Ses critiques
8 pages de résultats triés par | | -Une pépite de Marivaux à voir ! 9/10 " Les sincères " de Marivaux dans une mise en scène de Jean-Marie Ledo est une vision sans compromission de la nature humaine sous forme de comédie bien sombre. Jean-Marie Ledo a choisi dans sa mise en scène de prolonger la main de Marivaux en montrant le côté sombre de l'humain, sa face cachée, le côté obscur de la force. Force qui le pousse par sa vanité, son orgueil, à se croire au dessus de la mêlée et d'être par dessus tous les autres : Sincères ! Nous sommes bien loin des marivaudages auxquels nous sommes habitués, quoiqu'ils aient pris une autre forme, l'amour n'étant jamais très loin du propos. Les galanteries délicates et recherchées sont plutôt celles de la sincérité selon les propos de l'auteur. Toute la question est de savoir si leur communion est possible ? Peut-on être totalement sincère tout en marivaudant ? Car être sincère n'est-il pas d'exprimer ses pensées et ou ses sentiments sans les déguiser ? Et Ergaste d'affirmer : " Je réponds de la sincérité de mes sentiments, je n'en garantis pas la justesse. " et d'ajouter que si pour paraître franc, il fallait mentir, il mentirait. Vous comprendrez ainsi toute la complexité de l'intrigue qui va se dérouler sous nos yeux. Ce soir, les couples se font et se défont au rythme des flatteries et des mensonges tout en étant sincères...sans compter la perfidie ou l'honnêteté des domestiques, toujours très présents chez Marivaux comme chez Molière, exaspérés par tant de sincérité galvaudée. L'arme absolue pour réussir, c'est la sincérité : c'est ce que croient en tout cas la Marquise et Ergaste, qui l'un et l'autre ne peuvent s'exprimer qu'en étant profondément sincères au risque de se couper du monde. Comme cette scène très drôle qui rappelle celle du Misanthrope où Ergaste ne peut concevoir autre chose que de dire la vérité même si cela l'oblige à perdre son procès. Célimène et Alceste ne sont pas très loin... Un Misanthrope qui sera très présent dans cette comédie dans laquelle le metteur en scène prendra soin de mettre continuellement entre les mains d'Ergaste un exemplaire de cette comédie. 73 années séparent la création des deux pièces... Oui être sincère avec le quidam est aisé, mais qu'en est-il de la sincérité qui réunit la Marquise et Ergaste dans l'ébauche d'un amour où naissent les sentiments, projetant même un mariage, mais laissant place à la jalousie : l'ennemi... Revenons à la genèse de l'intrigue : la Marquise est promise à Dorante, mais ce dernier est à ses yeux un vil flatteur même quand elle lui demande de lui exprimer ses défauts, qui deviennent dans la bouche de Dorante des qualités. La boucle est bouclée, c'en est trop pour ses oreilles qui n'acceptent plus les louanges. Quant à Ergaste il est promis à Araminte. Elle a beau papillonner autour de lui, il n'a d'yeux que pour la belle Marquise. Gravitent autour de ces deux couples les domestiques qui pour une fois ne sont pas amoureux ensemble mais qui complotent. Lisette est amoureuse de Dubois, valet de Dorante, qu'elle trouve plus beau que Frontin, et Frontin a donné son coeur à Marton, suivante d'Araminte, qu'il trouve plus belle que Lisette. Ils n'ont qu'un seul but pour préserver leurs intérêts, éviter à tous prix que les couples illégitimes, à leurs yeux, se forment et que les " initiaux " retrouvent leurs âmes en leur faisant comprendre qu'ils se sont toujours aimés. Jean-Marie Ledo a mis en scène cette comédie aux allures tragiques dans une " boîte noire " serpentée par un labyrinthe dans lequel les comédiens cherchent la sortie, se perdent et réfléchissent à leur condition, à leur avenir. Dans une sobriété laissant place au texte et avec une fluidité tout en sensibilité, il a construit leurs parcours à l'extérieur et à l'intérieur de leurs chemins de vie. Laissant aussi les domestiques contrôler, depuis leurs postes de guets, les allers et venues de leurs maîtres, leur laissant le loisir de mener à bien leur complot. Six comédiens sincères dans leurs jeux, si ce n'est dans leurs textes, se jaugent, s'écoutent, s'aiment, tout en affrontant leurs peurs, peurs de céder à la tentation, ou tout simplement au véritable amour. La Marquise, la coquette au bijou qui brille de mille feux est jouée par Natacha Simic. Pour lui donner le change Olivier Ducaillou, de sa voix de stentor, plongé dans ses songes du Misanthrope, est à la recherche de sa vérité. Le beau Dorante amoureux transi aux yeux pétillants est joué par Guillaume Kovacs. Maïna Louboutin est tout en finesse la délicate Araminte qui pousse habilement ses pions pour arriver à ses fins. Quant au drôle de couple formé par les deux fripons qui sèment la pagaille, dans ce jeu aux troubles manipulations, ils sont joués par Michelle Sevault pour Lisette et Jean-Marie Ledo pour Frontin. " Les sincères " une pièce méconnue de Marivaux qui mise en lumière par les comédiens du théâtre des 400 coups et l'intéressante mise en scène de Jean-Marie Ledo mérite que l'on s'y intéresse de plus près, en allant " découvrir " cette pépite. # écrit le 03/03/20 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
