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Comédie dramatique: Créanciers

-De la prébende à la débandade...
Le titre même de la pièce d'August Strindberg " Les Créanciers " porte en lui les germes de mon agacement. Inscrit dans le tout-à-l'égout de l'omnipotence du marché et de la marchandisation outrancière, la spécificité humaine se trouve ici contrainte dans la réduction du sentiment, au seul tamis de la catégorisation. Comme un vulgaire plat de cantine à digérer. Montrer dans le registre de la tragi-comédie, les affres et relents communs d'une relation amoureuse, relève de l'exhibition banalisée de l'ordinaire et de ses ratés, où l'écriture loin de prendre partie pour en dénoncer toute dérive typologique, s'échine à se répéter. Sans aucune analyse ni dissection, elle obscurcit et remâche, ne propose pas de perspectives et tourne en rond autour d'elle-même. Une fois introduite la force d'exposition, décor et personnages plantés vient le temps de l'ennui. Tout est attendu et tout advient. Les cris et colères, les roueries et les manipulations utilisent les cordes usées des assiduités de la convenance et de ses truismes. Rien ne vient égayer, distraire ou même en appeler à quelque réflexion. Le texte d'August Strindberg plonge et se vautre dans les miasmes moralisateurs des dettes et créances supposées que les sentiments contractent au prétexte de l'Amour. Et ni la très honnête qualité des acteurs, ni la sobriété ascétique de la mise en scène dépouillée ni même les décors d'hôpital de campagne, n'y change rien, on attend la fin de ce triste spectacle d'une banalité crasse en regardant sa montre : "quand donc me sera-t-il offert le temps de retourner à mes ordinaires !? "
# écrit le 23/10/15 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com