Par moment, ce spectacle révèle à la perfection ce qu'on peut attendre du théâtre. Un face à face, dont nous sommes les témoins passionnés et impuissants, entre deux personnages devenus réels. J'aurais voulu sauver la reine de sa mort, et le roi de son acte ! Il faut dire que celle-ci est d'une bonté et d'un naturel qui vous étreint le coeur ; et que celui-ci, dans toute la puissance de son ironie, semble véritablement avoir vu passer sur lui des années de règne désenchanteur... Mention spéciale, aussi, pour le noble qui réclame la tête de la jeune femme, avec une rigueur glacée. Tous les acteurs ne sont pas à ce niveau. L'Infante a pourtant des moments de grâce, une véritable énergie quand elle s'abandonne ; mais ses silences au milieu des phrases, s'il semblent destinés à montrer la maîtrise d'une femme politique sur son langage, demeurent vraiment peu crédibles... et donc gênants. J'avoue enfin ne pas avoir du tout cru au prince, que je trouve affecté : comme concentré sur le fait qu'il est en train de jouer un grand et beau texte. En conclusion, je conseille vivement d'aller voir l'ensemble, car les moments de vérité nous font vite oublier ceux où le spectacle perd en intensité. # écrit le 01/09/06
Ce qui est fascinant, chez Montherlant, c'est la diversité de son répertoire. Après avoir vu une Reine Morte déchirante et majestueuse, après le cri ébouriffant de Pasiphaé, voici une comédie de moeurs enlevée, servie avec un bel engagement de la part des comédiens. On appréciera leur sincérité dans l'exercice délicat de ne pas se prendre au sérieux tout en assumant pleinement son rôle. Un bémol : le départ est lent, ce qui n'apporte rien. # écrit le 01/09/06