Oeil qui rit Oeil qui pleure
Ses critiques -Un Robespierre de la sincérité 10/10 Voici "Le Misanthrope" dans une mise en scène postmoderne de Philippe Ferran. Pari risqué mais gagné! Or, les quelques repères très contemporains (la colocation, le frigo, la radio qui vient d'annoncer le décès de Michou, la bière, le vin écolo, la sniffe... forment juste le décor, créent l'ambiance, sans modifier en rien la structure de la pièce de Molière - la langue reste la même, celle, châtiée, du XVIIe siècle -, tout cela pour nous montrer d'autant plus clairement que c'est l'être humain qui ne change pas, que le langage de la comédie des sentiments et celui de la pure bêtise, du conformisme, de la lâcheté, des obsessions pathologiques, restent les mêmes au XXIe siècle. Le jeu des comédiens est riche, nuancé, rythmé, vivace; on rit bien, parfois on compatit un peu, on vibre avec les personnages ("humains, trop humains", dirait Nietzsche) et les deux heures ou presque passent en un éclair. Un spectacle original et jouissif! Un grand bravo! # écrit le 28/01/20 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
| -Parodie aztèque-espagnole 10/10 "La Prophétie aztèque" est une parodie déjantée du choc et du devenir de deux civilisations: l'espagnole-colonisatrice et l'aztèque. Le temps des prophéties étant révolu, la prédite réunification des deux royaumes aztèques n'aura plus lieu, les raisons du coeur ayant raison de la raison - Quetzal du royaume du Nord n'épousera plus sa promise Cocoatl, l'héritière du royaume du Sud, mais l'élue de son coeur, l'Espagnole Paloma. Or, il n'y aura guère que le coeur des amants qui gagne (plutôt une parodie de la mixité idyllique) mais aussi, et surtout, les raisons capitalistes du commerce du cacao et du chocolat, disons la victoire du pragmatisme, ici symbolisé par le capitaine anglais Kinder ("Kinder Chocolat"!), non par hasard le tuteur de Quetzal. (Mais qui sacrifiera aussi au coeur, tombant amoureux de la mère de Paloma, Doña Hernandez de Cordoba, oubliant ainsi le conflit colonial entre Anglais et Espagnols.) L'ambiguïté est bien entretenue jusqu'au bout: on pourra dire que cette pièce est une satire-parodie du capitalisme et du colonialisme européens, et à la fois une parodie de tous les clichés d'une mixité idéalisée. Il serait très instructif de savoir comment cette comédie jouée aussi au Mexique a été reçue par les lointains descendants des Aztèques! Un spectacle à ne pas rater! # écrit le 07/11/18
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