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Comédie: Copier/Coller

-Chacun sa route, chacun son chemin...pourvu qu'ils se croisent.
Pas facile de redescendre la pente après avoir connu les hauts vertigineux du show business. Elodie Clerc en sait quelque chose. Gloire adulée de la variété hier, aujourd’hui éludée au point d’assurer à contre cœur le gala de la « fête du fromage de chèvre » de son patelin d’origine. Elle appartient à cette génération de chanteuses de variété des années 80, paradoxalement boycottée alors qu’elle est systématiquement applaudie au gré des clins d’œil nostalgiques des émissions télé ou du hasard de nos errements sur la bande FM. C’est là, dans sa petite loge de gymnase aménagée, que le passé qu’elle avait fuit pour vivre l’ivresse du succès va la rattraper... Le destin, la seconde chance, la fatalité, tels sont les thèmes abordés dans cette pièce. C’est au talentueux Jean-Marie Chevret que l’on doit ce tableau qui nous dépeint, avec une belle simplicité, le rapport souvent complexe des uns et des autres à la vie. Ce peintre des mots nous colore l’esprit par touches à la fois drôles et émouvantes, grâce à des dialogues qui sont autant de coups de pinceaux sarcastiques à souhait que de douceurs incitant à la réflexion. C’est une œuvre profondément moderne. Elle illustre avec justesse une chanson française qui, particulièrement lorsqu’elle se conjugue au féminin, est largement soumise au dictat de la jeunesse. Système faustien qui frappe d’ostracisme toute une génération pour délit de ringardise. C’est aussi une histoire d’amour inachevée entre deux êtres qui se sont ratés. Le plaisir de cette tragi-comédie est d’autant plus grand que la pièce est servie par une mise en scène plus percutante qu’un Fred Astaire faisant des claquettes et jouant de la batterie en même temps. Les portes claquent, les coups de gueules fusent, les personnages s’entrechoquent, on se fait oublier dans un coin pour ressurgir dans un autre…Dynamique, fluide et efficace. On ne pouvait en attendre moins d’Olivier Macé et Jean-Pierre Dravel, véritables boites à rythmes scénique donnant le tempo aux comédiens. Ceux-là sont à la hauteur. Gabrielle Lazure prête sa justesse - de jeu et de voix - à cette ravissante chanteuse pleine de doutes sur le sens de sa vie. Elle souffle littéralement la scène dans le registre de la colère. Jean-Marie Chevret - eh oui, il est partout - est royal en producteur vanneur à la sexualité et à la personnalité bipolaires. A la fois grand-mère du Petit Chaperon Rouge et loup gourmand façon Tex Avery. Un régal. Nathalie Corré dans le rôle de l’habilleuse et Valérie Moreau, la copine d’enfance – que l’on aurait aimé voir plus -, nous livrent une prestation irradiante, portant bien au-delà de leurs personnages de faire-valoir. Nicolas Thinot, dans le rôle du journaliste, si on a envie de lui mettre des claques c’est qu’il a bien joué son rôle ? Davy Sardou, dans le rôle d’un jeune pompier dont la bougeotte est inversement proportionnelle à sa jujotte, nous offre de bons moments. On aime notamment la réplique récurrente de ce descendant de Candide, avec le regard en biais, qui pourrait devenir culte. Christian Vadim a une présence certaine. Aidé notamment par sa voix, il s’installe bien dans son rôle de flic éprouvé, en opposition avec la « star attitude » de sa chanteuse. On aime aussi les passages entre Sardou et lui, où les moqueries affectueuses de son personnage laissent entrevoir une certaine légèreté. A voir absolument.
# écrit le 29/12/04