Ses critiques -Honneur aux dames ! 9/10 Vu ce jeudi 9/9, ce spectacle n'est plus à l'affiche. cela ne m'empêche pas d'en dire tout le bonheur qu'il m'a procuré - en premier lieu, s'il revient dans quelque salle de France ou de Navarre, NE LE LOUPEZ PAS - Vous passeriez à côté d'1h15 d'enchantement ! Un régal de fraicheur, de verve, de talent, d'ingénuité, de profondeur aussi prodigués par 5 actrices et chanteuses magnifiques...accompagnées de doigts de maître par un pianiste formidable. 1952, la France d'après-guerre se reconstruit, les femmes travaillent et les demoiselles du téléphone, tout comme les sténo, en sont un symbole. mais la pièce montre aussi que le paradigme reste la "femme au foyer" et la "génitrice" du repeuplement - le tout couronné par un phallocentrisme dominant. Hélas, billereduc ne met pas les rôles en face des noms...donc je les cite par leur rôle. Jo, une vraie gouailles parisienne, pleine de peps. La jeune Catherine, débutante, fraîche comme une rose, au tempérament de feu ingénue à souhait. La pulpeuse Lily, comme une vamp de magazine des années 50, à la recherche de la sécurité conjugale dans ses rêves de midinette, vite déçus. La cheffe de bureau, aussi pète-sec qu'une institutrice en blouse grise, mais qui cache un coeur sensible et qui ne demande qu'à s'enflammer. Enfin, comme une figure de star mythique, croisement de Simone Simon (dans la Féline) et de Mireille Balin (dans Pépé le Moko) la superbe patronne, Claudine, trompée par un mari volage (Dieu, qu'il ne connait pas sa chance), qui se noie dans l'alcool, les rêves romantiques et arbore des robes à tomber. Les textes sont fins, subtils, les rythmes sont entrainants. Dans ce genre de spectacle, difficile d'attendre mieux. Le public applaudit à rompre, les mines sont réjouies, que demander de plus. Bravo et comme on dit au théâtre...M...pour les prochaines représentations, avec un public bien plus nourri qu'en ce jeudi 8/9/22...de fin de règne !! # écrit le 11/09/22
| -Bernard MENE (z) une danse échevelée ! 8/10 Tapez "duos sur canapé" et réservez illico - vous avez la garantie de passer une formidable soirée. Le sujet est original - un couple en voie de divorcer, obligé de partager son salon, avec comme frontière une ligne de démarcation "check-point canapé" ! D'où cette pièce digne de Feydeau ou Labiche, dans la plus pure tradition de la comédie de boulevard, avec tous les ressorts scénaristiques pour ravir le spectateur, avec comme maître de cérémonie, comme Mr Loyal, le grand et savoureux Bernard Menez, accompagné formidablement à propos par Michel Guidoni, qui mérite une reconnaissance du public, allant bien au-delà de la confidentielle revue de presse. Ajoutez y deux très jolies et talentueuses actrices, un jeune et élégant acteur, tous pleins de verve, vous aurez un cocktail réussi. # écrit le 11/09/22
| -Un sujet daté 6/10 Oui d'accord Berléand et Dulery sont épatants, l'un tout en intériorité, l'autre tout en flamboyance ; ils m'ont régalé de leur talent, malgré un sujet bien peu original et peu moderne. l'argument a déjà été exploité avec nettement plus de finesse dans la veine "cocasse" par Gogol (le Nez, le manteau) et par Emmanuel Carrère (la Moustache). Quant aux répercussions des troubles psychiques sur le corps, ils sont bien connus depuis 50 ans avec la médecine psychosomatique. la pièce fait défiler à souhait tous les concepts éculés et peu scientifiques de la psychanalyse, cette maladie qui se prend elle-même pour son propre remède, selon le mot du satiriste Karl Krauss : "racontez moi votre enfance...Faut tuer le père, la mère...sans parler des fumeuses théories freudiennes sur le trauma sexuel infantile refoulé. Sans la verve de nos deux monstres sacrés, et jouée par des acteurs moyens, cette pièce serait bien ennuyeuse. # écrit le 13/03/22
