@468577

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15 pages de résultats triés par
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Opéra, Opérette: Dans la Colonie pénitentiaire

-Du plaisir de la torture
9/10

Ce spectacle est un petit bijou pour les sadiques de tout poil. Ce qui va arriver laisse songeur voire révolté quand on annonce ce qui va se passer mais avec cette musique répétitive mais écoutable et même attrayante, on finit par se laisser emporter et on attend la suite (de l'évènement ou de la musique ?). Ainsi, tout se constitue petit à petit. Avec deux chanteurs et 3 comédiens (muets) sur scène, même cette dualité sonore ne pose pas de problème : la musique porte le spectateur avide de la suite et occupé à regarder ce qui se passe sur scène (un mouvement perpétuel qui ne blesse pas, qui semble naturel, qui laisse croire que tout est normal, qui donne l'impression que tout est réglé, sans risque car prévu : la sécurité en un mot). Et puis, après l'installation de la machine, on participe au spectacle comme les femmes, toujours au son de cette musique répétitive. Rien de dangereux, que du planifié. Même le voyageur n'y trouve à redire, alors nous, les spectateurs ? et la mort, à peine masquée, fait son oeuvre dans la chair du soldat. Quoi de plus naturel ? c'est à la fin qu'on se dire "pourquoi cela ?", "pourquoi a-ton participé à cela ?" quand l'officier voyant que son oeuvre va disparaître préfère se suicider en utilisant sa machine plutôt que de vivre dans un autre monde que le sien. Cette colonie pénitentiaire nous rappelle, outre un temps pas si lointain, qu'on peut nous emmener dans une boucle infernale et nous abandonner avec nos principes loin de ce qui fait le monde de l'humain. L'interprétation des chanteurs et des comédiens est magistrale, sans fausse note, sur la base d'une musique qui met en valeur un texte fort et terriblement dangereux par sa bonhomie. Mine de rien, les musiciens, d'abord avocats (de quoi ? de la bonne société ? des bonnes moeurs ? garants par défaut de la qualité de la machine à tuer ?) deviennent des soldats comme si cela était naturel sans que personne ne s'en étonne. Les décors sont soignés (de qualité car il y a de l'argent pour ce spectacle) sans excès dans une mise en lumière efficace. On finit par sortir de ce spectacle heureux car la musique est belle et peut-être, à bien y réfléchir, honteux d'avoir participé à cette mascarade de mise à mort, mascarade car pas de procès, pas de charges retenues, rien qu'une décision d'un chef sans concertation, sans défense de l'accusé, sans justice, sans... et sans rébellion des spectateurs. c'est fort, c'est beau et c'est finalement dangereux pour nous. Bravo.
# écrit le 23/04/10


Théâtre dramatique: Bent

-Du temps pas si lointain des sous-hommes
9/10

Je ferais comme les autres, un éloge de la pièce. Le sujet n'est pas simple. Il renvoie à des questions philosophiques : doit-on chercher à vivre à tout prix ? quel est le prix de la liberté ? la mort ? C'est fort d'entendre qu'un suicide n'était pas toléré car il était signe de liberté. La fin est dans le même esprit mais vue sous deux angles : la rébellion et un acte de liberté (ou d'amour ?). La mise en scène est juste dans une mise en lumière simple mais efficace. Même le fait de voir deux hommes transporter des cailloux pendent 1/2 heure, de droite à gauche sans rien de plus, ne pose pas de problème et ajoute même à la force du propos. Le texte est particulièrement bien écrit : rien qui ne soit prononçable, qui ne soit jouable. Ce n'est pas un texte écrit "a posteriori" avec des phrases bien réfléchies mais bien dans le fil de l'eau sans fioriture. Cela décrit une psychologie qui évolue durent toute la pièce (2H) par petites touches où tour à tour les habitudes de la vie quotidienne tombent (les pots de fleur, manger, la conscience...) mais où résistent les chamailleries qui font le sel de la vie. Mais pas trop de chamailleries car les kapos veillent et il faut rester en vie, sur le fil. les interprétations des rôles principaux (3) sont remarquables de justesse dans le jeu et la maitrise du texte. Un petit bémol sur 2 rôles secondaires où il manque de la sincérité dans l'expression. La présentation des comédiens après le "baissé de rideau" est emprunte de violence (regards durs, hagards) mais cela s'atténue à peine lors des rappels à croire que les comédiens sont encore dans leur rôle. A croire que les comédiens craignent la réaction du public sur un sujet où, pour la première fois pour moi et en 3 dimensions, j'ai pu sentir l'esprit d'un camp, son contexte, ses valeurs... (dans un film, cela n'a pas la même puissance). A voir pour ceux qui souhaitent analyser les coeurs des Hommes même dans un contexte extrême. Bravo à tous.
# écrit le 23/04/10