| -à voir 8/10 " La vie parisienne " de Jacques Offenbach dans le cadre " Le mois Molière " aux Grandes écuries de Versailles, adaptée et mise en scène par Nicolas Rigas, est un opéra bouffe servi par une distribution talentueuse à la gaîté communicative. Nicolas Rigas s'est attaqué avec brio et panache, dans un esprit de troupe, au montage de " La vie parisienne " de Jacques Offenbach dont on fête, en 2019, le 200e anniversaire de sa naissance, tout comme celui des 100 ans de la compagnie " Le Théâtre du Petit Monde ". Une liaison tout à fait réussie entre l'univers de l'opéra et celui du théâtre. La vie parisienne était en son temps (19e siècle) une satire d'une société où le paraître comptait plus que tout, une société où également la fête battait son plein dans le seul but des plaisirs, tous les plaisirs, même éphémères. D'une petite trentaine de rôles à l'origine, Nicolas Rigas a conduit son train avec dix comédiens (3 femmes et 7 hommes) accompagnés par quatre musiciens, réunissant des cordes avec un accordéon. Un mariage surprenant mais très efficace en raison des folles nuits parisiennes. # écrit le 01/07/19
| -nous sommes sous le charme... 8/10 " Hiroshima mon amour " d'après le scénario écrit par Marguerite Duras pour le film d'Alain Resnais s'arrête pour une courte série de représentations au théâtre des Bouffes Parisiens, adapté et mis en scène par Bertrand Marcos : une déchirante histoire d'amour portée jusqu'au bout des cils par Fanny Ardant. Dans la pénombre apparaît lentement, avec un pas hésitant, une femme vêtue de noir sur la musique d'Astor Piazzolla qui appelle au rêve, au songe : Oblivion. Musique que je ne me lasse pas d'écouter dans la version du CD de Camille Berthollet, au violon, accompagnée de Gautier Capuçon au violoncelle. Une musique fil conducteur qui sera plus tard interprétée dans une version piano. Fanny Ardant c'est d'abord une voix et un phrasé particuliers, reconnaissables entre tous. Quoi de rêver mieux que de l'écouter dire avec sobriété le texte de Marguerite Duras, nous raconter ses histoires d'Amour sur fond de guerre, l'une brûlante d'un souvenir impérissable et l'autre l'éphémère d'une rencontre de quelques heures. # écrit le 01/07/19
| -à voir 8/10 " Nous les humains " écrit et interprété par Maryvonne Beaune au théâtre Le point virgule est une récréation climatisée sur une fin du monde annoncée...6ème extinction de masse, après la disparition des dinosaures bien sûr ! Pour son seule en scène Maryvonne Beaune frappe fort ! Depuis l'automne 2016, où plus de 5.000 spectateurs se sont pressés pour venir assister à son show sur l'extinction de la race humaine d'ici quelques dizaines d'années dans divers théâtres, elle harangue désormais la foule du Point Virgule pour nous faire prendre conscience de l'état de la planète, dans lequel nous humains l'avons mise. Rassurez-vous tout de suite, ce n'est pas une conférence avec un professeur émérite de faculté, bien que sa solide formation universitaire pourrait le lui accorder, mais une réflexion qui pourrait nous permettre de dédramatiser la situation sous l'effet d'un gaz appelé " Rire ". # écrit le 27/06/19
| -à ne pas manquer Cinq de coeur dans " Oh la belle vie ! " au théâtre de Paris, salle Réjane, dans une mise en scène de Philippe Lelièvre est un pur moment de folie musicale délirant mais maîtrisé. Pendant 1h30, a cappella, nos cinq artistes, chanteurs, comédiens vont nous faire voyager dans l'univers de la chanson sur des rythmes endiablés. Des artistes qui savent ce que chanter veut dire, des artistes qui savent respirer et qui mettent au service de ce spectacle musical tous leurs talents. C'est impressionnant de précision et la mise en scène n'est pas en reste, mettant en valeur leurs virtuosités. " Oh la belle vie ! " comme le chantait Sacha Distel met en joie nos esprits par cette chaleur accablante, mais heureusement dans une salle climatisée. Un quintette comme on pourrait le nommer, composé d'une gamme de voix qui se bousculent, qui se complètent, qui se chamaillent, qui nous font rire, formées à la dure école du classique. Un groupe vocal qui n'en est pas à son coup d'essai mais que je découvre avec un plaisir non dissimulé. # écrit le 26/06/19
