-De la Haute-Suture pour un Humoriste Noir Sang d'encre de Haute Stature
8/10
Le show-case du 20 novembre était déjà bien abouti. On risque juste de se faire emboutir et d'en mourir de rire. La scie tronçonneuse marquée Barré annonce ses intentions tranchantes et trébuchantes, ses dents sont acérées, ce qu'il dit sans les desserrer d'une cruauté de sang-froid, bleue hémorragique, donc rare, Pierre-Emmanuel ne mord pas à la figure comme les vrais psychopathes : son mordant précis, de Haute-Suture, est pourtant sans sang apparent. Seule la douleur reste, celle de la prise de conscience sans anésthésie, des obscénités socio-politico-économiques globales et hémoglobineuses qui nous victimisent ou nous harcèlent au quotidien. Alors, est-ce de sa faute ? Non, mais il incarne un personnage inhumain, disert, dissertant sur ces parts de mentalités dangereuses à vomir mais néanmoins divertissantes car les sujets les plus lourds (viol, pédophilie, racisme, religion ...) sont sertis de Pierre-Emmanuel textuellement travaillé, qui en réhausse les valeurs plus qu'il ne les dessert. Son humour est noir du sang séché coagulé, après le crime et quand il n'y a plus rien à faire. Un profiler d'humoriste pourrait le qualifier de sociopathe extrêmement habile, perspicace, tel Hannibal Lecter, un saigneur des moutonniers qui nous entourent. Je devrais peut-être avoir honte d'en rire, mais n'est ce pas une prouesse, une démonstration de courage de faire prendre conscience de ces douleurs en opérant à coeur ouvert, pour qu'on confonde la douleur abdominale des sauts d'humour de haute volée, avec la douleur causée par les sautes-d'humeur de bourreaux abominables et impitoyables de bassesse ? # écrit le 05/12/11
Xavier Chavari et Bruno Durand sont des comédiens confirmés comiques loin des lieux communs des ressorts du rire. Habiles des mots, ils n'hésitent pas à les déshabiller, rhabiller en en relookant les sens dans un univers de non-sens, ou de sens subtilisés et subtils, où, à les voir et entendre, par leurs jeux décisifs et leur service gagnant du texte si phonémiquement harmonieux, rythmé, allegro et allègre, tout tombe pourtant sous le sens, ce qui est complètement insensé, tout comme leur sens visionnaire du comique d'anticipation ! # écrit le 02/12/11
-Plus il décape, plus on adhère, le résultat est si net, si étincelant. Bravo et Merci
10/10
Walter a la franchise de tout exprimer dans toute sa différence et sans aucune retenue, d'une langue bien pendue, fourchue, mais néanmoins parfaitement soutenue additionnée de sous-entendus : à noter qu'il n'y a rien à ôter dans le spectacle, tout est juste, les raisonnements de Walter se mettant à table sont d'une rhétorique redoutablement irréfutable et ses idées illumineraient la salle dans les limites du surréalisable. Mettant uniquement de l'eau dans son verre à vin, ce comique peu quelconque, pourtant sans modération pour quiconque, décape tout avec un résultat net et étincelant pour nous faire mieux adhérer, rire, l'air de rien. Un one-man où il évoque peu son propre parcours, tout en se livrant à 1 mètre de la scène, en pied, soit une proximité exprimant tout son charisme de classe que rien ne lasse. A ta santé, l'artiste, puisse-tu remplir encore et encore ton verre sur scène, pour nous éclabousser, travailler au jet directionnel de la fraîcheur tonique de ton ton totalement citronné et si coruscant. # écrit le 19/11/11
