Impossible de rester indifférent à ce spectacle ; quand on ne connait rien du flamenco comme moi, on entre dans la salle avec une certaine appréhension, comment s'enflammer devant un art lorsqu'on en possède aucun code, lorsque les chants, la danse, vous sont inconnus. Et puis c'est une guitare virtuose, qui vous projette dans cet univers mi-imaginaire mi-réel de ce sud espagnol entre histoire, déracinement, création, et puis c'est une voie, mélopée portée au bout de l'extreme, dans ses failles même, ou se déchire les sentiments de la quête, de la douleur, de la joie, c'est la posture, enfin, dans la danse, l'affirmation violente du rythme, de l'élégance, de la beauté droite, fière, sensuelle, de cette carmen invraissemblablement jaillie de l'ombre, qui ramasse dans ses gestes, dans l'extraordinaire magie de ses mains, tous les fils qui auraient du nous conduire depuis longtemps à considérer le flamenco comme l'épure de ce qui nous reste essentiel. Qui peut penser que les castagnettes sont folkloriques quand elles coulent de cette manière, quand elles insèrent entre la musique et le corps leur écoulement parfois tendre, parfois impérieux ? Ce spectacle est un feu noir, féroce et joyeux, tenu par une énergie presque sauvage et pourtant toujours maitrisée à la perfection. # écrit le 09/11/06