Seul(e) en Scène: Extinction

-Du beau Merlin
8/10

Aujourd'hui, Serge Merlin est à la Madeleine pour un texte fort sur la condition d'un homme en proie avec son passé et sa famille. C'est une lecture donc cela perd un peu de son charme mais Merlin a-t-il besoin de se mouver sur scène pour emporter l'adhésion des spectateurs ? Certes, non. Sa diction, son emportement, ses retenues, sa chaleur portent les spectateurs vers une félicité obscurcie par la douleur du personnage confronté à ses peurs et à sa rébellion. Merlin est totalement adapté à cet auteur tourmenté même si on se doute bien qu'il soit capable de jouer bien d'autres rôles.
# écrit le 31/03/10


Théâtre contemporain: Vénus

-Vénus ou l'hypocrisie des hommes
9/10

Je suis resté stupéfié, voire bluffé, par ce spectacle. Il y a tellement de choses dedans qu'il faut du temps et du recul pour tout apprécier. Assurément, il ne faut pas venir le prendre au premier degré, ni comme dans un spectacle "classique", linéairement. Par défaut, la lecture est double : l'histoire vraie au XIXème siècle (1810) et sa dualité au XXIème siècle. Ainsi, des appareils photos ou des caméscopes captent l'exhibition de la Vénus, les monstres présentés dans les foires sont remplacés par un amas de danseurs formant monstre (luxure d'aujourd'hui ?)... En un mot, en quoi l'exhibition des monstres du XIXème siècle ne pourrait-il pas encore exister aujourd'hui sous une forme ou sous une autre ? N'y aurait-il pas toujours des clients si les montreurs de monstres réapparaissaient ? Séquencé comme une spectacle, la vie de la Vénus est décrite comme un spectacle. On est donc face à un spectacle d'un spectacle de la vie (et de la mort annoncée). Tout est en double, même le texte contient des répétitions. La vie en Angleterre est aussi dupliquée en France mais comme on est dans la vie, l'histoire glisse lentement d'une aspiration à une amélioration de sa condition (vue par Vénus : gagner le "pactole") vers une déchéance qui se termine par "ma vie en Afrique du sud était merdique mais c'était la mienne", d'une suggestion d'une vie de spectacle fascinante vers une approche purement médicale de Vénus. D'une pauvre femme esclave, elle devient au bout de 2H20, un objet "professionnel" pour médecin en mal de reconnaissance (mais qui n'oublie pas qu'il est aussi un homme fasciné par ce "cul"). Comme la pièce est écrite par une américaine, on a droit à tout ce qui fait le spectacle à Broadway : la vidéo en fond de scène, un décors simple mais élaboré, des montages vidéo + acteurs, un jeu de chaises musicales pour le tribunal et une profusion de lumières adaptées au cas par cas. A l'entracte, le spectacle continue au bar... Vous l'aurez compris, c'est un spectacle de qualité, qui parle d'un sujet de fond (l'humanité pour faire simple et ne pas forcément ramener cela à la femme) dans le temps et l'espace. Les acteurs font de belles performances car il a fallu trouver une scénarisation qui apporte au propos sans faire dans le spectaculaire ni dans la comédie. Bravo à tous.
# écrit le 12/03/10


Seul(e) en Scène: PSY cause(s)

