Soir de fête est une reprise de la pièce d'Edward Albee "Qui a peur de Virginia Woolf". Nous avons affaire à une reprise quasi-conforme... quasi. La compagnie a sûrement ses raisons "d'adapter" cette oeuvre, mais globalement tout cela parait gratuit, confus, et des enjeux qui font l'essence de la pièce passent à la trappe. Les coupes du texte n'aident pas non plus au bon déploiement de la trame dramatique, ni à sa compréhension : elles sont maladroites et produisent des contresens... Pour ce qui est de la vraisemblance, c'est problématique : les interprètes de George et Martha sont beaucoup trop jeunes (les 4 acteurs ont la vingtaine) Alors ok, nous sommes au théâtre, ok la troupe est sûrement fraîchement sortie de l'école mais tout de même, le texte ne cesse de nous rappeler l'écart d'âge entre les deux couples (cinquantaine VS trentaine), et cet écart est absolument indissociable du sujet de la pièce. Cette distribution téméraire a du même coup des répercussions évidentes sur le jeu : manque de maturité, de relief, intensité éteinte, technique trop fragile... Et je ne parle pas de la scénographie qui n'est vraiment pas très heureuse : où est la créativité, le dynamisme ? Bref, je ne vais pas descendre plus longtemps une jeune troupe qui veut s'essayer au plateau, mais il faut le dire : le spectacle est truffé de lacunes. Les acteurs sont bien mignons et sans doute animés par de bonnes intentions, mais les espoirs eux, sont plus que déçus. # écrit Il y a 3 semaines
Rythmée, technique, inattendue et absurde, la pièce plaide ouvertement pour un pastiche d'elle-même. Le loufoque est parfaitement assumé. Goupil joue la vanne au premier degré sans jamais l'alourdir par des acteurs complaisants qui la commenteraient : le spectateur est le seul juge. Pas de cabotinage idiot, mais plutôt des acteurs créatifs, et d'une redoutable précision. Il faut aller voir # écrit le 23/11/24
Première expérience immersive hier soir : excellente découverte. L'ambiance du spectacle est travaillée, la mise en scène est habile et les acteurs.rices sont prenant.e.s. Mention spéciale au barman/avocat dont le jeu est particulièrement remarquable. Bravo et longue vie à ce projet ! # écrit le 19/12/22
On entre dans la salle à pas feutrés : on ne se lasse pas de redécouvrir après de longs mois d'absence les fauteuils rouges, militaires, silencieux. On ne souhaite qu'une chose, que la magie opère et que Feydeau s'empare de nous tout entier. Mais, lorsqu'un silence impérieux tombe dans la salle et que le plateau s'éclaire, on est loin de s'attendre à l'imposture grasse d'une heure et demi. Les applaudissements de la fin, qui font d'ailleurs l'enseigne formidable de la bien-pensance, sont douloureux et sollicitent une véritable énergie que seule procure l'hypocrisie mondaine : on fait clap-clap fort pour presser cet ultime moment, qui figure comme l'apothéose de la gêne. Il faut commencer par la première chose visible, les décors. Ils sont objectivement laids. Il faudrait songer à aller au théâtre plus souvent et bouquiner un peu de scénographie, c'est un métier, pas du bricolage ! Comment peut-on oser mettre en lumière des horreurs pareilles, qui feraient fuir Emmaüs ? des rideaux de douche en guise de portes (d'appartement bourgeois, rappelons-le), un fauteuil idiot à la toile froissée... Même la table s'excuse d'être là ! Quand on a pas les moyens d'avoir un décor digne de ce nom, il faut jouer la carte de l'austérité et de la SOBRIÉTÉ, la recette : Un soupçon d'imagination et une once de désir peuvent suffire -- à la vue d'un tel naufrage, qu'est-ce donc que ces mots là, me direz-vous. La sono : on nous demande d'applaudir le régisseur ? aucune transition n'est correcte, tous ces pauvres diables sur le plateau sont décrédibilisés, on compatit à leur injuste souffrance. On passe outre le chef d'oeuvre des ombres chinoises invisibles... il faudrait éteindre les projos de la face pour qu'on puisse en profiter. Pour l'acting, que dire. Y-a-t-il une direction d'acteur quelque part svp ? ou un whisky et une corde ? Pour qu'on puisse rire un peu du texte, il aurait fallu jouer la situation, et pas la vanne à deux balles une réplique sur deux, où l'un des acteurs joue "le silence tant attendu" quand l'autre acteur dit "la bêtise tant attendue". C'est très malhonnête de laisser ses acteurs dans cette posture; au final, ils auront eux l'impression infernale de se battre pour exister, à l'image du scarabée que l'on retourne par perversité, et qui remue dans la bouillasse, les pattes en l'air. En observant la salle, on ne peut s'empêcher de remarquer que personne ne rit du texte alors que celui-ci est génial (quand on peine à le discerner des cris hystériques). Les gens ont ri parfois du paratexte grossier, autrement dit des artifices gras, vus et revus : des conventions du mauvais boulevard contemporain sur lesquelles le brave spectateur non-averti peut s'appuyer, pour avoir l'impression de rire de quelque chose d'intelligent, car après tout, il est au théâtre. Est-ce vraiment cela, le théâtre ? un passage au micro-ondes ? Pour les insertions politico-sociales, genre gilets jaunes, il faudrait se rapporter à la grande différence qui réside entre les notions "libre" et "dehors" : là, c'était tout simplement dehors. Bien du courage pour la suite. # écrit le 23/10/21 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Sandrine Sarroche dans Saison 2
Franjo