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Théâtre musical: L'envol 1946

-La justesse
Comment mieux illustrer le devoir de mémoire ? Comme Camus dans la Peste nous amène à contempler que les hommes s'habituent à tout mais que l'intelligence s'attise dans les esprits qui résistent, il y a dans Paris un endroit où l'on ouvre une parenthèse pleine de vie sur le "juste-après-guerre". Cet "Envol 1946" est porté par la foi de ses primes comédiens, qui nous emportent avec la vive candeur de leurs émotions, vers les questions les plus intimes lorsque l'on pose un regard sur l'histoire, notre histoire. "Aurions-nous été de ceux qui laisse pourrir les plus belles valeurs de l'existence dans un mutisme guidé par la peur, la lâcheté ou le désespoir?" "Qu'aurai-je été s'il m'avait fallu choisir?" Alors que cette peste noire qui tenait l'europe se retirait avec son lot d'horreurs impardonnables, des hommes et des femmes continuaient à vivre, et tiraient les leçons d'avoir perdu leur liberté. Juliette Moltes nous montre de l'espoir à l'état brut, de l'envie de vivre en barre, et ses interprètes sont tous aussi prenants qu'impeccablement justes, et le texte voyage de Céline à Piaf, sans jamais décevoir et en apportant des "clefs", des réponses essentielles à conjuguer dans nos quotidiens. Toujours dans la bascule, entre légèreté et profondeur, sans jamais être lourd, l'heure et demi passe comme un éclair, et nous laisse autant de larmes de joie que de colère devant ce chemin parcouru depuis lors, et nous donne sans être moralisateur à choisir la vie, au prix des erreurs du passé. Ils chantent, ils dansent, ils jouent et incarnent tous leur rôle comme s'ils jouaient leur vie. Vraiment.
# écrit le 05/08/12