BANG PUBLIC Quand Narbonne " monte " à Paris, c'est pour démontrer que la comédie d' Oc n'a aucune leçon à recevoir de la comédie d' Oil. Les comédiens justement : deux sympathiques Narbonnais, à l'accent gorgé de soleil, Sophie Barbero et Jean-Paul Joguin. L'auteur : Bernard Di Marcko, avec un texte remarquablement bien écrit. Le théâtre : une magnifique petite salle - cinquante spectateurs, claire, haute et lumineuse, d'inspiration japonaise, avec une scène commençant dès l'entrée et cheminant jusqu'au plateau. Le spectacle : couple, rencontre, souvenirs, jalousie, désir, regret. Autour d'un banc, d'une valise, et de quelques accessoires. Le tout dans une mise en scène minutieuse, chaque tableau se terminant comédiens juchés sur le banc. La palette de jeu des Audois est complète et séduisante. Outre les thèmes abordés plus haut, ils jouent à merveille les situations surréalistes. Ionesco et Dubillard ne sont pas loin. Mon conseil : il ne reste que 4 dates pour vous faire plaisir. # écrit le 20/03/16 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
ATTENTION AUX VIEILLES DAMES RONGÉES PAR LA SOLITUDE, de Matéi Visniec Compagnie 13 en scène Le 24 mai 2015 au théâtre du Gouvernail à Paris Matéi Visniec, dramaturge, poète, et journaliste français d'origine roumaine, est né en 1956. Il est considéré comme le "maître de l'écriture laconique du petit format concentré". Parent de Kafka, Mrozek, ou Borgès, il succède à Ionesco et Cioran. Ayant vécu dans l'oppression menant à la négation de l'individu sous le régime de Ceausescu, ses pièces traitent surtout de la problématique de l'identité. Attention aux vieilles dames... est un recueil de quinze courtes pièces sur les thèmes "Fractures", Agoraphobies", et "Désert". La metteure en scène Amélia Rus en a sélectionné cinq. Ainsi l'on passe de la scène d'une Africaine refoulée à la frontière avec son enfant, à celle d'une femme, réincarnation d'Ondine, se prénommant Les Grandes marées, saisie à deux âges de sa vie, en croisant au passage un serveur physionomiste, ou des astronomes scrutant la société à la lunette. Il est difficile pour un comédien de pouvoir jouer des rôles reposant exclusivement sur l'imagination : l'absurde, le surréalisme, la poésie, ou le drame. La voix d'Amélia Rus a su insuffler à ses excellents comédiens l'art de naviguer entre ces différents états, mettant à nu la "tessiture" de chacun. Ce genre de théâtre mériterait d'être davantage joué dans ce chapelet de petites salles parisiennes. Pour preuve, le succès de La Cantatrice chauve et de La Leçon depuis cinquante-huit ans ! Le spectacle reprend en septembre. Guettez le feu vert de vos billetteries habituelles ! Xavier # écrit le 31/05/15 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Théâtre AUX FLEURS CITOYENNES*, de Fréderic Dubost Par la Compagnie XIII en scène Théâtre de Ménilmontant à Paris du 17 au 20 décembre 2014 L'auteur n'est pas un inconnu. Frédéric Dubost, qui demeure à Lyon, s'est déjà commis dans le registre humano-sociétal : Sa vie dans un miroir ; De si vieux enfants ; Président Ducon ; Deux hommes dans la nuit ; Est-ce vraiment nécessaire ? ; Le mange-disque ; Pauvre Jean ; Sans domicile, Félix ! ; Cinq plus une ; N'oubliez pas Colibri ! ; Un amour ordinaire. Aux Fleurs citoyennes narre et parodie la politique contemporaine dans tout ce qu'elle a de plus vil et de plus pervers. Pouvoir et sexualité font trop bon ménage pour ne pas accoucher d'un coup de Trafalgar. Synopsis : M. le député a l'ambition de se présenter aux élections présidentielles. Mme la députée, sa compagne, l'épaule officiellement. Un fait troublant vient cependant ternir l'unité du couple : le sigisbée est photographié en galante compagnie devant un hôtel. Dès lors, le public saisi de compassion prend fait et cause pour la cornue députée jusqu'au moment où survient un coup de théâtre -sans jeu de mots - laissant pantois les spectateurs. L'action se déroule dans le sobre appartement du couple, plutôt H.L.M. que XVI°. Y défilent l'inénarrable concierge portugaise