@220999 Vous suivez cet utilisateur Inscrit depuis longtemps 1 critique
Ses critiques -Entendre Bostridge et mourir... Sa voix est un don de Dieu. C'est un point unique dans l'espace, une étoile qui aveugle les autres. Il est apparu sur scène en avant de la - brillante - pianiste, grand, mince, avec son long cou fin, son visage timide, son complet noir, chemise blanche, chaussures en cuir glacé. Tous le regardaient, inquiets de ce que pourrait produire cette brindille haute et frêle... Et il chanta. Il chanta, sans jamais vraiment s'interrompre entre les lieder, une fois seulement pour avaler une gorgée d'eau, et sa voix était tantôt murmure, tantôt plainte, tantôt clameur, soudain rauque, presque parlée, toujours jaillie d'une source pure, intarissable. En mouvement perpétuel, une main refermée sur le bord du piano, il guidait la musique, embrassait la salle du regard puis le lançait vers le ciel, déboutonnait et reboutonnait sa veste, passait la main dans ses cheveux et son front carressait négligemment le piano entr-ouvert. Et au-devant, la voix, immense, comblant les moindres interstices de la vaste salle dorée. Puis la voix s'est tue, le sorcier est redevenu homme, il a salué, il est parti. Mais est restée cette ombre incommensurable et ailée, ce coeur d'ange ou de démon, ces notes, presque volées, qui sont montées en même temps que de ses lèvres d'une corde étrange, quelque part au fond de l'être ; toute la splendeur de Schubert. Vient alors cete impression pregnante que tout est fini, que plus rien ne saurait exister. Mais tout renaît pourtant, renouvelé, rebâti autour de la silhouette gracile d'un homme frappé au sceau du génie, d'une voix que n'égale pas même le silence. Merci, Monsieur Bostridge ; longtemps encore je verrai votre haute taille vêtue de noir disparaître, lumineuse et fragile, dans la nuit. # écrit le 19/02/05
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