Comédie dramatique: La Plume de Maât

-Une plume s'est posée sur mon coeur !
Bien des péripéties m'ont amené à l'espace du Chêne pour la première de "La plume de Maât". Un trajet, certes un peu long, que l'on oublie immédiatement une fois les portes de l'atelier franchies. C'est un espace merveilleux qui abrite oeuvres d'art en tout genre et musiciens de passage. On virevolte entre les sculptures de bronze, les portraits au fusain, les chaises miniatures, le chapeau de l'artiste et les besaces cousues mains. Vous allez me dire, mais où peut bien se jouer une pièce de théatre dans tout ce bric à brac ? Eh bien ne cherchez plus, elle est là, entre les oeuvres, au centre de l'espace du Chêne, comme un lien entre ces arts mêlés. Huit années après l'écriture de sa première virgule, son auteur Daniel Charlier peut enfin comtempler son oeuvre, aboutie. La pièce est merveilleusement portée par Patricia Kell et Florian Guillaume. Dans un décor industriel que j'affectionne particulièrement, la pièce s'intègre naturellement à l'espace du Chêne. L'oeuvre musicale de David Venitucci apporte une touche onirique au no man's land du monde de Maât qui nous plonge immédiatement dans un univers inconnu. La pièce n'a pas encore commençé que nos yeux déjà écarquillés ne savent plus où se poser. Patricia Kell entre alors en scène et c'est une explosion des sens tant sa voix et son corps nous transporte. L'énergie de cette femme est vibrante et captivante. Son grain de voix cassée porte avec force et fragilité son interprétation du personnage de Jeanne, la mère de Martin. Toujours sur le fil, entre humour, cynisme et un amour violent pour son fils, cette mère tente de communiquer sa rage de vivre. Son fils, le jeune Martin, interprété par Florian Guillaume, nous touche immédiatement par l'admiration dévorante qu'il voue à sa mère, constamment en quête de la preuve ultime de son amour envers lui. Ce jeune comédien incarne avec finesse et humour un Martin qui tente d'exister aux yeux de sa mère. Florian Guillaume apporte une fraicheur teintée de folie à son personnage, qui le rend touchant et parfois imprévisible. Le duo fonctionne à merveille dès les premiers instants. C'est un bon moment que nous allons passé en leur compagnie, entre sourires, gloussements et larmes. Nous les accompagnons sans les lacher du regard dans cette tranche de vie qui unit une mère et son fils qui on tant de choses à se dire, tant de choses enfouies. La plume de Daniel Charlier glisse sur nos âmes qui se laissent bercer par ses mots tantôt acerbes, parfois tendres, souvent cruels et puis cyniques, avec toujours cet amour violent, intransigeant, présent. Ces deux là s'aiment c'est une évidence et nous on ne veut plus les quitter. La pièce est une performance de 100 minutes pour ces deux comédiens et ils ont rélevé le défi avec panache. Je ne peux que les féliciter et vous encourager à aller les découvrir, les écouter et les aimer.
# écrit le 10/06/15

Théâtre contemporain: Zoo Story

-Très belle plume pour comédiens totalement habités !
Je ressors bouleversée par cette pièce d'Edward Albee, mise en scène par Alicia Sebrien, incarnée par trois comédiens de talent qui ont su me faire valser du rire aux larmes. Ils sont jeunes, ils sont beaux et ils nous donnent tout pendant 1h30. Florian Guillaume qui interprète le personnage de Peter est vibrant de justesse et de sincérité. On s'attache immédiatement à ce mec un peu gauche qui est pris entre le respect des conventions qu'il s'est fixé et ce bouillonement intérieur qui en fait un personnage sur le fil, toujours légèrement instable. Une très belle performance que signe ce jeune acteur ! Juliette Avice est très touchante dans le rôle d'Ann qu'elle interprète avec beaucoup de finesse et d'humour. La comédienne apporte une belle maturité au rôle qui rend sa relation avec Peter très crédible. On s'attache immédiatement à ce couple qui transpire l'amour et la déraison. C'est dans le deuxième acte que la pièce , à l'arrivée de Jerry, interprété par Mathieu Petriat. Ce personnage loufoque et poétique nous embarque immédiatement dans un monde onirique qui va précipiter la perte de Peter. On comprend que Jerry est une projection intérieur de la violente liberté qui habite Peter. Un personnage qu'incarne magnifiquement Mathieu Pétriat entre douce folie, intimité et désinhibition. Une très belle pièce portée par une mise en scène épurée et efficace qui laisse la part belle aux acteurs. A voir évidemment !
# écrit le 27/05/15 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com