Un comte qui maîtrise ses sujets, innombrables, acquis, conquis, il les traite impitoyablement et avec libéralité. Il s'accorde tout et n'épargne personne, à commencer par lui-même, et on est d'accord avec lui, personne ne trouve grâce à ses yeux qui font feu à sa volonté, sans compter son arme de persuasion massive -son sourire carnassier, désarmant d'efficacité, le Comte se présente comme prédateur sans pitié de toute proie d'humour. Il se sert de lui, de nous : humoriste de compétition de catégorie internationale, il sait aussi se démarquer comme meneur sur ce terrain de jeu qu'est le théâtre, aux dimensions déjà dérisoires par rapport l'immense talent de sa dérision, qu'il porte sur ses épaules d'ex-basketteur professionnel, que l'on pourrait remercier, car c'est en étant demises, que la noblesse de l'artiste se remarque et plus que de mise. Merci Champion de marquer autant de points ! # écrit le 04/11/11
-Du très beau travail, naturellement, simplement drôle
9/10
Sophie, encore ce prenom qui sonne comme un hotel mais ne donne pas suite tel quel, enfin telle qu'elle, alors que tout le show ne manque pas de suite dans les idées, les effets, se succèdent avec succès sans defaut, faut le faire, merci. Le style de Jérôme Daran semble naturel, et naturellement on rit quand il se présente à nous tel quel, lui et les "énergumènes" que la vie a mené à lui. Jusqu'à cette fameuse Sophie qui fit fi de lui comme un défi et ça n'aurait pas suffit à le démonter, il nous le démontre, montre en main aucune seconde perdue, lui, cet artiste haut à l'affiche, qu'on ne devrait plus présenter ni confondre de nom, par sa renommée bien méritée. Excellent travail, félicitations, merci pour cet apport humoristique. Excellente continuation. # écrit le 31/10/11
Mr Fraize a dû tomber dans l'art scénique depuis tout bébé, ça ne semble pas l'avoir empoisonné : le spectacle n'a jamais été aussi vivant qu'en sa présence, lui qui joue de ses absences avec d'apparentes nonchalances. Doté d'un charisme exceptionnel, il magnétise sa salle aussi longtemps que le prévoit son plan d'invasion de rires, car c'est un fin stratège qui maîtrise sa scène, son public tout en s'appuyant sur des armes de persuasion massive dont il a le secret - ou dont il serait le premier à dompter avec autant de talent, d'aplomb. Il réussit à toucher nos bases nerveuses du rire, tel un réflexologue, un rééducateur avec des méthodes évoquant jadis les médecins de campagne divins aux méthodes "simples" et hors des sentiers battus, aux résultats indéniables extraordinaires, tout en étant considérés à tort comme des imposteurs. Qu'on ne s'y trompe pas : le Très Talentueux Mr Fraize n'usurpe nullement sa place parmi les plus grands artistes d'humour, en faisant même l'affront de créer un style inédit, probablement inimitable, du moins inégalable. # écrit le 31/10/11
Vif, réactif, pertinent, diction excellente, rapide mais jamais pressant, ni stressant, ni oppressant, son style est impeccable de convivialité, de diplomatie, auto-dérisoire, touchant de lucidité et d'espièglerie, comment fera-t-il quand nous serons 50-100-400 dans la salle pour nous adresser tous avec autant d'intérêt, de qualité d'impro, de jeu d'acteur juste, pour tonifier en permanence le ton, capter notre attention jusqu'à la fin, où personne ne s'était levé car personne ne voulait croire que c'était terminé, il pourrait encore tenir 15 minutes, 30 minutes au moins, tant il savait ponctuer chaque fraction de seconde, au final, il pourrait emplir la salle de sa présence la durée d'un Point-Virgule, par exemple, amplement, pour ne citer qu'une salle à taille humaine. Ce poids-plume évolue avec la légèreté d'un esprit dont il ne manque pas de traits sur cette micro-scène, des esprits il en marquera très certainement quand il emplira de sa présence des scènes aux dimensions méritées de son, de ses talents, avec cette apparente facilité où son travail textuellement virtuose, varié, concis, ne se sent, ne s'entend, ne se voit pas : du patinage artistique. Merci et bravo Seb Mellia. C'est impossible qu'on n'entende pas parler de cet artiste dans un futur proche. Ce serait même crétin. # écrit le 22/10/11
-Dîner de gueules amusantes en amuse-gueule, offerts sur un plateau atypique mais si drôle.
