superwandrille

Théâtre contemporain: Les Témoins

-Les Témoins et les partisans.
Une nouvelle fois, cet amour immodéré de l'affiche concept m'a amené vers des rives inhabituelles. C'est en effet pour récupérer la superbe affiche signée Olivier Thévin que je suis allé assister à la première de la neuvième pièce de l'auteur Yann Reuzeau. Heureuse initiative. La pièce s'ouvre sur une conférence de presse, le jeu des acteurs est un peu confus mais l'ambiance surchauffée d'une redaction en ébullition fait passer ça, d'autant qu'un élu d'extrême droite populiste vient d'arriver au pouvoir et que le Journal Les Temoins ne sait pas quelle ligne choisir. Jusqu'ici, ils ont toujours méprisé une ligne partisane, tentant d'être le plus objectif possible, loin de toute ligne politique mais... la situation divise le comité éditorial. D'autant qu'à côté de cette actualité brûlante, quelques autres sujets " chauds " sont encore sous le boisseau et que, on le découvrira bientôt, chacun d'entre eux ont leur propres problèmes personnels à gérer. L'histoire raconte le pourrissement de cette situation impossible qui fait d'un journal indépendant soit un adversaire soit un complice d'un régime qui ne supporte pas la pluralité. L'action monte en puissance, les personnages changent d'allégeance, tiraillés entre menace, intérêts, sentiments et convictions personnelles. C'est fort et riche, et, dans la conjoncture actuelle, ça interroge beaucoup. Au niveau mise en scène, la scénographie d'apparence sobre révélera quelques surprises. Avec seulement 6 acteurs sur scène, une chorale de personnages va apparaître s'enchaînant sans répit sur l'espace scénique, que le jeu de lumière viendra séparer en différents lieux et moments. L'intégration de video pourra choquer les puristes mais, ici, elle prend tout son sens. les Témoins est en effet un journal en ligne, dans la lignée d'un Mediapart, et les articles et les une sont des pages qui s'actualisent pendant l'action en parallèle du jeu des acteurs, parfois mis a jour " en direct " par les protagonistes. C'est cohérent et malin, sans être gadget. C'est véritablement du théâtre contemporain dans le sens le moins arty du mot. On nous raconte notre époque et ce qui nous pend au nez. Et ça fait peur. En même temps, on rit parfois, souvent en fait, sans que le rire ne vienne désamorcer l'action. Un rire parfois jaune, parfois nerveux, mais qui allège l'ambiance qui s'allourdit à mesure qu'avance la pièce, jusqu'au dénouement final. La pièce est a l'affiche au moi s jusqu'à mi-novembre, je ne peux que vous encourager a aller la voir !
# écrit le 30/08/19

One man show: Kyan Khojandi dans Une bonne soirée

-L'implacable meccanique du rire
'ai eu la chance de voir hier le spectacle de Kyan Khojandi coécrit (et introduit) par Bruno Navo le fameux binome de la série Bref (et auteur de la Bande Pas Dessinée, génie quoi) He bien, c'est une impressionnante prouesse, dont il va être difficile de parler sans trop en dire... Disons qu'il y a une meccanique narrative redoutable, faite de boucles auto-référencielles assez géniales. Le spectacle repose beaucoup sur cette capacité formidable des deux auteurs à poser des clins d'oeil / meme et à y revenir incidemment, sans que le spectateur le voit venir, dans des contextes différents, évitant l'effet de redondance. ça pourrait paraître systématique, ça ne l'est pas, parce que c'est toujours au service de la narration. Kyan utilise un background familial pour raconter (en deux heures quand même) une anecdote (et une seule) mais qui va recouvrir toute sa vie, et même un peu au delà. Le sentiment est aussi mis à contribution et ça marche. Et, parce que "y en a un peu en plus, je vous le mets quand même ?" les auteurs se permettent quelques petits inside savoureux, des clins d'oeils à la série Bref, plus une petite galerie d'imitation assez nouvelle dans le répertoir du comédien (du moins pour moi) et, franchement, assez bien senti. Enfin, on sent que le comédien s'amuse vraiment. Il joue avec sa salle, alors même qu'il a une arme de guerre narrative entre les mains, le mec va faire le pont avec le public, interpeler le distrait ou la pause pipi qui tente de s'éclipser discrètement (dur, les portes sont sur le côté), mais jamais au dépend du spectateur mis en lumière. Bref (comme ils disent), ça envoie beaucoup de bonnes choses, c'est malin, c'est drôle, c'est plein d'énergie. Allez y, c'est formidable. Bon et Navo déchire en première partie.
# écrit le 26/04/19

One Woman Show: Mudith Monroevitz

-La java des fromages
Quel spectacle époustouflant !! Quelle énergie, quelle bonne humeur. Comme son égérie américaine, Mudith est à la fois sexy et touchante. En une histoire, elle campe les protagonistes de tout une vie d'actrice, les joies, les espoirs et les deboires d'une écervelée qui ne sais pas bien où elle va mais qui est certaine qu'elle y parviendra. Mention "à tomber par terre" pour la java des fromages, un morceau de bravoure qu'on entendrait bien plusieurs fois pour ne pas en perdre un morceau (de fromage, donc)
# écrit le 21/09/17 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

One man show: Davy Mourier dans Anecdotes

-Touchant et marrant, as usual
Davy travaille encore et toujours sa meilleure matière : lui même. A base d'anecdotes croustillantes et, malheureusement pour lui, vécues, il enmène le spectateur dans un retour vers le futur emprunte de la loose des plus grands. Un seul (tout petit) reproche : Davy gagnerait à donner un ou deux moment de tendresse, comme il sait si bien les faire partager sur ses autres spectacles. Et pourquoi pas une anecdote de win aussi ?
# écrit le 16/11/16

One Woman Show: Charlotte Creyx

-Charlotte : le comique au naturel
J'avais aperçu Charlotte à ses tout débuts. Elle prenait des cours au Théatre du Bout et là, déjà, elle avait un naturel comique incroyable, rien que de la voir lire une liste de course, c'était tordant. Depuis plusieurs années, hors de france je n'ai jamais pu la voir sur scène, et là, enfin, je découvre ce spectacle écrit de sa main et c'est irresistible, ce n'est pas tant les blagues que l'attitude, le décalage permanent de son personnage qui crée un sourire permanent et un rire de surprise, avec des lignes excellentes. L'écriture est au poil et l'interprétation géniale.
# écrit le 16/07/15