| -Promesse tenue 8/10 Voilà une belle pièce, enthousiasmante, drôle, roborative, subtile et intelligente, et à peine caricaturale, tant les dérives de politiciens corrompus ces dernières années, n'ont fait qu'accréditer l'idée répandue dans l'opinion du fossé séparant les promesses de campagne et les réalisations concrètes une fois le pouvoir acquis. Toutefois la pièce n'est pas un plaidoyer pour une morale politique, elle constate le fait avec beaucoup de réalisme et d'humour. Les acteurs sont excellents et rendent une partition savoureuse. Le Premier ministre, d'une authentique mauvaise foi, le député, véreux jusqu'à la moelle, l'assistante sous ses airs d'ingénue espiègle qui cache une ambitieuse féroce, la femme du Premier ministre, sexy et sensuelle, à laquelle l'on donnerait le bon dieu sans confession, qui gruge tout son monde, et "l'espionne" tout en rouerie mielleuse et redoutable. Un vrai régal, à savourer sans modération, même pour les plus de 12 ans ! # écrit le 21/02/22
| -Génie et poésie 9/10 Les deux se conjuguent dans cette pièce et cette interprétation d'une exceptionnelle densité. Les mots de J.M Djian sont à la hauteur du génie de Rimbaud et traduisent avec gravité, humour et auto-dérision l'univers de l'homme aux semelles de vent. Il nous fait pérégriner à l'intérieur du cerveau-monde du poète et nous renvoie le miroir de toute l'humanité, souvent au bord du précipice mais en équilibre fragile entre les deux rives d'un même continent intérieur : génie et poésie. L'auteur parvient à réduire la structure des éléments poétiques à leur essence et à rendre en même temps la profondeur du chant, les tons et les mouvements de la phrase, le tout avec une technique limpide de l'écriture. Le détail est englobé dans le tout, et l'essentiel atteint une intensité magnétique, à laquelle Darroussin apporte son extraordinaire interprétation. Tel un magicien des mots (de Rimbaud et de Djian entremêlés) , il nous fait entrer dans les sensations subconscientes, et inconscientes, dans les visions mystiques, qui sont non seulement le reflet d'une attitude poétique mais aussi l'équivalent mental de nos propres angoisses. Cette originale trilogie (poète- auteur- acteur) nous demande d'entendre non pas qu'avec les oreilles, mais avec le corps, la chair, l'esprit et l'âme. Cette mise en abyme de l'écriture, de la poésie, de l'art du comédien, nous renvoie les atomes de toute cette énergie mentale, physique, et mystique. Je connaissais bien sur Darroussin derrière le grand écran mais là, comme il le dit pour Michaux, quelle claque dans la tête ! Acteur du vertige, de l'intériorité, de l'au-delà des mots, il m'a rappelé les interprétations hallucinées de Roger Coggio (le Fou de Gogol) de Didier Bezace (dans la Maladie humaine de F. Camon), de Denis Podalydès (dans le Cas Jekyll de C. Montalbetti,). Tout est tellement dense, fort, puissant que cela mériterait des pages d'éloges ; toutefois, vous l'aurez compris, passer à côté de cette oeuvre serait se priver d'un grand moment de théâtre et d'un pur moment de bonheur, qui ne peut que rester gravé dans sa mémoire. # écrit le 09/02/22
| -Un Caubère M(ag)ISTRAL 9/10 Et le jeu de mots n'est pas fortuit tant Philippe Caubère nous enchante avec la Provence de Daudet et Mistral - Quel conteur magistral, quel acteur magnifique. je le dis tout de go, les occasions de le voir sur scène sont assez rares, alors ne manquez pas cette occasion unique. A lui tout seul, il synthétise toute cette belle Provence : ses écrivains (Daudet, Pagnol, Giono, René char), ses acteurs (Raimu, Fernandel, Poupon, Delmont, Blavette), ses poètes félibres (Mistral, Roumanille, Aubanel). On croirait entendre les cigales chanter dans la montagne du Lure, les bartavelles au-dessus du massif du Garlaban, et le mistral siffler sur les beaux villages du Lubéron. Tout le monde connait la chèvre de Mr Séguin ou le curé de Cucugnan, mais avec Caubère qui en livre une interprétation à la fois délirante et drôle, nous les fait découvrir comme si c'était la première fois, qu'on les entendait. c'est tout l'art du conteur, de