-Pour femmes en détresse
7/10

L'essentiel des spectateurs étaient des femmes. Peu d'hommes donc. J'ai compris à la fin pourquoi. En tant qu'homme, je n'ai pas tout compris dans les sous-entendus et je ne me suis pas reconnu (et pour cause). L'objectif ne semble pas forcément de faire rire mais de poser aussi des questions. Les rires sont là, souvent, même pour les hommes. Maintenant, s'il y avait aussi un questionnement sous-jacent, c'est très distillé ou très light. Pour ma part, j'ai trouvé que cela n'est pas allé très loin mais ce n'était peut-être pas l'objectif. Alors le rire ? oui mais certains "sketchs" sont alors sur un autre registre. Les femmes en détresse doivent, avec ce spectacle, ne plus se sentir seule. Mais leur homme va-t-il pour autant les comprendre ? pas sûr car on est à mille lieux de sa caverne. En tant qu'homme, j'eu aimé avoir une femme avec moi qui m'explique certaines choses après le spectacle. Pour une femme, c'est un très bon spectacle. La femme reste encore et toujours un grand mystère pour l'homme. 7/10 en pensant aux femmes.
# écrit le 26/02/10


Théâtre musical: Les demi-frères : stars de l'histoire depuis la préhistoire

-Je manque de connaissances
6/10

L'idée était de rire dans une soirée Détente. J'ai ri raisonnablement mais j'ai été finalement plutôt déçu. En partie de ma faute car je manque de connaissances sur les chanteurs à succès. Globalement, cela manquait de cohésion notamment au début. Peut-être trop de blancs où l'on attend les applaudissements des spectateurs pour combler. Je n'ai pas trouvé les gags, le texte et les idées très relevés, ni décalés. C'est un bon spectacle avec une bonne idée de base mais la mise en oeuvre est plutôt laborieuse. Il manque un "je ne sais quoi" de grain de folie, de savoir-faire... Ce qui fait la différence et rend le spectacle irrésistible. Peut-être la superposition de tableaux rend l'ensemble haché. Les deux "frères" ne manquent pas de volonté et d'expérience. Le grain de folie évoqué plus haut eu peut-être été d'utiliser la salle façon Revue (tables et chaise) pour ne pas concentrer le spectacle en tableaux sur la scène (bien qu'il y ait eu une tentative de descendre dans la salle). Pour cela, il eu fallu plus de comédiens pour enlever le tout. Un brin déçu tout de même.
# écrit le 25/02/10 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com


Théâtre classique: La Danse de Mort

-Et voici une belle fable !
8/10

Strindberg est un petit filou ! Alors qu'on s'attend à un mort à la fin du spectacle, voilà qu'il nous sort une fable. Je dis ça mais est-ce que c'est ce qu'a voulu l'auteur ou seulement le metteur en scène ? En effet, tout le début de la pièce et jusqu'à l'extrème fin nous incite à penser qu'il y a bien un confit latent entre les époux, chacun ayant besoin de l'autre pour exister, pour créer du mouvement dans une ile où rien ne se passe. On se demande en permanence si la mort va advenir, comment et pour qui. Comme pour un polar, le mort sera-t-il celui auquel on pense ? Dans la tourmente, Kurt ne sait plus à quel saint se vouer. Ayant une personnalité moins forte que celles des époux, il est le "tampon" entre les deux marteaux. Rien ne limite la violence des propos (pas au sens du son de la voix mais du texte). On retrouve la démarche maitre / exclave, démocratie / intégrisme religieux... L'interprétation est bonne et c'est une chance car le sujet mérite qu'on s'intéresse à cette problématique sans être géné par un mode récitatif. La scène permet de jouer sur la lumière et les zones de jeu sans être contraint par des murs. Beau souvenir en vérité.
# écrit le 25/02/10


