Théâtre classique: Titus Andronicus

-La première des premières pièces de Shakespeare
TITUS ANDRONICUS, général romain, revient victorieux des goths à Rome. Jouant de manière quasi-cinématographique avec les perspectives, la mise en scène démarre fidèlement aux scènes traditionnelles de triomphe, en exposant au premier plan sur la droite, des vaincus les mains jointes, attendant la procession des vainqueurs venant au loin, afin de leur demander à leurs pieds : clémence. Le 28/01/2022 c'était la première de la première des pièces de SHAKESPEARE, mise en scène par Jean-Luc JEENER ! Paradoxalement cette pièce s'adresse avec la fougue de la jeunesse jusqu'aux plus sages, aux plus vieux des citoyens sur les affres de la passion : crimes de toutes sortes (viol, violence), vengeances, serment lié par le sang. Ce drame, historiquement en Rome antique, dépeint des scènes de cruautés dignes de la mythologie grecque avec ce réalisme shakespearien, par lequel l'auteur apporte des légères respirations d'humour noir ou d'envolées poétiques. Car dans cette pièce, les figures d'opposition émergent davantage au fil de l'action que dans le texte, le spectateur étant bien celui qui en rit en premier et en dernier. Les protagonistes franchissent toutes les limites : TAMORA, l'impératrice bifrons et AARON, démoniaque et redoutable, s'opposent au meilleur soldat de Rome, attaché aux coutumes de la Cité au point d'y sacrifier sa progéniture. TITTUS ANDRONICUS : " S'il y avait une raison pour de pareilles misères, alors je pourrais contenir ma douleur dans des limites. Quand le ciel pleure, est-ce que la terre n'est pas inondée ? Si les vents font rage, est-ce que l'océan ne devient pas furieux ? Est- ce qu'il ne menace pas le ciel de sa face écumante ? et tu veux une raison à ces lamentations. Je suis l'Océan ; écoute les soupirs de ma fille. Elle est le ciel en pleurs ; je suis la terre. Il faut bien que mon océan soit remué par ses soupirs ; il faut bien que ma terre soit inondée et noyée sous le déluge de ses larmes continuelles ! Car, vois-tu, mes entrailles ne peuvent absorber ses douleurs ; et il faut que je les vomisse comme un homme ivre ! "
# écrit le 30/01/22

Théâtre contemporain: Timon d'Athènes

-Heureuse tragédie !
Heureuse tragédie ! Ce Timon, citoyen d'Athènes, présenté comme riche et vengeur à l'encontre de ses hypocrites amis vaut le détour ! A la générosité matérielle de l'un à l'égard des autres, répond un choeur d'ingratitude, lorsque le premier devient dernier. Timon, le prodigue de trésors renfermant aussi la vacuité va devenir misanthrope, bien qu'en cette humanité, il y ait quelque espoir. Cette pièce de William Shakespeare a certes une composition surprenante, mais traite de sujets profonds. Côté mise en scène, un coffre a été placé au centre des attentions, au fond duquel se trouve, sans doute, la recette du dramaturge élisabéthain : par le jeu de l'illusion, les spectateurs se retrouvent comme invités aux différents banquets. Ces dîners d'amis sont l'occasion de découvrir le jeu de ces talentueux comédiens incarnant différents acteurs de la société (notamment marchand, sénateur, soldat) et leurs échanges, tels celui Apémantus (Jean-Luc Chapalain) et Timon (Frédéric Thérisod — également metteur en scène) ou de Flavius (Béatrice Mandelbrot) intendant de ce dernier, qui auprès d'autres s'interroge : " Qui voudrait de cette splendeur dérisoire, de cette existence ou l'amitié n'est qu'un rêve de ce faste et de tout cet apparat peints du même vernis que tant de faux amis ? "
# écrit le 27/11/21 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com