féministe charismatique, le conseiller "spécial" - troublant Medhi Khakzad - très attaché aux atouts callipyges du cameraman de l'équipe de télévision, la directrice d'un journal populacier, la journaliste de télévision, la reine des sondages, l'assistante parlementaire très, très proche de son patron, et le casque noir du député, cyclomotoriste à ses heures éperdues. Toute ressemblance avec la réalité ne serait bien sûr que pure coïncidence. Le jeu des acteurs, sous la férule de la convaincante Rosine Lessman-Alperin, est exceptionnel. Les rires fusent sans interruption. Les effets les plus éculés font mouche : " Allô, c'est toi, Nicolas ? ", "Je vais en parler à Laurence Porsche ", " Le khalife de Matignon va avoir du mal à s'en remettre ", " Elle vient de quitter la com' du président Pardissy ." C'est frais, joyeux, rythmé, bon enfant ; la flèche fait exploser le centre de la cible. Du boulevard en boulevART. Un moment de bonheur à partager lorsque cette pièce sera à nouveau jouée ! Je souhaite rendre hommage aux comédiens dont rien, à part Priscillia Gene, ne laisse flairer qu'ils sont amateurs. Malgré leur activité déjà prégnante - bohémien, médecin, professeur, élu local, directeur de société, étudiants, diplomate, etc., ils trouvent le temps, l'énergie, et l'abnégation nécessaires pour nous présenter un travail d'orfèvre. Dans la mesure où le prix d'un billet de théâtre est inférieur à celui d'une place de cinéma grâce à des billetteries telles que BiletReduc, allant jusqu'à 50 % de réduction, nous nous devons de cheminer parmi ces fourmilières de petits théâtres et de compagnies méritantes. Faisons-leur le plaisir de notre présence pour notre plus grand bonheur ! Xavier COLOMIÈS, le 23 décembre 2014. * Avec Rosine Lessman-Alperin, Benoît Meyruey, Medhi Khakzad, Amélia Rus, Delphine Kossmann, Laure Dioudonnat, Odile Quintin, Priscillia Gene, Claude Piedfert. Mise en scène de Gilles Gourmelin. # écrit le 23/12/14 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
-ÉMERVEIlLÉ Voilà la plus belle pièce que j'aie vue depuis de longs mois ! Sous des lumières caresses, Yves Beaunesne nous dévoile les turpitudes " spinoziennes " de Claudel : péché, culpabilité, autodestruction, pardon, rédemption, résurrection. Sous ses lumières caresses, il nous donne à voir, derrière le rideau en fils de nylon précédant l'avancée, la version lyrique de l'Annonce. Deux magnifiques violoncellistes font corps avec les voix exceptionnelles des acteurs. C'est de l'opéra, du Palestrina, du cantique en latin ; c'est beau, prenant, les entrailles tressaillent, et l'on aimerait que ces échos à la dramaturgie durent une éternité. Le rideau sert de frontière entre la présence et l'absence, la vie et la mort, le péché et l'expiation. Et d'écran. La longue scène du départ de Violaine vers sa thébaïde est magnifiquement filmée en noir et blanc. Tous les sentiments passent sur son visage dans une pureté de cristal. Du grand art ! En fin de représentation, belle originalité, il servira de tablette de lecture pour présenter les revendications des intermittents du spectacle. Ce spectacle tourné vers la beauté suprême est également une suite de tableaux religieux. Mes maigres connaissances picturales me font penser à l'école hollandaise que Claudel affectionnait. Il faut féliciter tous les comédiens et musiciennes qui jouent la partition sans une seule fausse note. Un énorme travail a été effectué sur la diction, le rythme, l'énonciation. Les mots sont des notes de musique, à la fois douces et veloutées, rauques, éruptives, larmoyantes. Pour terminer, les deux comédiens jouant les rôles du lépreux Pierre de Craon et de Jacques ont le même âge, la même corpulence, la même coupe de cheveux, la même barbe. Est-ce une allégorie à l' unicité du Bien et du Mal ? Ou la signification que l'on aime toujours la même personne à travers les autres ? J'en parle à mon psy et vous donne l'interprétation demain si je n'ai pas mis le feu au divan. # écrit le 26/06/14 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