| -à voir 8/10 " L'étrange affaire Emilie Artois " d'Emma Baudoux et Lucas Andrieu dans une mise en scène de Damien Dufour au théâtre de la Contrescarpe est une pièce policière aux multiples rebondissements totalement surprenants. Ce qui pourrait être une banale conversation dans un commissariat de police par un jeune inspecteur fraîchement sorti de son école, devient au fur et à mesure de la progression de l'interrogatoire une histoire fantastique, comme un certain Pierre Bellemare aurait assurément aimé la conter. L'inspecteur de police Alexandre Leclerc a convoqué Emilie Artois, une jeune femme bien sous tous rapports, tout du moins ce qu'elle présente, au sujet d'un vol de carte bleue. Vol que son petit ami a notifié à la police en portant plainte : est-elle coupable ou est-elle la victime ? Vient-elle pour soulager sa conscience ? Toute l'intrigue, dont évidemment je ne peux pas souffler mot au risque que vous demandiez ma tête, repose sur cette interrogation. # écrit le 24/06/19
| -à ne pas manquer 8/10 " Homme encadré sur fond blanc " de et avec Pierric Tenthorey au théâtre Tristan Bernard est une pause poétique dans un monde clos. Imaginez-vous enfermé dans une pièce à la blancheur immaculée, aux portes closes, et où repose un cube capricieux, il y a de quoi avoir des angoisses. A cent lieux de l'affiche du spectacle apaisante qui appelle à la méditation. Pierric, pour les intimes, va en faire la rude expérience, il n'aura qu'un seul but : s'échapper de ce qui rapidement peut devenir un enfer, et l'enfer ce n'est pas les autres... Un enfer qui est tout de même constitué de deux portes avec des poignées récalcitrantes, des portes qui semblent vouloir rester définitivement closes. Il va falloir toute l'incroyable agilité de Pierric pour tenter, par moult expériences, de s'évader. Seulement il y a un petit problème, quand il semble avoir touché au but, c'est le trou noir, et sa tentative recommence de zéro à chaque fois jusqu'à l'épuisement. Pour les cinéphiles cela n'est pas sans rappeler le film " Un jour sans fin " ou plus récemment pour les théâtreux " Hier est un autre jour ! " avec Daniel Russo et Gérard Loussine. Une situation qui peut faire rêver mais qui est en réalité très angoissante. # écrit le 14/06/19
| -à voir 8/10 " Feu le père de Monsieur " de Georgette Feydeau au Café de la Gare dans une mise en scène d'Odile Huleux est une version très joyeuse de " Feu la mère de Madame " écrite par son frère jumeau Georges Feydeau ! Une excellente idée que cette version inversée de la célèbre pièce de Georges Feydeau où l'humour et le ridicule gardent leurs places de choix. Tout y est respecté, le texte, les didascalies, les entrées, les sorties, l'accent alsacien de la bonne devenue valet de chambre, seules quelques chansons viennent agrémenter cette variante à la façon Labiche et un décor " descriptif " de Virginie Otte et Philippe Rony avec une porte aux roulettes voyageuses. Quoi de plus naturel pour un Feydeau admiratif d'un Labiche qui l'encouragea lors de son premier succès " Tailleur pour dames " en 1886. Ce " Feu la mère de Madame " fut créé en 1908, une petite merveille de scène de ménage pendante à son autre succès " Occupe-toi d'Amélie " créé la même année. Tout le monde connaît l'histoire, dans cette version, Lucienne partie s'encanailler au bal des Quat'z'Arts, habillée en reine Louise XIV, revient à son domicile éméchée pour retrouver son lit, mais elle a oublié ses clefs et doit réveiller son mari Yvon...s'ensuit alors une scène de ménage des plus connues et des plus drôles. # écrit le 11/06/19
| -à ne pas manquer 9/10 " Opérapiécé " de et avec Aurore Bouston et Marion Lépine au théâtre Essaïon dans une mise en scène de William Mesguich est une folie musicale qui décoiffe et met à l'honneur la musique classique. Décidément ce théâtre Essaïon a une programmation qui va de pépite en pépite. Après Denise jardinière vous invite chez elle, Anatomie de la joie et Voyage dans les mémoires d'un fou, c'est une très belle découverte que cet Opérapiécé même si sa carrière est déjà longue. Opérapiécé construit comme un patchwork, où les morceaux de musique classique sont raccommodés avec des chansons de variété. Les grands " tubes " des deux parties s'assemblent allègrement pour donner un spectacle complètement loufoque. # écrit le 10/06/19
| -à voir 8/10 "Comment j'ai dressé un escargot sur tes seins" de Matéi Visniec au théâtre Le Bout dans une mise en scène de Rémi Cotta est une opération à coeur ouvert d'un amour surréaliste. Tel un aventurier Miguel-Ange Sarmiento apparaît sur scène à la conquête de son amour. Dans un texte emprunt de drôlerie, de douceur, à la limite du burlesque, l'auteur nous guide dans son imaginaire ; un imaginaire qui nous donne le sourire tout au long du récit. Un coeur qui au premier abord pourrait être un organe singulier devient un être à part entière. Il se pose sur la table et exprime sa passion pour l'être aimé. Il sort de son confort pour se mettre à nu et séduire sa belle. la suite sur : lebilletdebruno.com # écrit le 01/06/19
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