Théâtre dramatique: Mademoiselle Julie

-Rare moment de grâce
10/10

3 comédiens dans la petite salle du théâtre du Nord-Ouest. Un pur moment de grâce car le ton est juste pour chacun d'entre eux et sur toute la durée. En commençant par Jean, le valet, qui sait être le meilleur de Depardieu quand il s'accroche à la table mais aussi Gabin au meilleur de sa forme quand il érupte en serrant les mâchoires, les yeux méchants contre Mademoiselle Julie un peu plus tard. Il est tour à tour rêveur d'une place au soleil, conscient que le dos de l'épervier est aussi gris, idéaliste quant à son avenir et froid quant à la réalité de la vie au point d'en être odieux. Mademoiselle Julie n'est pas en reste entre son souhait de se "prolétariser" et son attachement à ses prérogatives mais aussi ses acquis, entre ses provocations et des pleurs. Le tout à un mètre du premier rang où rien ne peut être caché, ni un sanglot, ni un mouvement même des paupières, ni un soupir. Kristine est aussi parfaite dans son rôle de femme droite, défendant ce qu'elle a et les valeurs de tous, même celles des maîtres. Entre rêve et conscience, femme et homme, révolution et immobilisme, vie et mort... tout est une question de choix suivant les cartes qu'on a en main. Jean en est passé maître en poussant Mademoiselle Julie à la mort. Au moins, il est maître de quelque chose...
# écrit le 12/02/10


Théâtre dramatique: Créanciers

-On aurait pu espérer mais…
6/10

Le sujet est, au sens du texte, remarquablement traité : comment une mante religieuse (la femme) peut mener deux hommes au drame. Malheureusement, si les comédiens maîtrisent parfaitement leur texte, l'interprétation n'y est pas. Trop de diction ou plutôt manque de conscience sur la teneur du texte. Ils ne disent pas leur texte (heureusement) mais il n'est pas pour autant vécu. Cela donne un malaise et ne captive pas les spectateurs qui perdent pied et s'endorment par moment (au moins 5/6 personnes sur les 30 de la soirée). Cependant, 3 ou 4 fois dans le spectacle, l'interprétation sonne juste et les spectateurs, comme par miracle, sont attentifs. C'est cependant insuffisant pour 2H de spectacle. Le texte n'est pas en cause, plutôt la direction des comédiens qui ne fait pas faire transpirer les sentiments. Si la gestuelle est bonne, la voix n'est pas en phase avec le texte. La femme est odieuse comme il faut (mante religieuse, hypocrite à souhait) mais manque de cohérence dans la durée. Le mari est exclave : il déifie sa femme jusqu'à sa mort quand il se rend compte qu'il a perdu sa raison d'être (sa femme n'est pas le dieu qu'il avait imaginé) mais le ton n'est pas juste malgré tout ses efforts. L'ex-mari est un manipulateur : il est près à tout pour retrouver sa femme qu'il haïe mais dont il ne peut se passer car elle a une forte personnalité qui l'attire. Cependant, comme les deux autres, si la gestuelle est bonne, l'interprétation du texte manque de sincérité. Mitigé donc pour cette soirée. Un goût de plaisir raté.
# écrit le 10/02/10 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com


Théâtre classique: Les gens de Hemsö

-Manque de travail pour tous
2/10

Pour une fois que Strindberg ne fait pas dans le noir, où il y a la possibilité de faire une mise en scène enjouée même si le cadre de vie est dur car on est au bout du monde, sur une ile, il faut que la pièce soit massacrée. D'abord, les comédiens ne connaissent pas leur texte (et pour certains, jouent mal, voire récitent leur texte). Tous ou presque ont buté sur le texte, non pas par effet de style ou par emportement mais parcequ'ils ne le connaissent pas assez. Ensuite, la mise en scène n'exprime rien, c'est flou et il n'y a pas de direction d'acteurs. C'est dur comme remarque mais tout cela manque de travail et n'a pas le résultat qu'offre Le Pélican (autre pièce de Strindberg) qui est autrement plus difficile à rendre crédible mais qui sait tout de même exprimer des sentiments. La pièce en un mot : brouillon. Et pourtant la salle est très agréable, même idéale pour ce genre de pièce. Le décors est sobre et bien choisi. Les costumes sans imagination mais dans le contexte. Très classique.
# écrit le 07/02/10 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com



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