Cette représentation permet au texte d'Alfred de Musset de raisonner dans une atmosphère de conte proche de Perrault. La capricieuse Marianne est l'objet de l'amour de Coelio, éperdu romantique, mais sous la direction de Clark Ranaivo elle est aussi la proie des hommes : celle des dessins fantasques d'un Octave bohème (très juste dans le registre de la mélancolie) et, plus tristement, celle de Claudio son mari, dont l'inquiétante présence renferme une violence sourde. La pièce offre à chaque comédien un temps de superbe, notamment une belle chorégraphie qui suspend le destin des trois hommes dont les yeux sont rivés sur le corps en mouvement de Marianne, qui s'incarne comme une douce évocation de La Esmeralda de Hugo. Autre belle idée de mise en scène ; c'est sans caricature que la douceur de Hermia, la mère de Coelio, passe par les traits d'un comédien masculin qui parvient à figurer avec mélancolie l'absence d'un père. Enfin, l'interprétation de Clément Paul Lhuaire, tantôt en Pippo clownesque au large sourire figé, tantôt en spadassin aux yeux fous dans une scène d'une soudaine violence, complète une distribution en harmonie avec le parti pris d'une très belle mise en scène oscillant entre romantisme et registre du merveilleux. # écrit le 23/05/18 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com