Menelas

Théâtre contemporain: Pour en finir

-Inspiré
Florent Pâque est bien inspiré. Dans une mise en scène dont il est l'auteur, acteur principal d'une pièce dont la clé ne se trouve pas en elle-même mais au dehors, il arbore une apparence christique, endroit dont l'envers est un bain effrayant de cruauté. C'est d'abord le sentiment, l'irréalité de sentir la folie qui frappe et met profondément mal à l'aise. L'acteur dans la parfaite maîtrise de son jeu restitue à la perfection cette image de la folie, celle qui est en lui et que nous avons tous en nous. Et cette image effraie et met mal à l'aise. Il faut dire que le cadre y est, le ton, les tics qui défigurent, le corps déchiré par les douleurs, la gestuelle de l'ire, les hurlements et même, en certains moments, les rires d'un public exorcisant ses angoisses. Car ensuite et comme s'insinuant dans l'esprit de celui qui assiste au spectacle, finit par éclater l'évidence de la folie du siècle qui a vu vivre et souffrir Antonin Artaud. Endroit qui progressivement émerge de cet envers si perturbant. La bascule alors se produit. Car si l'artiste nomme le monde, c'est sa folie qu'il nomme lorsque ce dernier est devenu fou. Ce n'est pas la folie d'un homme qui est mis en scène au Lavoir moderne, c'est celle du monde. Et, le soir venu, Florian Pâque rappelle à ceux qui veulent bien l'entendre que la folie de ce siècle-là n'est peut-être pas absente du siècle d'aujourd'hui... C'est la raison pour laquelle il faut aller voir " Pour en finir " de Florian Pâque.
# écrit le 13/05/19