le 08 Janvier
| -La tortue... 9/10 On l'attendait depuis plusieurs années et il est enfin arrivé, sans se presser... Mais lorsque Christophe Willem sort de sa carapace, attention, c'est un lièvre qui bondit. La scène lui appartient, le public se donne à lui. Et comme à son habitude, il le lui rend parfaitement. A l'aise au micro aussi bien pour chanter que pour parler, il sait y faire. Ses interactions sont sincères et chaleureuses. Quelle générosité ! Avec une scénographie qui ne cherche pas à être tape-à-l'oeil mais plutôt à créer une ambiance cocooning, les tubes s'enchaînent, la foule s'agite. Que c'est bon, d'être invité à un concert privé dans le salon d'un ami. Il ne faut pas dire "Lafontaine, je ne boirai pas de ton eau". Ce soir-là encore, la tortue a fait un sprint. Et ce n'était pas une fable ! # écrit le 13/12/23
| -Ça va mieux en le disant ! 8/10 Est-ce que toutes les vérités sont bonnes à dire ? Vaste sujet, que l'on pourra conserver pour les oraux de Sciences Po... En tout cas, dans cette reconstitution du mandat présidentiel de François Hollande, de savoureux épisodes sont retranscrits, plus ou moins romancés, évidemment, mais avec un plaisir certain pour le public comme pour les comédiens, qu'ils soient du côté du pouvoir ou de celui de la presse. Car c'est précisément cette relation d'interdépendance entre le Président et les journalistes qui est ici relatée ; qu'ils le veuillent ou non, ils sont inexorablement liés. Et si le Chef d'Etat voudrait probablement parfois se passer de quelques titres pouvant nuire à son image, il sait aussi qu'il ne la maîtrisera qu'en parvenant à contrôler les fabricants d'articles. C'est instructif, intrusif, drôle, poignant, cruel, jouissif, un brin sadomasochiste donc, et tellement plein de "je t'aime, moi non plus". Pervers, direz-vous ? Mais bien sûr : c'est de la politique ! On est dans du concret, pas dans une pub : what did you expect ? # écrit le 05/07/23
| -Ma différence à moi... 8/10 Elle revendique de ne pas être comme tout le monde et il est vrai que dès le début, on ne peut pas dire qu'elle recherche le consensus. Délibérément provoc', elle ne passe rien et donne au contraire l'impression d'avoir passé en revue tous les thèmes les plus dérangeants. Euthanasie, handicap, discrimination, sexisme, ne sont que de doux mots à son oreille, qu'il vaut mieux ne pas avoir chaste quand on va l'écouter. Et pourtant, à première vue, elle semblerait si inoffensive, la petite Suissesse... Méfiez-vous de l'eau qui dort, Fanny Pocholle risque de vous la mettre à la bouche. En clair, si vous n'en avez pas encore, trouvez le moyen de vous équiper d'une bonne grosse dose de dérision car cette humoriste fait dans le sarcasme, avec sourire quoique sans modération. Et sa différence ne peut laisser indifférent. Mais après tout, puisque son credo repose sur le fait de savoir lire entre les lignes, cela a aussi le mérite de prouver qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Derrière une Barbie peut se cacher une Chucky. Le conseil, maintenant : si vous aviez prévu d'y aller avec vos enfants, vous le pouvez ; mais attendez qu'ils soient devenus adultes... # écrit le 17/04/23
| -Pour parents... et enfants 8/10 Si toute la famille peut être conviée à la représentation, soyez prévenus, le sujet risque de secouer. À la suite d'une révélation ni complètement voulue ni totalement contrôlée, les conversations vont s'engager entre les membres d'une fratrie et leurs parents. Tout sera dit ou presque, il y aura à boire et à manger, quitte à couper l'appétit, comme après un repas trop riche. Sauf qu'ici les matières grasses sont les paroles, le ton qui monte est le mauvais cholestérol : trop de gourmandise et hop, c'est l'indigestion. Outre l'effet comique lié au jeu des acteurs qui en font une bonne comédie, la pièce invite évidemment à la réflexion, le transfert étant absolument inévitable. Qu'aurais-je fait ? Qu'aurais-je dit ? Qu'aurais-je demandé ? Après, libre à vous de garder les réponses en votre fort intérieur ou de les partager avec les colocataires de votre chaumière. Mais dans ce cas, ne vous étonnez pas que certaines scènes vues sur les planches se reproduisent sur les lattes de votre parquet... # écrit le 16/04/23
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