Caligula, une pièce majeure superbement jouée: Tout d'abord un Caligula plein de prestance, sachant alterner des scènes de caprice (perturber un sénateur qui parle lors du repas en lui jetant des cacahouètes est juste magique!), de désespoir absolu, ainsi que des envolées majestueuses sur la vacuité de ce monde. l'acteur arrive à alterner toutes ses facettes sans tomber dans l'artificiel, mais en sachant donner corps à la complexité du personnage, à son caractère entier et absolu jusqu'à l'absurde. l'acteur qui joue Helicon a su parfaitement rendre ce personnage nihiliste. C'est plus tard dans la pièce que l'on apprend que c'est un ancien esclave qui n'a pas eu besoin des "leçons" de Caligula pour savoir que la vie n'a pas de sens, que la punition peut tomber sans prévenir, sans raison... Disciple de Caligula avant l'heure, c'est d'ailleurs le seul qu'il envoie pour chercher la lune. la complicité triste des personnages transparait par le jeu des acteurs. Cherea, véritable antagoniste de Caligula, la part "philosophe" d'Albert Camus, livre un combat perdu d'avance. Caligula a raison et Cherea le sait. Mais c'est le devoir de l'humain de donner sens à la vie bien qu'elle n'en ait pas. Ce combat factice, illusoire doit être mené sous réserve de tomber dans la folie. l'acteur arrive très bien à jouer sur l'ambivalence entre son admiration pour Caligula qui choisit de vivre sans artifice, et la crainte de l'abysse qui s'ouvre devant une vie dénuée de sens. Scipion, la part "poète" d'Albert Camus, malgré toutes les raisons de le haïr ne peut s'empêcher d'admirer la poésie de Caligula. Sommé de comprendre Caligula, Scipion oscille entre la haine et l'amour. l'acteur arrive très bien à rendre une complicité non désirée avec une idole qu'il hait. Caesonia a toujours été un personnage très difficile à cerner pour moi... L'actrice a su m'éclairer. C'est tout simplement un personnage qui aime Caligula, à la folie, jusqu'à embrasser sa folie sans questionnement. Sa descente aux enfers, sa folie, le désespoir de ne plus comprendre l'être aimé... puis le "Rubicon" est passé, l'amour absolu permet d'aimer à nouveau... Surement le rôle le plus difficile, et pourtant très bien exécuté... les patriciens et l'intendant apportent une petite touche comique rafraichissante, mais avec leurs petites luttes intestines et leur obnubilation du pouvoir et de l'argent, il ne faut pas se leurrer, c'est de nous-même dont on parle... Une pièce excellente, tout d'abord par le texte d'Albert Camus, mais surtout mis en valeur par des acteurs imprégnés par leur personnage. Une pièce qui ne laisse pas indifférent... Et si Caligula avait raison? # écrit le 23/03/19 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com