Commédien-ne-s et metteuse en scène (Aura Coben) ont su transformer la contrainte de format du " Off " en défi : faire tenir en une heure et quart une pièce qui normalement en demande deux fois plus. Le résultat : une diction parfaitement claire, un texte qui coule comme la langue parlée (on savait bien que la langue de Racine est plus simple que ce que l'on croit à la lecture d'un texte qui paraît précieux, d'un français suranné), des sentiments à fleur de peau, une violence à peine contenue qui finit par éclater. " Les perssonnags de Racine sont connus parce qu'ils parlent ", c'est vrai, mais ici on n'a pas le temps de les psychanalyser, ici ils sont connus parce qu'ils agissent, avec audace et violence : leurs phrase touchent et frappent comme des coups. Droit au but, même si le but est leur honte ou leur condamnation. La Phèdre d'Aura Coben est femme, et comment, mais n'en fait pas une affaire, elle est d'abord reine, femme d'action (eh oui) et furieusement amoureuse. Hippolyte est parfait (ce qui est difficile), joli comme ange et révolté comme un James Dean. Jeu et voix superbes de Thésée, de Théramène et d'Oenone (la seule d'ailleurs qui prend le temps de " dire les vers "). Bon, il a fallu faire quelques coupes minimes (et chacun pleurera des vers qui lui sont chers), la scansion n'est plus au service de l'alexandrin et du e muet, mais de la compréhension de l'action et des passions. Se révèle ainsi une tragédie au tempo de film noir, où le déluge de connexions mythologiques, avec le dieu caché qui seul a tout conduit, restent évidemment dans le texte, presque plus évidemment encore que dans les interprétations " classiques ", cernant les personnages comme les lueurs de la ville chez Huston, Dassin ou Aldrich, en leur laissant toute liberté pour organiser leur malheur. # écrit le 23/07/17