Après l'amour c'est encore l'amour, un amour vache et tendre en creux à la fois, d'un vieux couple homme femme. Quel sens donnent-ils encore au partage ? Nous apprenons à décrypter leur réponse au fil d'un dialogue acide : dans sa posture guéguerre, pour se persuader qu'elle contrôle son mari madame accumule les ficelles plus ou moins grosses, souvent flambantes d'absurdité comme défendre à sa moitié de boire l'alcool qu'il ne boit pas, faire un énoncé autoritaire voire totalitaire des interdits qu'il se fait fort de transgresser, rejeter l'argent qu'il n'a pas, maudire l'acquisition d'un téléphone et presser de le décrocher, rêver la mort de son mari tout en regrettant qu'il soit parti le premier, se convaincre qu'un bâtiment s'est déplacé avant d'envoyer son homme vérifier sur place... ; lui coincé par ce fol amour possessif et décalé, s'évade allègrement vers un communautarisme qui le rassure à travers la fréquentation peu assidue d'une permanence communiste, la lecture de l'Huma mêlée d'une délectation dans la rubrique nécrologique, une écoute idolâtre de l'Internationale, son reste à vivre de rebelle pas si candide se découvre dans une patience en or et ses régressions avouées, son bonheur de fumer en cachette le produit de la vente de ses oeufs, ce qui fait dire à madame qu'il fume ses oeufs ! Jeu coordonné des acteurs bonhomie contre hargne, peurs, croyances et certitudes s'incarnent dans ce parfait couple imparfait, sans pathos, habile à surfer sur un texte par ailleurs bien ficelé ; un plaisir qui se partage visiblement sur plateau, j'ai adoré... # écrit le 01/04/22 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com