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Théâtre-resto: Un chameau dans une tempête de sable

-un chameau dans une tempête de sable
Ma soirée pourrait s'appeler "La Double surprise de l'amour"."Un chameau dans une tempête de sable", ce n'est pourtant pas du Marivaux mais du théatre contemporain La première surprise. Par le sujet et la situation, on s'attend à une variation vaudevillesque sur le triangle des habitudes du couple bourgeois: une épouse trompée se faisant passer pour une enquêtrice d'un institut de sondages, pénètre au domicile de la maîtresse de son mari. House wive archicoincée, elle découvre une rivale à l'opposé de ce qu'elle imaginait. La maîtresse la démasque et tout sourire, avec une hospitalité désarmante, dans le rôle du coach bénévole(Reina Ceret y est fort à l'aise), elle entreprend de la libérer de tous ses complexes. Mais l'élève dépasse la Pygmalionne, la séduit et la prend à son mari. Un rapt sexuel d'autant plus réussi que consentant. Donc pas la dérive boulevardière attendue mais un sacré coup de jeune dans le gras des petits cousins de Feydeau. Mademoiselle Stéphanie Reynaud, je dis bien Mademoiselle - on a envie de lui donner le titre prometteur de pensionnaire car par l'allure et la diction, elle serait tonique dans le répertoire classique- nous donne la seconde surprise. Elle a co-écrit cette comédie insolente et drôle mais bien affinée et elle interprète avec justesse ce coup de théatre de l'éclatement de sa bulle. Le jeu est dosé comme dans un suspense hitchcockien. Elle est plus crédible que Carole Bouquet dans le film de Bertrand Blier "Trop belle pour toi" découvrant que son mari lui préfère une Josiane Balasko. Une tirade sur la brutalité masculine monte la pièce en puissance émotionnelle. Il y a là la violence d'un monologue du vagin. Ensuite, la métamorphose de la BCBG en séductrice irrésistible est fort plaisante. Dans le rôle , Mele Reynaud laisse apprécier toutes les inflexions et modulations de sa voix à la fois douce et forte. Souhaitons à cette belle comédienne de conquérir un espace théatral à la mesure de sa présence en scène. Max Denis
# écrit le 02/10/06