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Théâtre contemporain: Les feluettes

-Les Feluettes, un drame passionnel et passionné
Comme toujours dans les mises en scène d'Olivier Sanquer, le décor est épuré, dépouillé presque nu, les costumes minimalistes. Et pourtant avec quelques jeux de lumières, l'atmosphère est là et le spectateur est embarqué. C'est que la force de la représentation est ailleurs. Et d'abord dans le texte de Bouchard, un texte puissant, coloré, dur, qui situe l'action du côté de Roberval en 1912 et 1952. Théâtre dans le théâtre, Les Feluettes nous ramènent à une époque et un lieu dans lesquels il ne fait pas bon être homosexuel, pauvre, émigré ou marginal. Quarante ans après un drame, des repris de justice incarnent des êtres prisonniers des valeurs établies et reconstituent les faits afin de mettre en évidence une erreur judiciaire. Cette unique représentation destinée à un unique spectateur se déroule sous nos yeux presque indiscrets. Les voix portent et créent les lieux, les souvenirs. L'émotion semble palpable ; on ne sait plus très bien si les larmes qui succèdent aux rires viennent de la salle ou de la scène. L'amour et la haine se côtoient à un degré rarement égalé, la rage couve sous le calme apparent, la jalousie n'en finit pas de mourir et de produire son fiel. Cette difficulté à vivre et à être soi, récurrente dans l'oeuvre de Bouchard, s'exprime ici avec brio. La mise en scène exploite brillamment le texte et les acteurs lui donnent une véritable intensité, incarnant superbement des êtres libres et prisonniers, faibles et forts, détestables et touchants à la fois. Un spectacle à ne pas manquer.
# écrit le 08/09/15