AU THÉÂTRE HIER SOIR Une semaine... pas plus ! de Clément Michel, avec : Rachel Arditi (Sophie, vendeuse en librairie), David Roussel (Paul, journaliste pour une revue agricole) et Arthur Jugnot (Martin, agent immobilier). Mise en scène de David Roussel et Arthur Jugnot. Théâtre Fontaine à Paris. Je connaissais Clément Michel pour avoir vu Le Carton en 2012 au théâtre Trévise, avec les mêmes metteurs en scène. Un film éponyme avait déjà été réalisé en 2004 par Charles Némès. J'ai fait l'impasse sur ses deux autres pièces, Début de fin de soirée, et Le grand bain, pour cause de diversification de choix. Clément Michel tient un rôle particulier dans le jeune théâtre français de boulevard par sa propension à croquer les quarantenaires dans leur mal de vivre, leurs contradictions, leurs mauvais penchants, leurs lâchetés. Un seul lieu : l'appartement. Les personnages de Clément Michel ne s'engagent guère dans la vie ; aucun n'est propriétaire ou n'a créé d'entreprise. Une seule action par pièce : un déménagement ; une soirée arrosée ; une piscine sans eau. À partir de là, tout se détraque, part à vau-l'eau. Pour Une semaine.. pas plus ! , il s'agit de séparation. Non par consentement mutuel, mais parce que Paul a décidé qu'au bout de quatre mois de cohabitation avec Sophie, pourtant parfaite en tout, une était de trop. Dans un premier temps, Paul convoque son ami Arthur afin d'obtenir des conseils éclairés sur l'art et la manière de congédier Sophie. Premiers éclats de rire lorsque Paul sort de sa poche un texte ignoble qu'il compte lire à Sophie. Et que Martin propose de remanier. Bien sûr, Paul n'osera jamais entreprendre cette lecture. En revanche, au hasard d'une conversation avec sa compagne, il lui annonce la mort horrible de la mère de Martin, déchiquetée sous un camion, précisant que Martin va s'installer chez eux le temps du deuil. Comptant ainsi semer la zizanie dans ce ménage à trois, il fomente d'aviver les tensions qui conduiront au départ de Sophie. La pièce décolle lorsque Martin, ignorant la perfidie de Paul, se trouve nez à nez avec Sophie qui lui fait part de son immense chagrin... Mais n'en disons pas plus ! Ce qui fait le charme de cette pièce, même si les situations sont prévues d'avance -Martin passe du stade de l'homme parfait à celui d'invivable, Sophie est séduite par ce nouvel homme qui se délivre de sa douleur en cassant tout - c'est la diversité des types de comique dans les situations, les mots, les gestes, les silences, les cassures de tons. " Du mécanique plaqué sur du vivant" écrivait Bergson. Un petit bémol pour la voix d'Arthur Jugnot, faible par rapport à celles de ses deux comparses. Malgré des effets répétés à la Gérard- son- père, certains tombent à plat du fait de sa déficience. En résumé, je recommande fortement ce spectacle peu onéreux (19 Euros sur BilletReduc pour une place au 7° rang d'orchestre ) et qui fait salle comble tous les soirs. Vous passerez un excellent moment de pur bonheur tant la mécanique de boulevard est lubrifiée. Faites-vous du bien, mettez votre intellect aux vestiaires, et laissez-vous aller ! P.S : Appel à témoin. Qui connaît la date de naissance de Rachel Arditi, soeur de Pierre, introuvable sur le Net ? Xavier le taxi, le 8-V-2014. # écrit le 08/05/14 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Après avoir vu la semaine dernière Le Songe à la Comédie-Française avec Christian Hecq dans le rôle d'Obéron, je pensais naïvement m'ennuyer au théâtre D. Milhaud. Que nenni ! Une mise en scène tourbillonnante, un travail extraordinaire sur les voix, un plaisir de jouer communicatif, quelques scènes coquines du plus bel effet, des comédiens au sommet de leur art, et des moments d'anthologie ont bercé ma soirée et peuplé ma nuit de rêves érotiques et parfumés. Et ce, pour seulement 10 Euros! C'est de l'onirisme pur. Allez-y vite car la salle ne peut accueillir que 90 personnes et la compagnie part en Avignon en juillet. # écrit le 12/04/14 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com