Tezlat

Théâtre classique: Dom Juan

-Un délice théâtral
Voilà fort longtemps que je n'étais allé au théâtre, mais la pièce vue ce dimanche m'y a redonné goût ! Que dire de ces jeux d'acteurs ! A la fois empreints de légèreté par de l'humour bien dosé, et d'un sérieux grave et tragique, souligné par un subtil jeu de lumières augmentant l'immersion. J'en ai ri aux éclats, et j'en ai versé quelques larmes. Nous avons là un Sganarelle si touchant, aux mimiques faciales qui en diront souvent bien plus que ses mots, à la fois dominé et rebelle, et qui fait passer tant d'émotions, jusqu'à sa tragique tirade finale. La soeur de Dom Juan est interprété par celle même qui joue Don Carlos, et dans les deux rôles elle incarne avec brio la noblesse et la droiture, l'attachement à des valeurs du genre chevaleresques, pour l'honneur de sa famille ou pour l'honneur de sa soeur. Celui qui incarne Don Alonse joue plusieurs personnages très variés, chacun dans un style différent, et on peut ainsi voir l'acteur aussi bien faire le paysan illétré que le noble vengeur ou le comptable abusé, tantôt inflexible tantôt luttant contre la flatterie, tantôt épris de vengeance, chaque rôle joué avec brio. Done Elvire est jouée avec tant d'intensité, une froide noblesse, qu'on ne saurait être insensible, lorsqu'elle lui propose à son ancien amant repentance dans une dernière tentative de le sauver d'une funeste destinée. Ce rôle de femme humiliée, répudiée, se voit joué avec une telle justesse, une telle prestance,une telle force ! Les autres rôles ne sont pas en reste, et je ne les détaille pas afin d'éviter de rallonger encore ce commentaire, mais vous invite à les découvrir ! Les jeux de scènes finement calculés, savamment chorégraphiés, sont drôles et terrifiants à voir ! La manipulation de Monsieur Dimanche, le duel des deux amantes, la peur inspirée par la prieuse tiraillée entre sa dévotion et sa faim, et bien d'autres ! Quant au rôle principal, il brille par sa prestance, sa voix puissante qui domine ses pairs, cette élégance diabolique, ce charisme, cette voix puissante, il sait en imposer, mais aussi avoir le bon mot et les douces attentions lorsqu'il s'agit de charmer nouvelle conquête. Ce regard détaché, cette effronterie sans borne lorsqu'on lui parle repentance, et cette mise en abîme lorsqu'il joue un rôle dans un rôle en feignant de s'être converti, pour mieux braver les cieux et ne laisser ni homme ni dieux lui dicter sa conduite. Chaque acteur impressionne par son jeu, et par ses échanges avec les autres, tant dans les silences mesurés que les scènes plus mouvementées. Pas une seconde nous ne sommes frappés par l'ennui,Les émotions des personnages parviennent à nous pénétrer en tant que spectateur. Il était fort plaisant de redécouvrir et se remémorer ce classique que je n'avais point lu depuis le lycée, et que j'eus aimé voir interprétée de la sorte lorsque j'étudiais la pièce, je ne l'aurais que bien mieux comprise. De quoi redonner l'envie de fréquenter les théâtres, et de revoir cette même troupe dans d'autres pièces !
# écrit le 20/11/19