Les premières minutes promettent une orchestration débridée qui se joue du texte (bavard de Sarraute). Mais à trop vouloir mettre en avant l'originalité de sa forme (qui devient tape-à-l'oeil)la mise en scène met à distance le propos de l'auteur qui recèle une profondeur qu'on a bien du mal à entendre dans ce spectacle. Une trop forte impression de juxtaposition, d'exercice de style qui nous saoule et nous laisse sur notre fin. # écrit le 25/03/05 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
A mon sens une grosse erreur de lecture du texte de Ionesco qui noie le spectacle dans les affres d'une tragédie mal assumée. Les comédiens sont courbés devant le texte qu'ils cherchent à faire retentir, embarassés de ses décalages et de son humour (qui en font pourtant toute la force et l'ironie) ; des mouvements et des déplacements qui flottent et que l'on sent dictés. Ici la pièce se focalise sur ce Roi qui se meurt quitte à se détourner (trop fortement) des autres personnages devenus littéralement fantomatiques. Or si l'interprétation de l'acteur principal manifeste le plus de nuances, celles-ci perdent leur potentiel émotionnel dans la précipitation d'un jeu qui veut porter seul le rythme de la pièce. Lourde charge. # écrit le 25/03/05 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Les spectacles du metteur en scène flamand Ivo Van Hove sont à vivre comme de véritables claques théâtrales tant il maîtrise avec innovation l'art physique de la scène. Les comédiens sont dirigés avec une juste exigence et déploient un jeu qui coule de source. En s'attaquant à deux oeuvres d'Ingmar Bergman, le metteur en scène revisite l'espace intime des relations interpersonnelles et prend le risque de diluer les corps dans une scénographie qui abolit les frontières jusqu'au grandiose : le plateau offre une démesure disproportionnée aux deux ou trois personnages qui y évoluent et la déambulation heurtée de ces êtres devient éloquente. La réussite est totalement au rendez-vous particulièrement avec Persona où on assiste ébloui à une véritable tempête sur scène avec laquelle luttent les protagonistes fortes et fragiles à la fois. # écrit le 09/04/13
Thomas Chagrin sorte de manifeste de l'intime souffrance construit son propos en forme de digressions persistantes et expérimente un étonnant rapport au public. La pièce de Will Eno ne cesse en effet de voir sa trame parasytée, poussant le personnage qui se livre à aller dans les retranchements de l'anecdote. Mais cette écriture belle par son art du déploiement en vient finalement toujours à frotter la corde existentielle sous ses airs bavards ; ce qui la rend d'autant plus passionnante. Sur scène Robert Plagnol s'empare de ce texte avec une évidente aisance, fruit d'une direction d'acteur qui a pertinemment misé sur la justesse du jeu, et affronte son récit comme il affronte le public : il use d'une spontanéité qui fait mouche et dérange tout autant qu'elle séduit. Il n'hésite pas à bousculer la bulle de ses auditeurs et dépasse allègrement le jeu de scène pour arracher une proximité à ce public. # écrit le 03/12/07
Un diner entre ami revisité au vitriol par un jeune auteur (Gieselman) qui n'hésite pas à pousser l'absurde jusqu'au gore. Christophe Perton a empoigné ce texte avec une vigueur qui insuffle un jeu dynamité aux comédiens. Ces derniers, tous très bons, investissent leurs personnages on ne peut plus physiquement (allant jusqu'à devenir cascadeurs). Le rythme est saisissant et cette lecture de l'oeuvre de Gieselman exacerbe son humour acide et burlesque. On s'en délecte tout le long du spectacle. Poutant il s'agit d'une pièce profondément glauque ou la comédie grinçante ne fait que relayer le vide existentiel qui affleure et qu'au final les personnages vomissent. Certes l'écriture s'emballe parfois maladroitement dans un nombrilisme qui ternit un peu le propos sulfureux et la mise en scène dans son parti pris du détachement radical(signe de blasement des protagonistes) passe un peu à côté du thème attendu de la perversion (dans son plaisir sadique). # écrit le 30/11/07
Le spectacle brandit son titre commme son concept : faire du cirque un lieu où tout se mélange sans limite, dans l'esprit d'une création collective. Seulement cette cacophonie non orchestrée souffre justement de ce manque de structure. La belle volonté de traduire l'agitation et le partage dans ces tranches de vie en communauté charge démesurément le spectacle d'effets tous azimuts qui faute d'un réel travail de synchronisation se parasytent sans cesse : le spectateur visuellement brouillé ne parvient plus à distinguer l'essentiel et s'épuise. Dommage quand certains numéros recélaient un potentiel poétique. # écrit le 31/03/07
Un spectacle qui se veut généreux par le nombre et la variété de numéros qu'il propose et la polyvalence de ses interprètes. L'alliance ingénieuse de la danse et du cirque donne lieu à des envolées lyriques à l'esthétique soignée : pas besoin de performance grandiose lorsque l'idée est là. L'humour traverse également certaines scènes et attise la sympathie d'un large public. Toutefois quelques scènes paraissent plus approximatives et moins inspirées (notamment traduites par une scénographie un peu bricolée); la perte d'efficacité qui en découle alourdit le spectacle qui semble dès lors un poil trop long. # écrit le 29/03/07
Un déploiement de moyens techniques et scénographiques dont la richesse met en appétit. Seulement très vite le spectacle trouve ses limites. La mise en scène plaque son projet ambitieux sur des circassiens à la performance encore jeune et les écrase de son emballage démesuré. Faute d'un travail plus humble qui trouve sa source réelle dans les capacités corporelles et artistiques des intervenants, cette inadéquation tend à faire ressortir les fragilités des circassiens au lieu de les mettre en valeur et plombe un spectacle devenu pompeux, avec quelques trop rares moments de grâce noyés dans ce carcan. # écrit le 09/03/07
Ce conte d'Hoffman au texte dense pose la difficulté de sa théâtralisation : récit ou forme épistolaire peinent à prendre corps sur scène et tend à isoler les protagonistes dans leurs monologues. Les comédiens ont bien investi le texte dans les limites d'une mise en scène minimaliste et statique trop illustrative frôlant le mime. On attend que ça décolle. Or les effets sonores et visuels peu inspirés court-circuitent plutôt le texte. # écrit le 25/01/07
L'écriture de Nathalie Fillion est une vraie découverte. Une langue qui ose tant dans sa forme que dans son propos. Par ailleurs une double casquette (auteur et metteur en scène) qu'on ne peut saluer que comme une prouesse : une direction d'acteur limpide et inventive, un sens du rythme qui met en valeur la beauté du texte. Un jeu homogène d'une très grande qualité. On sort du spectacle aux anges convaincu par une telle révélation, à suivre. # écrit le 01/02/06