9/10
En tant que convive de ce dîner d'esprit servi avec classe, générosité par un brave comédien-humoriste-guitariste-chanteur qui ne demande qu'à être là pour nous recevoir de son mieux, délicieux : je me suis régalée jusqu'à la dernière miette. Amphitryon attentionné, attentif tout en Delicatessen, on s'attache à ses personnages peu glorieux, gueules amusantes qui se succèdent comme autant d'amuse-gueule, présentés sur un plateau à la manière de l'artiste, héros malgré eux, et malgré tout d'une saveur incomparable, fleurant bon l'originalité, la qualité atypique des films des frères Cohen. Arnaud Cosson joue la comédie avec une vivacité de métamorphose (à la Zeus ?) et assiette variée d'expressions, en particulier en focalisant les plans sur son regard, son visage, ou les plans américains, et ça suffit pour emplir la salle de sa présence : un authentique artiste, authentiquement humain, l'un des rares à nous faire sentir qu'on est important pour lui, en toute humilité. Je prévois de revenir 2 fois. Il mérite un triomphe et pendant des années. Merci l'artiste. # écrit le 13/10/11
-Duo de copains d'enfance d'une grande valeur absolue
8/10
Un duo de copains d'enfance qui nous font partager pendant 1h30 - qu'on voudrait durer aussi longtemps que le cumul de nos meilleurs souvenirs - leur joie d'être, de paraître, d'être maîtres de la scène, de la salle, sans vulgarité (comme ils disent gayment ...) mais en vulgarisant l'art du spectacle au niveau le plus généreux, accessible à tous. Comédiens burlesques, cascadeurs, danseurs, musiciens, chanteurs, (ils auraient pu aussi être imitateurs) pourquoi la scène ne s'est-elle toujours pas effondrée sous le poids de leur talent ? Alors que la salle vibre sous leur enthousiasme communicatif où avec rien ils expriment tout, et c'est souvent ce genre de détail instantané qui donnent un sens à notre joie de vivre. Cyril Garnier et Guillaume Sentou détiennent tous deux une puissance comique cosmique, cosmique synonyme d'universel capable de toucher la sensibilité du plus grand nombre. Comme des jumeaux mais ayant les facultés de s'associer comme de se dissocier, de s'opposer ou de composer ensemble, voire de se démultiplier ... tels des frères d'armes ils progressent de conserve et de concert, chacun ayant à coeur de venir en renfort de l'autre, tout en l'accompagnant, tantôt signé positif tantôt négatif, c'est alternatif, mais, toujours d'une grande valeur absolue. Vous avez été adorables sur et hors scène, les Artistes, merci, bravo et continuez surtout ! # écrit le 10/10/11
-Pas Mister Eric, mais Auguste Empereur Antoine qui marquera l'histoire des one-man-shows
9/10
J'avais assisté pour la 1ère fois à son spectacle "Mix spécial Avignon" en juillet de cette année, c'était déjà extraordinaire : depuis le 2ème rang, rien ne pouvait m'échapper. Dans cette nouvelle version de son spectacle, nous retrouvons en tant qu'acteurs à part entière, d'une part Bernard, l'homme invisible avec une présence certaine, et Calista, aka la Dame de Mister Antoine, pour un final d'une pureté de rêve en blanc, Colombine immaculée comme pour symboliser la perfection de la performance non pas de Mister Eric, mais de l'Auguste Empereur Antoine, clown blanc habile qui habille ses tours d'un voile burlesque digne des plus grandes stars du muet, tout en nous captivant sur le monde merveilleux et coloré de la magie, tel un conteur comique, jouant sans cesse au strip-tease de la prestigitation, par l'art du voilé-dévoilé, allant jusqu'à donner de sa personne, pour mieux nous prouver que ça n'a rien à voir avec de la magie, que tout n'est qu'illusion, le travail (sans conteste énorme, concis) insoupçonnable. La première nous offrit même des imprévus techniques qui ne firent qu'apporter une touche humaine extrêmement attachante (en particulier une marche d'escalier blanche par la couleur, noire de dessein, qui me comprendra) et démontrant sans le démonter d'aucune façon, que cet artiste géant est un showman accompli, meneur de foule, capable d'improviser et de nous subjuguer jusqu'au bout. Unique dans sa discipline de burlesque magique ou de magie burlesque, tout en lévitant au dessus des meilleurs humoristes actuels, l'Auguste Empereur Antoine devrait sans conteste régner durablement dans l'histoire des one-man-shows, et conquérir des salles aux dimensions de sa propre démesure. Même ceux que la magie n'a jamais impressionné seront marqués par le talent de cet artiste ... incontournable. (Eric, c'est pour toi ...) # écrit le 26/09/11
Mell dans Tout simplement compliqué
Cécile Laforest dans Photosynthèse