l'acteur génial réunis pour magnifier cette belle langue et des thèmes immortels. La performance est exceptionnelle et les spectateurs de cette première ne s'y sont pas trompés, en le remerciant par des apllaudissements fort nourris. Seul gros bémol. Qui a eu l'idée saugrenue de ce vilain et sinistre décor d'un mur noir derrière lui où l'on croirait voir une exposition de Soulages, alors que le thème aurait mérité un décor aux lumineuses et fraiches couleurs de la Provence. Non seulement cela n'aurait pas desservi le jeu de l'acteur, mais aurait magnifié le texte, et donné à l'ambiance générale, un supplément d'âme - cette réserve faite, Caubère à lui tout seul vaut le déplacement et espérons que toutes les séances à venir feront salle comble. # écrit le 12/11/21
| -Pétillant et grisant comme du champagne 9/10 Amateurs de spectacle original, décalé, fin, intelligent, humoristique, ne cherchez pas ailleurs, c'est la, la, la - au palais des glaces, qu'il faut courir au plus vite pour "savourer" ce que nous offre avec un talent fou ces Divas là de l'amour, qu'elle nous donne avec leur enthousiasme communicatif et on (moi, bien sur) les AIME - 3 voix magnifiques, en solo mais surtout ensemble où elles nous étourdissent avec des jongleries vocales, qu'on n'entend nulle par ailleurs. de véritables prestidigitatrices de l'art de chanter ensemble, dans un ballet savamment orchestré, sans fausse note et ce qui est magistral en se renvoyant les vocalises, comme en texte, l'on se renverrait de piquantes répliques. cela est d'un art consommé qui sans y paraître demande un travail fou pour parvenir à autant de maîtrise. C'est aussi désopilant, quant au second degré, elles égratignent mais avec élégance, les paroles souvent "neu neu" des chansons (ou roucoulades d'amour), exercice qui atteint des sommets de drôlerie avec "Capri, c'est fini". Quant à la séquence, où elles se muent en trois "vieilles" se remémorant leurs histoires d'amour en face de celui pour lequel elles avaient perdu la tête, on atteint presque à Molière ou Feydeau et on flirte avec l'absurde de l'état amoureux et le ridicule de "l'énamourement". Alors vraiment mille BRAVOS à ces trois très jolies (dans les 2 sens du terme) artistes, qui quand on voit en haut de l'affiche de salles prestigieuses des has been ringards, mériteraient sans conteste d'être tout en haut de celle de l'Olympia, par exemple. il y a peu de spectacles dont je garde le souvenir intense, celui-ci en fera partie. Alors, fidèles spectateurs, ne passez pas à côté. # écrit le 09/11/21
| -Merveilleuse surprise 9/10 ...que cette pièce sans prétention qui joue à merveille le comique de situation, petit bijou d'intelligence, d'énergie et d'humour, partition magnifiquement orchestrée par un trio d'acteurs au diapason, complices et complémentaires. Parti d'une situation cocasse, les quiproquos s'enchainent, les protagonistes vont de surprise en surprise et nous avec. les comédiens sont épatants (ce soir-là, Jeff Dias tout en manière de doux rêveur, un peu lunaire comme le mime Marceau ou Pierre Etaix ; Arnaud Joyet, bourru à souhait, dépressif mais dont on ne croit pas une seconde qu'il va passer à l'acte, tant son potentiel ne demande qu'à être révélé et la très pétillante Joyce Fanfrenet, qui ne démériterait nullement avec sa malice, sa présence, dans une comédie de Broadway). Le rire culmine dans cette séquence hilarante et désopilante où lui (Mathieu), singe, parodie elle(Marion) et réciproquement, sous le regard ahuri du "suicidaire" ! je me joins donc à toutes les bonnes critiques qui conseillèrent vivement d'aller se rafraichir l'esprit en ces temps moroses avec cette charmante pièce. # écrit le 03/11/21
