Gael Damerval

Théâtre contemporain: Quand je parle de sexe et de christ

-Plongée dans le lac
Une belle première ! C'était super. Découverte de ce petit théâtre encastré dans une cour parisienne ordinaire, comme si on allait rendre visite un ami. La porte s'ouvre, on ose à peine s'y assoir, l'ambiance est déjà là. On part d'une messe grinçante dans la Russie du début du XXe siècle où l'intolérance à l'homosexualité nous saute au visage. D'acts en acts, la scène se métamorphose au gré d'une mise en scène pensée, et soignée : lumière, musique, accessoires, maquillage, habits, effets sonores, sueur, cris, c'était une belle symbiose. Mention spéciale pour la scène du lac qui est une ode au pouvoir évocateur du théâtre dans sa capacité à réveiller l'imaginaire dans son plus grand dépouement scénique. Des ondulations corporelles, une lumière froide, et nous étions entourés d'animaux marins. Une belle complicité entre les acteurs. La scène de l'enfant malemné par le sonneur de cloche qui voit du péché partout est très drôle, on s'attache beaucoup, le comique de situation fonctionne. La partition musicale est vraiment bien, bravo, beaux enchainements, musique minimaliste bien équilibré, belle alternance entre moments joués et pré-enregistrés. Très bonne idée de cacher le visage par un livre, ou des cheveux lors de l'utilisation du micro autrement. De belles trouvails. L'orage dehors qu'il y a eu a eu quelques moments de grâce en échos avec les dialogues. Dans les points davantage négatifs, on peut avoir du mal à percevoir où on se situe dans l'histoire, ce n'est pas une écriture classique, les acts se suivent, sont décousus. On se perd un peu dans l'identification des personnages, ils sont davantage incarnés par leur interprétation du texte que par leur rôle, leur fonction. Les deux filles prennent beaucoup de temps à se distinguer, et je n'ai pas compris pourquoi l'une d'entre elle a longuement disparu (si ce n'est pour relancer la machine à fumer !) Les personnages semblent changer, interprètent-ils plusieurs personnages à des moments différents ? Le tableau au fond ne serait-il pas un artifice de mise en scène pour articuler le récit, sans avoir un sens réel ? En tout cas bravo ! En ressors épuisé d'une telle performance, de cette ode à la tolérance ! Une pièce mystique, fantasmagorique, un texte intemporel, j'y retourne ce soir :) !
# écrit le 30/05/18 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com