| -Emouvantes et subtiles variations sur l'amour 8/10 Sur un sujet vieux comme le monde, cette très belle pièce, par son originalité réussit le tour de force de renouveler le thème de la relation amoureuse. On commence par s'approcher, se séduire, se connaître, se rendre indispensable à l'autre, puis les malentendus s'installent, et l'incompréhension vient alourdir quelque chose qui était léger, insouciant, pour finir dans des sentiments qui se complexifient et aboutir à une manière de drame ; d'autant plus que chacun (lui surtout) n'est pas débarrassé des fantômes du passé. l'on pense aux déchirements si prégnants des pièces de T. Williams. Si la comédie domine quelque peu, le drame, telle la bête dans la jungle rôde et menace le couple de déliquescence. Eternelle problématique de toute histoire d'amour, fort bien servie par de subtils dialogues et remarquablement interprétée, par les 2 acteurs. Elle, pleine de charme, pétillante, ingénue, troublante et bouleversante. Lui, léger, puis plein de sobriété retenue, profond, ténébreux et tout aussi bouleversant, dans son enfer intérieur. Au-delà du jeu de la séduction, cette pièce est traversée par la question quasi ontologique de la difficulté d'aimer et de laisser perdurer un amour. Tout autant que les avis déjà formulés, il serait dommage de passer à côté de cette solide et émouvante représentation. # écrit le 22/10/21
| -Une magistrale observation de l'absurde contemporain 9/10 Puisque j'inaugure la rubrique "avis" de ce spectacle, je n'hésite pas à me muer en promoteur zélé de ce spectacle tant bill François mérite amplement que le spectateur amoureux de one man show intelligent, drôle, fin et subtil y trouvera un compte quasi parfait. je dis tout de suite que j'en suis sorti (et le public aussi tant les applaudissements furent nourris, au point presque de gêner l'acteur qui ne s'attendait peut-être pas à pareille reconnaissance), enchanté, plus encore "plus intelligent", tant il nous présente le miroir déformant d'une époque, la nôtre, en laquelle chacun se retrouve. Il le dit avec une précision quasi scientifique qui vaut toutes les analyses de pseudo-experts, qui envahissent les plateaux TV, qu'il n'est nul besoin de regarder, car mieux vaut aller le voir et on aura une synthèse parfaite de notre absurde contemporain. Inutile d'ajouter que la prestation est époustouflante, tant bill François réussit ce tour de force de donner une logique à l'incohérence même de notre société actuelle. Il est même quasi miraculeux qu'il ne se perde pas dans cette mécanique qu'il déroule avec maestria, car de digression en digression, il nous fait comprendre, ce qu'est à son corps défendant "l'homo consommatus", ou "l'homo numericus", pris ou aliéné) malgré lui, dans un univers qui le dépasse. Alors osons les comparaisons, Huxley et Orwell ne sont pas loin, et sur le plan, finesse, intelligence et drôlerie, il est au 21eme siècle, ce que Molière, Pierre Dac et Raymond Devos étaient au siècle précédent. Bill François, justement récompensé en 2019 du prix de l'éloquence, mérite une salle archi pleine, bien plus que tous ces humoristes médiatiques (ou ces has been d'une profession qui s'essouffle) qui ronronnent depuis des lustres, tant son spectacle est d'une nouveauté, d'une originalité rares en ces temps de "crise de la pensée". c'est un vent de fraicheur, on en sort ragaillardi, et finalement optimiste, car son rire ou sa dérision voire auto dérision sont salvateurs et salutaires. je ne regrette qu'une chose : j'aurais aimé en sortant avoir en mains son texte écrit, pour le savourer tranquillement, tant la rafale de pensées qu'il énonce et que l'on ne peut retenir, mérite que l'on s'y attarde "à part soi". j'espère avoir convaincu les fidèles lecteurs de billereduc, de consacrer 2h de leur temps (qu'ils ne regretteront pas) à aller le voir et surtout l'entendre ; pour les autres, ma promotion reste insuffisante, elle relève de l'entourage de Bill François, promis je l'espère à un bel avenir tant dans le théâtre ou le cinéma, que dans l'écriture tant il a de cordes à son arc, duquel in ne décoche que des flèches d'intelligence et d'humour. # écrit le 14/10/21
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